Les infections invasives à méningocoques sont en hausse en France. En cas de symptômes, il faut consulter en urgence.
En 2022, Santé publique France tirait la sonnette d’alarme en identifiant deux foyers de contamination de méningites à méningocoques: l’un en région Auvergne-Rhône-Alpes (Chambéry et Lyon), l’autre à Strasbourg. D’une manière générale, comme le détaille Anne-Sophie Barret, épidémiologiste à Santé publique France en charge de la surveillance nationale des infections invasives à méningocoques, on a détecté une recrudescence à la fin de l’année 2022 avec un nombre important de cas à l’échelle du territoire.
Ce niveau s’est maintenu au premier trimestre 2023. «Nous avons détecté 323 cas et 36 décès l’année dernière, soit une létalité de 10 à 11 %, ce qui souligne la gravité de la maladie qui peut rapidement évoluer vers des formes très graves», alerte la spécialiste. La surveillance épidémiologique se poursuit, sur la base des cas qui sont remontés de manière obligatoire aux agences régionales de santé. Au moment où nous écrivons ces lignes (mai 2023), il n’y a pas de foyer particulier.
Au-delà des symptômes très graves nécessitant une prise en charge urgente, les méningites à méningocoques peuvent causer de lourdes séquelles. Catherine Weil-Olivier, professeur honoraire de pédiatrie à l’université Paris-Cité a montré, dans une étude scientifique, qu’un quart des malades présentait des séquelles: problèmes neurologiques, déficit moteur, surdité, voire amputation des membres inférieurs et/ou supérieurs quand ils sont nécrosés.
Une maladie qui reste rare
Le plus grand nombre de cas d’infections invasives à méningocoques est dû à quatre sérogroupes appelés B, Y W et C. Il s’agit de la même bactérie (Neisseria meningitidis), mais qui n’exprime pas les mêmes antigènes (des protéines) à sa surface. La réponse immunitaire n’est donc pas la même selon ces groupes, c’est pourquoi des vaccins différents existent. La vaccination contre le sérogroupe C est obligatoire dans le calendrier vaccinal du nourrisson. Celle contre le B est recommandée. Un vaccin tétravalent existe et pourrait être étudié prochainement par la Haute Autorité de santé dans le cadre des discussions sur la stratégie de vaccination contre les méningocoques.
Anne-Sophie Barret rappelle les symptômes qui doivent alerter et conduire à une consultation médicale en urgence: une fièvre très élevée et d’apparition brutale, des vomissements, des céphalées et une raideur dans la nuque. D’autres formes cliniques très sévères peuvent survenir comme le purpura fulminans caractérisé par l’apparition et l’extension de taches rouge foncé/violacé sur la peau.
Si cette maladie est très grave, rappelons qu’elle est heureusement rare et que des mesures de prévention existent. La première étant la vaccination qui protège nourrissons et jeunes enfants. Lorsqu’un cas est déclaré, les personnes ayant été en contact avec le malade vont être traitées par antibiotique en prévention du risque. Si un foyer est détecté, des campagnes de vaccination préventive peuvent être menées sous l’égide des pouvoirs publics, c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé en Auvergne-Rhône-Alpes et à Strasbourg où les personnes à risque ont été vaccinées.
Source: Le Figaro