De nouvelles attaques et perturbations des services de santé et de nutrition au Soudan pourraient coûter la vie à plus de 10.000 jeunes enfants d’ici la fin de 2023, ont alerté mercredi deux agences des Nations Unies.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de nouvelles perturbations du système de santé entraîneront un nombre inacceptable de décès évitables parmi les enfants et les populations vulnérables.
« Il est urgent d’agir pour préserver les systèmes de santé du Soudan, en particulier au niveau des communautés et des soins de santé primaires », ont mis en garde les deux agences onusiennes.
« Les soins de santé primaires sont hors de portée de millions de Soudanais à un moment où ils en ont le plus besoin », a déclaré le Dr Nima Saeed Abid, Représentant de l’OMS au Soudan. « Le moment est venu de mettre fin aux attaques contre les soins de santé, de garantir un accès sûr et sans entrave, et d’allouer des ressources suffisantes aux opérations de santé. En fin de compte, c’est la paix qui est la solution ».
Au moins 10.000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir
D’autant qu’après 6 mois de conflit au Soudan, des millions d’enfants sont exposés au choléra, à la dengue, à la rougeole, au paludisme et à d’autres maladies, faute de capacités de confinement suffisantes.
« Faute d’accès à la nourriture, à l’eau potable, à un environnement propre et sain, aux soins de santé et à de nombreux services de base, le risque de décès dû à des complications à la naissance, à une vaccination insuffisante, à des épidémies et à la malnutrition augmente rapidement », ont indiqué l’OMS et l’UNICEF.
Bien qu’il n’y ait pas suffisamment de données pour les vérifier, des projections de l’Université Johns Hopkins indiquent qu’au moins 10.000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir d’ici la fin de 2023 en raison de l’augmentation de l’insécurité alimentaire et des perturbations des services essentiels depuis que le conflit a éclaté au Soudan. C’est plus de 20 fois le nombre officiel d’enfants de tous âges tués par les combats.
De plus, le nombre de familles souffrant de la faim a presque doublé. 700 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère et 100.000 enfants ont besoin d’un traitement vital pour une malnutrition aiguë accompagnée de complications médicales.
70 % des hôpitaux des États touchés par le conflit pas fonctionnels
Le ministère fédéral de la Santé a annoncé le 26 septembre une épidémie de choléra dans l’État de Gedaref, puis, le 7 octobre, dans les États de Khartoum et du Kordofan méridional. Des cas suspects sont également signalés dans l’État de Gezira.
Le choléra a déjà tué 65 personnes, dont de nombreux enfants, sur les 1.310 cas recensés dans les quatre États, et qui, si elle n’est pas rapidement enrayée, fera de nombreuses autres victimes. Les autorités sanitaires des États ont également signalé 4.296 cas suspects de rougeole et 108 décès, 4.307 cas suspects de dengue et 16 décès. Elles font état de plus de 710.000 cas de paludisme dont une trentaine de décès.
Dans le même temps, les travailleurs de la santé ne sont plus payés depuis des mois et les établissements de santé sont occupés, pillés ou détruits. Environ 70 % des hôpitaux des États touchés par le conflit ne sont pas fonctionnels.
L’OMS a vérifié 58 attaques contre les soins de santé à ce jour, qui ont fait 31 morts et 38 blessés parmi les travailleurs de la santé et les patients.
2,5 millions d’enfants nouvellement déplacés
En plus des combats en cours à Khartoum, au Darfour et au Kordofan, la saison des pluies limite encore davantage l’accès aux communautés vulnérables, tout en créant un espace propice à la propagation des maladies transmises par l’eau et les vecteurs.
Des millions de familles sont prises au milieu des combats et plus de 5,8 millions de personnes, dont 2,5 millions d’enfants, sont nouvellement déplacées. Avec plus de 7,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays - dont 4,5 millions depuis le début du conflit - le Soudan compte désormais le plus grand nombre de personnes déplacées au monde.
Face à cette situation, l’OMS et l’UNICEF s’efforcent de faire en sorte que les personnes déplacées et les autres populations vulnérables aient accès aux soins de santé primaires, aux fournitures médicales vitales et à l’alimentation. « La prestation de services de santé et de nutrition pour les mères, les nouveau-nés et les enfants, qui est vitale dans un pays où près de 14 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, a été décimée dans certaines zones », a déclaré Mandeep O’Brien, Représentante de l’UNICEF au Soudan.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2023/10/1139772