Plus de quatre millions d’enfants, soit la moitié des enfants en âge d’être scolarisés au Myanmar, n’ont pas pu aller à l'école pendant deux années entières, a regretté mardi le Bureau humanitaire des Nations Unies. La situation les expose à un « risque beaucoup plus élevé de mécanismes d’adaptation délétères tels que le travail des enfants, la traite et le mariage précoce ».
Alors que la rentrée scolaire a démarré au début du mois, les réouvertures d’écoles et les tendances en matière d’inscription des élèves varient selon les différents États et régions.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la plupart des écoles formelles de Chin, Magway et Sagaing restent en grande partie fermées en raison d'infrastructures endommagées ou de leur occupation pour des usages non éducatifs.
Le manque d’enseignants demeure criant, tant dans les écoles que dans les filières d’éducation informelles. « Les éducateurs sont non seulement peu nombreux par rapport aux besoins, mais ils manquent aussi largement des compétences nécessaires pour soutenir des expériences d’enseignement et d’apprentissage efficaces », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport humanitaire consacré au Myanmar.
Des incitations mensuelles pour les éducateurs, ajustées à l’inflation galopante, sont absolument nécessaires, le manque d’incitations adéquates ayant largement contribué à des niveaux élevés d'abandon de poste.
Nouvelle possibilité d’accès des humanitaires, mais « modeste », dans le sud-est du pays
Davantage d’enfants recherchent aussi des services éducatifs alternatifs dans le cadre d'une éducation informelle, comme dans les centres d’apprentissage communautaires. Le matériel d’enseignement et d’apprentissage (travaux manuels, papeterie) demeure un besoin important pour toutes les classes d'âge, en particulier à Kachin et dans le sud-est.
Face à cette situation, les partenaires sont venus en aide au premier trimestre de cette année à plus de 28.500 enfants (2% de l’objectif total) avec des services d’éducation et de soutien. La moitié d’entre eux étaient des filles, et plus de 5.000 étaient des enfants déplacés.
Si ces chiffres sont loin des objectifs du plan de réponse humanitaire 2022, « ce nombre est probablement sous-estimé de plusieurs dizaines de milliers, car certains partenaires locaux n’ont pas encore rendu compte des activités dans des endroits plus difficiles d’accès et où les interventions sont récentes, comme dans l’État de Kayah et la région de Sagaing », a souligné l’agence onusienne.
Plus largement, les humanitaires continuent à fournir une aide vitale aux personnes les plus vulnérables malgré les difficultés d’accès et les financements limités. Des efforts concertés ont permis un nouvel accès, quoique modeste, au sud-est du pays.
Un accès élargi aux zones difficiles d’accès du sud-est et du nord-ouest (Chin, Sagaing et Magway) se fait toujours attendre.
Plus d’un million de civils déplacés par les violences dont 250.000 enfants
Cette bouffée d’oxygène intervient alors que l’inflation des prix des produits de base, y compris la nourriture, le carburant, les matériaux pour les abris et les produits non alimentaires, demeure une préoccupation majeure pour les partenaires humanitaires : « le Myanmar est particulièrement vulnérable aux hausses de prix étant donné sa forte dépendance à l’importation de produits », a rappelé l’OCHA.
Sur le plan sécuritaire, l’agence rappelle que les combats se sont « intensifiés dans de nombreux États et régions » du Myanmar, en particulier dans le sud-est et le nord-ouest, au cours de la période considérée, et « ne semblent pas vouloir s’apaiser ». Depuis la prise du pouvoir par les militaires, près de 2.000 civils auraient été tués au cours des hostilités et d’autres incidents mortels, notamment par des mines terrestres et des restes explosifs de guerre.
Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a également continué d'augmenter, malgré quelques retours. Selon l’ONU, le nombre estimé de personnes déplacées depuis la prise du pouvoir par les militaires a dépassé 758.000, dont plus de 250.000 enfants.
Ceci porte le nombre total de personnes déplacées à plus de 1.100.000.
Plus de 40.000 personnes se trouvent toujours dans les pays voisins depuis la prise du pouvoir. L’ONU estime que plus de 18.000 propriétés civiles, dont des maisons, des églises, des monastères et des écoles, ont été détruites pendant les hostilités, bien que ces chiffres soient difficiles à vérifier.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/06/1122712