Les élèves atteints d’albinisme continuent de subir, à des degrés divers, des actes de harcèlement ou des injures dans les établissements scolaires, partout dans le monde, a alerté mercredi une experte indépendante onusienne lors de la présentation de son rapport devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Muluka-Anne Miti-Drummond a souligné qu’elle était arrivée à cette conclusion « au regard des preuves accablantes contenues dans les informations transmises ».
Dans ce rapport sur le droit à l’éducation des personnes atteintes d’albinisme, l’Experte indépendante sur les droits des personnes atteintes d’albinisme indique que les enfants atteints d’albinisme sont souvent victimes de moqueries, de brimades et d’exclusion, non seulement de la part de leurs camarades, mais aussi de la société au sens large.
Parfois, les parents dissuadent leurs enfants d’avoir des contacts avec des enfants atteints d’albinisme.
Brimades de la part d’éducateurs
« De tels comportements, qui sont courants, créent un environnement dans lequel ces enfants sont marginalisés, non seulement dans le cadre scolaire, mais également dans les interactions sociales plus larges, perpétuant ainsi le cycle de la discrimination et de l’exclusion », a décrit Mme Miti-Drummond.
Si les actes de harcèlement ont généralement lieu entre élèves, il arrive que les enseignants fassent également des commentaires déplacés, se moquent des troubles de la vision d’un élève ou s’en prennent à un élève qui a davantage besoin d’être aidé. Il est fait état, dans plusieurs communications, de situations dans lesquelles, en Allemagne, au Brésil, en France, au Malawi, aux Philippines, au Royaume-Uni et en Zambie, des élèves qui avaient demandé de l’aide avaient été l’objet de quolibets de la part d’enseignants ou de camarades.
Dépression, isolement et anxiété
D’une manière générale, le harcèlement peut être axé en particulier sur les cheveux, la couleur de peau ou les mouvements oculaires des personnes atteintes d’albinisme.
« Lors de la table ronde organisée au Royaume-Uni, une participante a raconté que d’autres étudiants lui avaient brûlé la nuque avec des cigarettes parce qu’elle avait, selon eux, les « yeux du diable », a détaillé l’Experte indépendante.
Or les actes de harcèlement et les injures peuvent causer des problèmes psychologiques à long terme, notamment de dépression, d’isolement et d’anxiété, dont les jeunes enfants atteints d’albinisme peuvent pâtir tout au long de leur scolarité, et même après.
L’albinisme est une affection génétique rare et non contagieuse, dont la prévalence varie au sein de la population mondiale, indépendamment de la race ou de l’origine ethnique. Sa forme la plus courante, l’albinisme oculocutané dont la prévalence varie d’une région à l’autre. Mais elle est plus élevée en Afrique, où le taux moyen est d’environ 1 cas pour 4.000 personnes. En revanche, en Europe, elle est trois fois moins élevée, puisqu’elle ne concerne en moyenne, selon les estimations, que 1 personne sur 13.000.
Plus largement, les obstacles à l’accès à l’éducation ne sont pas seulement évidents en Afrique ou dans les pays à faible revenu, mais dans toutes les régions du monde, quel que soit le PIB de l’État. Ce qui semble différer dans certains cas, c’est la manifestation de cet obstacle.
Brimades endémiques dans bon nombre de régions
Il s’agit notamment de l’exclusion des programmes scolaires, des sports et de l’enseignement supérieur ; de l’absence d’aménagements raisonnables, y compris d’appareils d’assistance, ou de difficultés à les obtenir. Parmi les autres défis, les enfants atteints d’albinisme peuvent avoir des difficultés à se rendre à l’école en raison de l’inaccessibilité des systèmes de transport, de la peur des agressions ou de la crainte d’une exposition brutale au soleil sans protection appropriée de la peau.
L’Experte a fait état « d’une stigmatisation et d’une discrimination omniprésentes et de brimades endémiques - qui semblent exister dans bon nombre des régions » qu’elle a examinées.
Sensibilisation des éducateurs
Face à ces cas de discrimination et de harcèlement, certains pays ont expressément prévu dans leur législation sur le handicap des dispositions visant à inclure les élèves atteints d’albinisme dans les écoles ordinaires. Par exemple, au Ghana, les dispositions de la loi sur les personnes handicapées couvre les personnes atteintes d’albinisme.
Dans ses recommandations, l’Experte fournit également des exemples de bonnes pratiques mises en place par les États et les organisations de la société civile.
Il s’agit notamment de la sensibilisation des éducateurs aux besoins des personnes atteintes d’albinisme ; d’aménagements raisonnables en classe et pendant les examens, y compris du temps supplémentaire pour les apprenants atteints d’albinisme ; de campagnes visant à minimiser le risque de cancer de la peau pour les apprenants.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2024/03/1143787