Près de 6,3 millions d’enfants âgés de 6 à 59 mois sont en risque de malnutrition aiguë cette année dans six pays du Sahel, mettant la vie d’au moins 900.000 enfants en danger, ont prévenu mercredi des agences onusiennes et des ONG internationales.
« Alors que les conflits, l’insécurité, les crises socio-économiques et les événements climatiques extrêmes récurrents dans la région continuent de détériorer et aggraver davantage la nutrition des enfants, nous devons modifier notre façon de travailler pour répondre à leurs besoins de manière durable », a déclaré la Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Marie-Pierre Poirier.
Ces chiffres, qui proviennent de la nouvelle publication du Groupe de travail sur la Nutrition en Afrique de l’Ouest et du Centre, représentent une hausse de 27% par rapport aux estimations de 2021 et de 62% par rapport à 2018. Il s’agit d’un niveau record pour la cinquième année consécutive.
Le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui risquent souffrir de malnutrition aiguë globale cette année n’a jamais été aussi élevé, signale le Groupe de travail, qui rassemble des agences des Nations Unies et des organisations non gouvernementales, dont ACF, ALIMA, Concern, PUI, Save the Children, UNICEF, PAM et OMS.
L’UNICEF veut s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition des enfants
Face à la forte hausse du nombre d’enfants malnutris au cours des dernières années dans la région, l’ONU et ses partenaires soulignent la nécessité d’agir urgemment non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour éviter que les enfants ne deviennent malnutris.
Le Groupe appelle donc les donateurs et partenaires à accroître de toute urgence leur soutien pour répondre aux besoins nutritionnels immédiats des enfants affectés tout en intensifiant les interventions préventives pour s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition des enfants.
« Le temps est venu de s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition des enfants dans la région, avec urgence et détermination », a ajouté Mme Poirier, relevant une intensification des efforts face aux « crises récurrentes » notées au cours de la dernière décennie.
Après la pandémie de Covid-19, les humanitaires redoutent l’impact du conflit ukrainien
L’insécurité et les événements climatiques défavorables aggravent encore davantage une situation déjà fragile et précaire et entraînent des déplacements massifs de populations. Fin 2021, plus de 2,5 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du Sahel central.
Aussi au cours des trois dernières années, la forte augmentation des attaques armées contre les communautés, les écoles, les centres de santé et d’autres institutions et infrastructures publiques a perturbé les moyens de subsistance et l’accès aux services sociaux.
En outre, la pandémie de Covid-19 continue d’avoir des effets néfastes sur les moyens de subsistance des ménages ainsi que sur les systèmes (alimentation, santé, éducation, protection sociale).
La crise en Ukraine pourrait entraîner une réduction prolongée des exportations alimentaires et augmenter le nombre de personnes sous-alimentées en Afrique subsaharienne, selon les estimations de la FAO.
Par ailleurs, les données sur la prévention de la malnutrition aigüe chez les enfants âgés de 6 à 23 mois et les femmes enceintes et allaitantes par l’alimentation complémentaire dans neuf pays de la région montrent qu’un financement urgent est également nécessaire pour assurer une réponse efficace et rapide.
Le besoin de financement total est de plus de 93 millions de dollars, avec un déficit de financement de 56 millions de dollars, dont 26 millions de dollars pour couvrir les besoins pendant la période de soudure de juin à septembre.
Pour le traitement de la malnutrition aigüe, le déficit de financement est de 35,5 millions de dollars pour la malnutrition aigüe modérée. En incluant le Nigeria, ce déficit est de 42 millions de dollars pour la malnutrition aigüe sévère, qui est la forme de malnutrition la plus mortelle.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/04/1117772