Les preuves de crimes contre l’humanité s’aggravent au Myanmar, les femmes et les enfants étant gravement touchés, a indiqué mardi un Mécanisme d’enquête de l’ONU, relevant que ces crimes constituent une « attaque généralisée contre la population civile »
Selon ce rapport annuel des experts indépendants onusiens, il existe un nombre croissant de preuves selon lesquelles des crimes contre l’humanité sont commis dans ce pays depuis le coup d’État. « De nombreux éléments indiquent que depuis la prise du pouvoir par les militaires en février 2021, des crimes ont été commis à une échelle et d’une manière qui constituent une attaque généralisée et systématique contre une population civile », détaille le document.
La nature de la criminalité potentielle s’étend également. Il s’agit notamment de l’exécution de quatre personnes par l’armée du Myanmar le 25 juillet 2022, qui a eu lieu après l’élaboration du rapport. «Les auteurs de ces crimes doivent savoir qu’ils ne peuvent continuer à agir en toute impunité. Nous recueillons et préservons les preuves afin qu’ils soient un jour tenus de rendre des comptes», a déclaré dans un communiqué, Nicholas Koumjian, Chef du Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU pour le Myanmar.
Des viols et des crimes contre les enfants perpétrés par des membres des forces de sécurité et des groupes armés
Dans son rapport annuel, le Mécanisme onusien d’enquête indépendant souligne que les femmes et les enfants sont particulièrement visés. « Les crimes contre l’humanité continuent d’être commis de manière systématique au Myanmar, et les conflits en cours ont de graves répercussions sur les femmes et les enfants », a souligné le Mécanisme.
«Les crimes contre les femmes et les enfants font partie des crimes internationaux les plus graves, mais ils sont aussi historiquement peu signalés et font l’objet d’enquêtes insuffisantes », a ajouté M. Koumjian, relevant disposer de l’expertise nécessaire pour assurer une sensibilisation et des enquêtes ciblées afin que ces crimes puissent être poursuivis.
Selon les informations dont disposent les enquêteurs de l’ONU, « des crimes sexuels et fondés sur le genre, notamment des viols et d’autres formes de violence sexuelle, ainsi que des crimes contre les enfants ont été perpétrés par des membres des forces de sécurité et des groupes armés ».
Des enfants torturés, enrôlés et détenus arbitrairement
Selon le rapport, des enfants ont été torturés, enrôlés et détenus arbitrairement, y compris en tant que mandataires de leurs parents. « « Les auteurs de ces crimes doivent savoir qu’ils ne peuvent continuer à agir en toute impunité. Nous recueillons et préservons les preuves afin qu’ils soient un jour amenés à rendre des comptes », a alerté le Chef du Mécanisme.
Créé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en septembre 2018, ce mécanisme d’enquête a pour but de recueillir des preuves sur les crimes les plus graves en vue d’éventuelles procédures pénales.
Il a recueilli plus de trois millions d’informations provenant de près de 200 sources depuis le début de ses activités il y a trois ans, indique le rapport. Il s’agit notamment de déclarations d’entretiens, de documents, de vidéos, de photographies, d’images géospatiales et de matériel provenant des médias sociaux.
Le défi de la reddition des comptes pour dissuader de nouvelles atrocités
Le rapport est publié deux semaines avant la commémoration du cinquième anniversaire des opérations de déminage qui ont entraîné le déplacement de près d’un million de Rohingyas. La plupart des Rohingyas qui ont été déportés ou déplacés de force à cette époque se trouvent toujours dans des camps de réfugiés ou de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
« Alors que les Rohingyas expriment constamment leur désir d’un retour sûr et digne au Myanmar, cela sera très difficile à réaliser s’il n’y a pas de responsabilité pour les atrocités commises à leur encontre, y compris par des poursuites des individus les plus responsables de ces crimes », a fait valoir M. Koumjian.
Avec le consentement de ses sources d’information, le Mécanisme partage des preuves pertinentes pour soutenir les procédures de justice internationale en cours à la Cour internationale de justice et à la Cour pénale internationale. « La détresse persistante des Rohingyas et la poursuite des violences au Myanmar illustrent le rôle important du Mécanisme pour faciliter la justice et la responsabilité et contribuer à dissuader de nouvelles atrocités », a conclu le chef des enquêteurs onusiens.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/08/1125112