À l’échelle mondiale, quelque 181 millions d’enfants de moins de 5 ans - soit un sur quatre - vivent dans une situation de pauvreté alimentaire sévère, laquelle leur fait courir un risque 50% supérieur de souffrir d’émaciation, soit une forme potentiellement mortelle de malnutrition, indique un nouveau rapport publié mercredi soir par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Le rapport analyse pour la première fois dans près de 100 pays les causes et les conséquences des privations nutritionnelles chez les jeunes enfants, toutes tranches de revenu confondues. Le document alerte sur le fait que des millions d’enfants de moins de 5 ans sont dans l’incapacité de consommer, faute d’y avoir accès, les aliments nutritifs et diversifiés dont ils ont besoin pour grandir et se développer de manière optimale.
Ainsi, quatre enfants concernés sur cinq ne consomment que du lait maternel/des produits laitiers et/ou des féculents tels que le riz, le maïs ou le blé. Moins de 10 % mangent des fruits et des légumes, et moins de 5 % consomment des aliments riches en nutriments tels que les œufs, le poisson, la volaille ou la viande rouge.
9 enfants sur 10 dans une « pauvreté alimentaire sévère » à Gaza
« Les enfants en situation de pauvreté alimentaire sévère vivent au bord de l’abîme. Aujourd’hui, cette réalité touche des millions de jeunes enfants dont elle menace à long terme et de manière irréversible la croissance et le développement cérébral, voire la survie », a déclaré Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF.
Dans la bande de Gaza, des mois d’hostilités et de restrictions de l’aide humanitaire ont entraîné l’effondrement des systèmes alimentaire et de santé, avec des conséquences catastrophiques pour les enfants et leurs familles.
Neuf enfants sur dix vivent dans une « pauvreté alimentaire sévère » dans la bande de Gaza, alerte l’Unicef dans un rapport publié mercredi soir, se basant sur cinq séries de récoltes de données faites par SMS entre décembre et avril auprès de familles bénéficiaires d’un programme d’aide financière dans le territoire palestinien.
Si ces données ne sont pas nécessairement représentatives, elles illustrent toutefois la détérioration catastrophique de la situation depuis 2020, où 13 % des enfants vivaient dans cette situation, selon l’agence onusienne.
Alerte en Somalie
Plus globalement, le rapport souligne que, alors que certains pays ne sont pas encore remis des retombées socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, les effets conjugués de la multiplication des inégalités, des conflits et de la crise climatique ont engendré une hausse sans précédent du prix des denrées alimentaires et du coût de la vie.
À l’échelle mondiale, 20 pays concentrent à eux seuls 65% des 181 millions d’enfants vivant dans une situation de pauvreté alimentaire sévère. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne abritent respectivement environ 64 millions et 59 millions d’enfants concernés.
En Somalie, pays en proie à un conflit mais aussi à la sécheresse et aux inondations, 63 % des enfants sont en situation de pauvreté alimentaire sévère, tandis que dans les communautés les plus vulnérables, plus de 80 % des personnes s’occupant d’enfants ont déclaré avoir déjà dû priver ces derniers de nourriture pendant une journée entière.
Outre la Somalie, la situation est également préoccupante en Guinée (54 % des enfants de moins de 5 ans touchés), en Guinée-Bissau (53 %) ou en Afghanistan (49 %).
Des progrès notables notés au Burkina Faso
Plus largement, le rapport note que près de la moitié (46%) des enfants en situation de pauvreté alimentaire sévère sont issus de ménages à revenu faible. Les 54% d’enfants restants (soit 97 millions) sont issus de ménages plus aisés, chez lesquels la pauvreté alimentaire durant la petite enfance résulte d’un environnement alimentaire inadéquat et de mauvaises pratiques nutritionnelles.
Plusieurs facteurs sont à l’œuvre dans cette crise de la pauvreté alimentaire de l’enfant, notamment la défaillance des systèmes alimentaires qui ne parviennent pas à fournir aux enfants des solutions nutritives, saines et accessibles, l’impossibilité financière des familles à se procurer des aliments nutritifs et l’incapacité des parents à adopter durablement des pratiques positives en matière d’alimentation des enfants.
Dans le même temps, divers pays ont enregistré des progrès notables. À titre d’exemple, la prévalence de la pauvreté alimentaire sévère de l’enfant a diminué de moitié au Burkina Faso, passant de 67 % en 2010 à 32 % en 2021, ainsi qu’au Népal où elle s’établissait à 8 % en 2022 (contre 20 % en 2011).
Au Pérou, ce taux se maintient au-dessous de 5 % depuis 2014, malgré une longue période de récession économique, tandis qu’au Rwanda, il était descendu à 12 % en 2020 alors qu’il atteignait 20 % en 2010.
Transformer les systèmes alimentaires
Pour mettre fin à cette situation, l’UNICEF appelle l’ensemble des acteurs concernés à prendre de toute urgence des mesures visant à transformer les systèmes alimentaires pour faire en sorte que les aliments nutritifs, diversifiés et sains soient financièrement abordables.
Cela passe également par une mobilisation des systèmes de santé pour fournir des services nutritionnels essentiels afin de prévenir et traiter la malnutrition durant la petite enfance ainsi que par une activation des systèmes de protection sociale pour remédier à la pauvreté monétaire, conclut l’organisation humanitaire onusienne.
L’Agence onusienne appelle aussi les gouvernements, les donateurs et les partenaires financiers à soutenir le Fonds pour la nutrition de l’enfant et à accorder la priorité à des politiques et à des pratiques durables en vue de mettre fin à la pauvreté alimentaire sévère et à la malnutrition de l’enfant.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2024/06/1146216