La crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) dévaste la vie de millions de personnes et met le système de santé au bord du gouffre, a alerté vendredi l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète de la hausse de la violence due aux conflits armés et aux affrontements intercommunautaires, avec des villages entiers réduits en cendres, mais aussi des déplacements forcés, laissant des millions de personnes dans des conditions précaires, sans abri, sans nourriture et sans moyens de survie.
Des inondations et des glissements de terrain dévastateurs entravent encore davantage l’acheminement de l’aide. « Tous ces facteurs augmentent le risque d’épidémies mortelles de rougeole, de choléra, de malaria, de COVID-19, de polio, de méningite, de variole et de peste », a détaillé depuis la capitale congolaise, Kinshasa et lors d’un point de presse à Genève, Dr Boureima Hama Sambo, Représentant de l’OMS.
Depuis le début de l’année 2023 et jusqu’au 10 septembre, l’OMS a ainsi recensé plus de 29.000 cas suspects de choléra dans les six provinces de l’est de la RDC, dont 121 décès, contre un peu plus de 5.000 l’année dernière pour la même période.
Près de 126.000 cas de rougeole
Dans le même temps, tous les deux ou trois ans, des épidémies de rougeole touchent des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants en RDC. L’épidémie la plus importante a été enregistrée en 2019, avec plus de 300.000 cas suspects signalés, dont plus de 6.000 décès. Le manque d’accès aux vaccins et aux services de vaccination exacerbe la situation.
Depuis le début de l’année et au 10 septembre, près de 126.000 cas de rougeole ont été signalés dans les six provinces de l’Est, avec 2.169 décès, contre 15.000 l’année dernière et 166 décès à la même période. Face à cette situation, l’OMS a récemment achevé une campagne de vaccination dans la province d’Ituri, qui a touché plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans, soit une couverture vaccinale de 88%. D’autres campagnes de vaccination suivront dans d’autres provinces, notamment au Kasaï et à Mai-Ndombe.
Ces défis sanitaires interviennent dans des zones impactées par la violence, qui entrave la fourniture de services de santé sur le terrain. Les installations sanitaires sont incendiées, les travailleurs de la santé sont tués et font face à des menaces physiques et psychologiques constantes, les fournitures sont pillées.
Plus de 7 millions de personnes ont besoin d’une aide sanitaire
« Ces attaques entraînent une interruption partielle ou totale de la fourniture de soins de santé dans les zones touchées », a ajouté le Dr. Sambo. Depuis le début de l’année, l’OMS a vérifié 19 attaques contre les infrastructures de santé, causant 8 morts et 1 blessé, 16 ayant un impact sur les établissements de santé. En 2022, l’OMS avait recensé 32 attaques, causant 3 morts et 7 blessés.
Alors que la situation se détériore et quelque 6,3 millions de personnes ont été déplacées au cours des 18 derniers mois dans l’est de la RDC, dont un million ont été forcées de fuir au cours des six derniers mois, 7,4 millions de personnes ont besoin d’une aide sanitaire en RDC.
Depuis l’intensification de la réponse des Nations Unies, plus de 2,7 millions de personnes ont été touchées pendant la période d’intensification, de juin à août, par les partenaires du groupe sectoriel de la santé, sous la direction de l’OMS. De son côté, l’OMS a ainsi livré 15 tonnes de fournitures pour le traitement du choléra au Nord-Kivu et envoyé des équipes d’intervention rapide sur le terrain pour désinfecter les centres de santé et les foyers.
« Mais la RDC ne doit pas être oubliée. Nous avons plus que jamais besoin du soutien de nos donateurs et de nos partenaires pour continuer à fournir ces services de santé indispensables à la population de la RDC », a plaidé le Représentant de l’OMS, relevant que l’appel de fonds de son organisation n’est financée qu’à hauteur de 14% à ce jour, soit un déficit de près de 27 millions de dollars.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2023/09/1138912