Le Comité des droits de l’enfant s’est inquiété, jeudi à Genève, de la persistance de ce qu’il considère comme des « pratiques néfastes » à Djibouti, notamment l’excision et le mariage des enfants.
Les experts indépendants de l’ONU se sont dits profondément préoccupés par le fait que le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines restent très répandus dans ce pays de la Corne de l’Afrique. Selon le Comité, le mariage des enfants, en particulier des filles dans les zones rurales, reste très répandu dans l’État partie.
De plus, « les filles victimes de viol sont généralement obligées d’épouser leur agresseur pour les familles afin d’éviter la stigmatisation sociale », a dénoncé cet organe indépendant du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).
Face à la persistance de cette « pratique nuisible », le Comité a exhorté l’État partie à sensibiliser la population aux schémas traditionnels, culturels et religieux préjudiciables qui perpétuent le mariage d’enfants. Il s’agit ainsi de cibler les familles, les communautés, les autorités locales, les chefs religieux et les juges, en accordant une attention particulière aux zones rurales.
Mettre fin à la pratique consistant à forcer les victimes de viol à épouser leur agresseur
Les experts ont également demandé aux autorités djiboutiennes de prendre des mesures pour mettre fin à la pratique consistant à forcer les victimes de viol à épouser leur agresseur. A la place, l’Etat partie doit notamment « sanctionner l’auteur du viol comme le prévoit la loi ». Il s’agit aussi de mener des programmes éducatifs publics, tels que des campagnes et des débats publics, organisés en coopération avec les chefs religieux, les familles et les médias.
S’agissant des mutilations génitales féminines, les autorités ont été invitées à intensifier les mesures de prévention et de protection pour éliminer ces pratiques. L’objectif est de veiller à ce que les programmes de réadaptation et les informations soient facilement accessibles aux filles victimes et faire en sorte que les professionnels concernés soient suffisamment formés pour identifier les victimes potentielles et que les auteurs soient traduits en justice.
A noter que lors de l’examen du rapport les 12 et 13 mai dernier, la délégation djiboutienne avait rappelé que le mariage des mineurs de moins de 18 ans était formellement interdit. Exceptionnellement, un mineur émancipé âgé de plus de 16 ans peut être autorisé à se marier par un magistrat, avait d’autre part souligné la délégation, relevant que la réforme du code de la famille qui est en cours portera aussi sur cette question.
Entre recours à la justice et travail de sensibilisation
Le viol est considéré comme un crime à Djibouti, a par ailleurs rappelé la délégation, avant de souligner que les relations sexuelles entre mineurs consentants ne sont pas considérées comme un viol. Dans de nombreux cas, les professionnels du droit manquent d’expertise scientifique pour confirmer ou infirmer des accusations de viol, a ajouté la délégation.
S’agissant des mutilations génitales féminines à Djibouti, leur persistance s’explique par des raisons sociales et culturelles qui compliquent l’application de la loi, avait ensuite expliqué la délégation. Ces pratiques reflètent des inégalités entre les sexes profondément ancrées, ce qui rend leur éradication très difficiles.
Le gouvernement s’efforce de sensibiliser la population en insistant sur le fait que ces pratiques ne répondent pas à un motif religieux. La loi prévoit des peines de prison pour les auteurs de ces pratiques – une sanction qu’il est cependant difficile d’appliquer étant donné que les personnes concernées sont généralement des femmes âgées, avait fait remarquer la délégation.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/06/1121482