Europe de l’Est et Asie centrale : 4 millions d’enfants plongés dans la pauvreté

mar, 10/18/2022 - 18:27 -- siteadmin

La guerre en Ukraine et la hausse du coût de la vie qui en découle ont plongé des millions d’enfants supplémentaires dans la pauvreté en Europe orientale et en Asie centrale ces derniers mois, a indiqué lundi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Au total, quatre millions d’enfants supplémentaires ont été plongés dans la pauvreté dans ces deux régions du monde. Cela représente une augmentation de 19% depuis 2021, d’après une nouvelle étude de l'UNICEF, qui relève que les enfants supportent le plus lourd fardeau de la crise économique causée par le conflit ukrainien.

Alors que les enfants représentent 25% de la population, ils comptent pour près de 40% des 10,6 millions de personnes supplémentaires en situation de pauvreté cette année.

L’UNICEF met en garde contre les effets en cascade qu’induit l’augmentation de la pauvreté des enfants et qui pourraient se traduire par une forte hausse des abandons scolaires et de la mortalité infantile.

Les enfants fortement touchés en Russie et en Ukraine

L’étude révèle que les enfants sont les premiers à subir les conséquences de la crise économique provoquée par la guerre en Ukraine.

« Au-delà des horreurs évidentes de la guerre – la mort et les blessures d’enfants, les déplacements massifs – les conséquences économiques de la guerre en Ukraine ont un impact dévastateur sur les enfants de cette région », a déclaré dans un communiqué, Afshan Khan, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale.

Avec 2,8 millions d’enfants supplémentaires issus de ménages vivant sous le seuil de pauvreté, la Fédération de Russie concentre près des trois quarts de l’augmentation totale du nombre d’enfants vivant dans la pauvreté. Selon l’UNICEF, cette augmentation s’explique par la guerre en Ukraine et la hausse du coût de la vie dans la région.

De son côté, l’Ukraine abrite un demi-million d’enfants supplémentaires vivant dans la pauvreté, ce qui classe Kyïv deuxième, avec 110.000 enfants supplémentaires, note l’étude.

Sur le terrain, les conséquences de la pauvreté infantile dépassent largement le seul cadre des difficultés financières des familles. Car plus une famille est pauvre, plus la part de son revenu consacrée aux produits de première nécessité tels que la nourriture et le carburant est importante, détaille le rapport.

L’augmentation de la pauvreté infantile pourrait entraîner la mort de 4.500 enfants supplémentaires

Et lorsque le coût des produits de base s’envole, l’argent disponible pour d’autres besoins tels que la santé et l’éducation diminue. Il s’ensuit que les enfants les plus pauvres ont moins de chances d’accéder aux services essentiels et sont plus exposés à la violence, à l’exploitation et aux abus, explique l’UNICEF.

« Les enfants de toute la région sont emportés dans le terrible sillage de cette guerre. Si nous ne soutenons pas ces enfants et ces familles maintenant, la forte augmentation de la pauvreté infantile se traduira très certainement par la perte de vies, de connaissances et de perspectives », a affirmé Mme Khan.

De plus, l’augmentation de la pauvreté infantile en Europe orientale et en Asie centrale pourrait entraîner la mort de 4.500 enfants supplémentaires avant leur premier anniversaire et engendrer des déficits d’apprentissage chez 117.000 enfants supplémentaires en décrochage scolaire pour la seule année 2022, prévient l’UNICEF.

L’UNICEF défend l’aide sociale à la place de l’austérité

Pour réduire une « transmission intergénérationnelle de la pauvreté », l’UNICEF appelle à un soutien continu pour renforcer les systèmes de protection sociale dans les pays à revenu élevé et intermédiaire d’Europe de l’Est et d’Asie centrale.

« Nous devons protéger et étendre l’aide sociale aux familles vulnérables avant que la situation n’empire », a fait valoir Mme Khan, rappelant que « les mesures d’austérité feront surtout du tort aux enfants, en plongeant encore plus d’enfants dans la pauvreté et en rendant la situation plus difficile pour les familles qui ont déjà du mal à s’en sortir ».

L’étude présente un cadre permettant de réduire le nombre d’enfants vivant dans la pauvreté et d’éviter que davantage de familles ne basculent dans la détresse financière. Pour cela, elle préconise de fournir des allocations monétaires universelles pour les enfants et assurer un revenu minimum garanti.

Il s’agit également d’étendre les prestations d’aide sociale à toutes les familles avec enfants dans le besoin, mais aussi maintenir les dépenses sociales, en particulier pour les enfants et les familles les plus vulnérables. « Il faut introduire une réglementation des prix des produits alimentaires de base pour les familles », a conclu l’étude de l’UNICEF.

Source : ONU Info

https://news.un.org/fr/story/2022/10/1128897