Les Nations Unies ont appelé vendredi à la mobilisation pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de ce fléau et du coup d’envoi de la campagne annuelle de 16 jours d’activisme.
« La violence sexiste à l'égard des femmes et des filles est l'une des pires manifestations de discrimination à l'égard des femmes et reste la violation des droits humains la plus répandue dans le monde, affectant plus d'une femme sur trois, un chiffre qui est resté largement inchangé au cours de la dernière décennie », ont souligné, dans une déclaration conjointe, une dizaine d’entités des Nations Unies, dont ONU Femmes et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
Selon les dernières estimations, plus de cinq femmes ou filles sont tuées chaque heure par un membre de leur propre famille.
« Les urgences mondiales, les crises et les conflits ont encore intensifié cette violence et exacerbé les moteurs et les facteurs de risque. Depuis le début de la COVID-19, 45% des femmes ont déclaré qu'elles-mêmes ou une femme qu'elles connaissent avaient subi une forme de violence », ajoute la déclaration, qui note également que dans un contexte d'expansion rapide de la numérisation, la violence en ligne contre les femmes et les filles exacerbe les formes de violence existantes et conduit à l'émergence de nouvelles.
La déclaration note aussi que les mouvements antiféministes sont en hausse, que les attaques contre les femmes défenseures des droits humains et les activistes sont en hausse, et que le statut juridique des droits des femmes est de plus en plus menacé dans de nombreux pays.
Dans ce contexte, « mettre fin aux violences sexuelles et sexistes peut sembler inimaginable, mais ce n'est pas le cas ». « Des réductions à grande échelle de la violence à l'égard des femmes peuvent être obtenues grâce à un activisme et un plaidoyer féministes intensifs associés à des actions et à des investissements multisectoriels fondés sur des preuves et des pratiques », déclarent les entités onusiennes.
16 jours d’activisme
En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le coup d’envoi de la campagne annuelle de « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » a été donné. Cette campagne se poursuit jusqu’à la Journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre.
Dirigée par la société civile, la campagne « Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes d’ici à 2030 » est soutenue par les Nations Unies à l’initiative de son Secrétaire général.
À l’occasion de cette campagne « 16 jours d’activisme », l’ONU encourage tous les acteurs à s’impliquer : depuis l’amplification des voix des survivantes et des activistes jusqu’à l’appui des organisations de femmes et le renforcement des mouvements féministes.
Risque pour les femmes et les filles déracinées
De son côté, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué que la détérioration de la situation socio-économique, les conflits nouveaux et en cours et le manque de financement humanitaire augmentent le risque de violence basée sur le genre pour les femmes et les jeunes filles déracinées.
« La combinaison de plusieurs facteurs - les conflits, le changement climatique, la montée en flèche des prix et les répercussions de la guerre en Ukraine - a un effet dévastateur sur les personnes déracinées. Cette situation est ressentie partout dans le monde, et les femmes et les jeunes filles sont particulièrement concernées », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
De nombreux réfugiés et personnes déplacées internes ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins essentiels, en raison de l’inflation des prix et de l’insuffisance de l’aide humanitaire, conséquence de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et du manque de financement.
Les femmes et les jeunes filles déracinées sont souvent les plus vulnérables face à ces difficultés, en raison de la perte de leurs moyens de subsistance, de l’interruption de leurs systèmes de protection communautaires et, comme c’est souvent le cas, de leur exclusion du secteur éducatif et des autres dispositifs nationaux de protection sociale. Face aux pénuries alimentaires et à la flambée des prix, de nombreuses femmes et jeunes filles sont contraintes d’avoir recours à des mesures radicales pour survivre.
« L’épargne étant épuisée, beaucoup sautent des repas, les enfants sont obligés de travailler au lieu d’aller à l’école et certaines n’ont d’autre choix que d’avoir recours à la mendicité ou à la prostitution pour survivre. Un trop grand nombre d’entre elles sont confrontées à des risques accrus d’exploitation, de traite, de mariage précoce et de violence conjugale », a déclaré Filippo Grandi.
Dans le cadre des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes, le HCR demande instamment aux donateurs de soutenir la prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre et de maintenir le financement des programmes humanitaires essentiels pour que les réfugiées et les autres personnes déracinées puissent faire face à leurs besoins fondamentaux.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/11/1130147