Vous avez pris votre enfant en flagrant délit de mensonge ? Il ment de plus en plus, et cela vous inquiète ? Nos expertes Candice Anzel, coach parental et familial et Anne Gatecel, psychologue clinicienne, nous éclairent sur l'attitude à adopter quand un enfant ment.
Pourquoi mon enfant ment ?
"J'ai pas cassé le jouet", "J'ai jamais dit ça"... Les petits mensonges de votre enfant s'accumulent et en tant que parents, vous commencer à vous inquiéter. Votre enfant vous raconte des histoires et vous le savez, mais comment réagir ? Dans un premier temps, il faut comprendre pourquoi il ment et quel est son but. Bien que cela préoccupe souvent les parents, mentir, déformer la réalité ou l’amplifier fait partie d’une phase normale dans le développement de l’enfant. D'après Anne Gatecel psychologue clinicienne : "Des expériences ont été faites pour montrer que le mensonge apparait dans toutes les civilisations vers 3-4 ans. Le mensonge va de pair avec l’altérité et la culpabilité." Les jeunes enfants peuvent inventer des histoires fantastiques par nature, explorant ainsi leur imagination et développant leur créativité. Le mensonge peut être une manifestation de cette capacité imaginative en pleine croissance. Avant l'âge de sept ans, il n'a pas complètement conscience de la distinction entre réalité et fiction. Il est important pour les parents de reconnaître que le mensonge chez les enfants fait partie intégrante de leur développement.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles votre enfant va vous mentir :
Il est en quête d'attention de ses copains ou de ses parents,
Il éprouve le désir de se valoriser, de se mettre en avant et de se rassurer.
Il arrive parfois qu'il prétende avoir accompli une tâche, telle que les devoirs, afin d'éviter d'être dérangé.
Le mensonge peut être perçu par l'enfant comme une échappatoire à une éventuelle punition, ou encore une façon d'améliorer une réalité qu'il trouve peut-être fade.
Comment identifier quand votre enfant ment ?
Certains signes peuvent vous mettre sur la piste que votre enfant ment : lorsqu'il cherche à éviter le contact visuel, qu'il refuse de regarder directement dans les yeux, préférant détourner le regard ou fuir. Des signes supplémentaires de malaise peuvent inclure le clignement fréquent des yeux, suggérant une difficulté à gérer ses émotions.
D'autres comportements non-verbaux révélateurs peuvent comprendre des gestes tels que se toucher le visage, se mordiller les lèvres ou les lécher de manière répétée, ainsi que des signes physiques comme des narines dilatées. Le corps peut également exprimer cette gêne par le biais de gestes tels que se gratter fréquemment, en particulier sur les bras et le crâne, ou en agitant les mains sans motif apparent.
En situation d'interaction, il peut être observé que l'enfant a du mal à rester assis sur une chaise, ressentant le besoin constant de bouger pour formuler ses réponses. Le ton de sa voix peut devenir plus aigu, variant sur plusieurs tons pour répondre à une question posée. De plus, il peut adopter des stratégies verbales telles que la répétition de la question pour gagner du temps et réfléchir à sa réponse, ou encore à l'évitement direct en donnant des réponses détournées ou évasives. Ces comportements non-verbaux et verbaux reflètent souvent un malaise émotionnel ou une difficulté à communiquer de manière directe.
Que faire quand mon enfant ment tout le temps ?
Plutôt que de condamner systématiquement le mensonge, il peut être plus constructif d'encourager la communication ouverte, où chacun peut s'exprimer librement sans crainte de jugement, l'empathie et l'enseignement des valeurs morales pour aider les enfants à comprendre qu’ils mentent. Diaboliser le mensonge n’est pas la chose à faire. Mieux vaut favoriser la confiance en montrant que l'on a foi en l'enfant et en valorisant ses opinions pour réduire la probabilité de l'usage du mensonge. Adopter une approche bienveillante plutôt que celle de la confrontation est essentiel. Poser des questions de manière indirecte, sans pression, encourage l'enfant à partager la vérité. L'utilisation d'un ton neutre, lorsqu'on aborde le sujet du mensonge, contribue également à créer un environnement propice à la communication.
Pour Anne Gatecel, les parents doivent avant tout montrer l'exemple : "Tout d’abord il ne faut pas que les adultes mentent aux enfants, ceux-ci perdront toute confiance en eux surtout si ce sont ses parents. Bien sûr on ne peut pas tout dire à un enfant, surtout de façon brutale, mais on peut lui parler simplement : par exemple la mort d’un proche, la séparation des parents… La création d'un rituel, un moment privilégié entre parent et enfant, renforce les liens et établit une relation saine et fondée sur la confiance. "Offrir chaque soir un temps d’échange avec son enfant est important : qu’est-ce qu’il a bien aimé dans sa journée et qu’est-ce qu’il n’a pas aimé ? Si l’enfant prend l’habitude de se raconter et s’il sent qu’il est entendu, il viendra spontanément parler de ses problèmes. Lui dire qu’on lui fait confiance mais le prévenir que s’il ne joue pas le jeu nous perdrons confiance en lui ce qui est très dommage."
Pour illustrer de manière détournée avec un peu de distance les conséquences du mensonge, "Vous pouvez raconter des histoires. Comme "Le garçon qui criait au loup" ou "Les aventures de Pinocchio", "Pierre et le loup", ou encore l'anecdote de George Washington et le cerisier, qui peuvent aider à souligner l'importance de la vérité. Cela crée une compréhension plus profonde des conséquences des mensonges tout en évitant de susciter la défensive chez l'enfant." propose Candice Anzel, coach parental et familial.
Si le mensonge devient une préoccupation, il est important d'observer les besoins non comblés de l'enfant et d'y répondre. Le punir n'arrangera pas les choses. Communiquer régulièrement sur les émotions et les ressentis, sont des éléments clé pour instaurer une atmosphère de confiance. En ce qui concerne les questions spécifiques, il est possible d'inciter l'enfant à dire la vérité en exprimant sa compréhension de ses craintes, par exemple en demandant : "Tu n'oses pas me dire la vérité, car tu as peur de te faire disputer ?" Faire semblant de croire à son histoire tout en montrant un certain étonnement peut également être une stratégie constructive.
"Dites lui que vous aimeriez comprendre avec lui pourquoi il vous a menti et comment faire pour que ça ne se reproduise pas. Surtout ne pas être humiliant, ni agressif, cela ne donnera pas envie à l’enfant d’échanger avec vous, il sera dans la crainte. Pour maintenir une relation saine il faut du respect de part et d’autre même s’il s’agit d’une relation asymétrique." conseille Anne Gatecel.
"Si votre enfant de plus de 5-6 ans ment très régulièrement, à vous et à d’autres personnes alors cela devient problématique surtout si ses mensonges ont des conséquences pour lui ou les autres et qu’ils s’installent dans le temps. Dans ce cas-là ne pas hésiter à consulter un professionnel pour comprendre les raisons de ces mensonges et accompagner votre enfant", explique Candice Anzel. "Lorsque ces mensonges répétés amènent l’enfant à perdre pied dans la réalité, à ne plus être avec ses camarades, à s’isoler, à avoir des comportements agressifs envers lui-même ou envers les autres, lorsque vous ne pouvez plus échanger avec lui, alors il est nécessaire d’aller consulter même si l’enfant montre une certaine résistance vis-à-vis de ce type de démarche." complète Anne Gatecel.
Source: magic maman
https://www.magicmaman.com/comment-reagir-quand-son-enfant-ment,3761927.asp