Un rapport publié par l’Unicef a montré le ralentissement des progrès qui avaient été accomplis au Liban en vue de garantir les droits fondamentaux des enfants : santé, éducation, divertissement... Trois années de crises dévastatrices successives ont entraîné les enfants et leurs familles dans un cycle de pauvreté qui a nui à leur santé, à leur bien-être et à leur éducation, et a conduit à la déstabilisation des relations familiales.
Le représentant de l’Unicef au Liban Edouard Beigbeder a expliqué, au cours d’une conférence de presse en présence de la représentante adjointe de l’Unicef Ettie Higgins, les tenants et les aboutissants de l’étude menée à ce sujet. « Le ralentissement des progrès est essentiellement dû à la grave crise économique qui a coïncidé avec la pandémie de Covid-19. Le chômage conséquent plonge des milliers de familles dans la pauvreté multidimensionnelle: un concept de pauvreté basé sur de nombreuses dimensions de privation qui a gravement affecté leur capacité à subvenir aux besoins essentiels de leurs enfants. »
Il a ajouté : « Le rapport est issu d’une étude menée par l’Unicef sur la pauvreté des enfants basée sur une évaluation rapide, ce qui a montré que les enfants sont pleinement conscients de l’impact de la crise sur leur vie et leurs aspirations. Leurs rêves d’un avenir meilleur au Liban se sont évanouis et ils estiment que l’expatriation est le seul espoir. La combinaison de divers types et formes de privation, l’exposition constante aux effets de la grave crise économique et la perte d’espoir ont eu un fort impact sur la santé mentale des enfants, qui sont dans l’impossibilité, dans la plupart des cas, d’avoir accès aux soins dont ils ont besoin. »
Toujours en se basant sur l’étude, Edouard Beigbeder poursuit : « Parallèlement, les enfants se sentent frustrés après avoir perdu confiance en leurs parents pour leur incapacité à répondre à leurs besoins fondamentaux, ce qui entraîne à son tour une augmentation des tensions au sein des familles. Les relations traditionnelles et normales entre un enfant et ses parents sont mises en danger, surtout à cause du fait que les parents, se retrouvant au chômage, envoient leurs enfants travailler. » Et le nombre de ces cas augmentent considérablement. « Ce phénomène fragilise ces relations et fait que les tensions dans les familles sont croissantes, tensions renforcées par la forte division des opinions au sein de la société. Ce qui conduit à un taux élevé de violence dans les foyers et les écoles et ce qui rend les quartiers et les rue moins sûrs. L’espace de jeux des enfants se retrouve ainsi très réduit. Les filles sont en particulier grandement affectées, car leur liberté de sortir est plus restreinte par crainte de harcèlement. »
Edouard Beigbeder estime que « la crise multidimensionnelle affecte la vie des enfants dans tous ses aspects, car ils grandissent sans nourriture adéquate et sans soins de santé appropriés, surtout qu’ils sont obligés, dans de nombreux cas, de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Des réformes sérieuses et décisives sont nécessaires pour protéger l’avenir des enfants, et le gouvernement doit mettre en œuvre des mesures de protection, des services sociaux d’urgence (…) Certains des résultats de l’évaluation rapide centrée sur l’enfant de l’Unicef ont montré ce qui suit : 84 % des familles n’ont pas assez d’argent pour subvenir aux nécessités basiques de la vie, 38 % des familles ont réduit leurs dépenses d’éducation par rapport à 26 % en avril 2021. Et elles ont réduit de 60 % les dépenses en soins de santé, contre 42 % en avril 2022. 70 % des familles paient actuellement la nourriture en accumulant des factures impayées ou en empruntant directement... ».
Il a conclu en affirmant que « faire face aux effets multidimensionnels de la crise sur la vie de l’enfant nécessite une réponse multidimensionnelle basée sur le renforcement du système de protection sociale au Liban, ce qui garantirait la protection des droits fondamentaux des enfants vulnérables. Cela signifie accroître l’accès aux services sociaux, élargir la portée de l’assistance sociale et fournir des allocations sociales aux familles les plus vulnérables ».
Source: L’Orient Le Jour