Environ 11.000 enfants de moins de trois ans sont admis en urgence à l'hôpital pour asthme chaque année, tandis que 28.000 le sont pour des bronchiolites.
Les jeunes enfants vivant dans deux catégories de familles - les plus riches et les plus modestes - sont les plus exposés, en France, aux particules fines. Les premiers habitent plus souvent dans les grandes villes, où se concentre la pollution atmosphérique, tandis que les ménages les plus pauvres vivent dans les lieux les plus pollués de ces zones urbaines, relève une étude publiée jeudi par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) au ministère de la Santé.
Mais tous ces enfants ne sont pas égaux face aux conséquences de cette exposition aux particules, montre l’étude. Selon la Drees, 10% des enfants concentrent l'essentiel des effets sanitaires détectables en cas de hausse de la pollution. Les bébés des familles modestes sont les plus vulnérables, notamment parce que leur état de santé général à la naissance est moins bon. Ils ont par exemple plus de risque de présenter un faible poids à la naissance et de venir au monde prématurément, deux facteurs favorisant la survenue de pathologies respiratoires.
Pics de pollution
Indépendamment de ces constats, le fait d'être exposé, durant la première année de vie, à des pics de pollution augmente le risque d'hospitalisation en urgence pour bronchiolite et pour asthme, ainsi que la consommation de médicaments antiasthmatiques. Les scientifiques montrent ce phénomène au moyen d'une analyse semi-expérimentale prenant en compte l'inversion thermique, un phénomène météorologique ayant pour conséquence l'accumulation des polluants atmosphériques (particules fines, mais aussi dioxyde d'azote et monoxyde de carbone).
Environ 11.000 enfants de moins de trois ans sont admis en urgence à l'hôpital pour asthme chaque année; 28.000 le sont pour des bronchiolites. La Drees en déduit qu'environ 2.000 hospitalisations pour bronchiolites et 1.800 hospitalisations pour asthme, ainsi que 6.100 délivrances de médicaments antiasthmatiques, pourraient être évitées en préservant «les enfants de moins de 1 an d'une quinzaine de jours d'augmentation importante de leur exposition aux principaux polluants atmosphériques».
Les conséquences de la pollution de l'air sur les admissions aux urgences pour bronchiolite sont particulièrement marquées en région parisienne. Mais les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution vivent aussi dans des villes de moins de 200.000 habitants, suggérant que «même dans des zones où les niveaux d'exposition sont plus faibles, les variations de pollution de l'air engendrent des effets néfastes». Autre hypothèse faite par les chercheurs: une surexposition de fond à la pollution pourrait fragiliser les voies respiratoires à long terme et les rendre plus sensibles à des pics ponctuels. Cela expliquerait pourquoi les enfants des familles les plus aisées sont légèrement surreprésentés (avec ceux des familles modestes) dans le groupe des enfants les plus affectés par la pollution.
Source: Le Figaro