La hausse des prix des denrées alimentaires à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine augmente le risque de malnutrition de millions d’enfants au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a averti jeudi l'UNICEF, ajoutant que les familles ont du mal à mettre de la nourriture sur la table pendant le mois sacré musulman du Ramadan.
« Le nombre d’enfants souffrant de malnutrition est susceptible d’augmenter considérablement », a alerté dans un communiqué, Adele Khodr, Directrice régionale de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Six semaines après le début de la guerre en Ukraine, l’état nutritionnel fragile des enfants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord devrait s’aggraver. D’autant que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont été durement touchés par les guerres et la pauvreté.
Selon l’UNICEF, l’effet d’entraînement de la guerre qui se poursuit en Ukraine aggrave ainsi les conséquences de deux longues années de pandémie de Covid-19 sur les économies, l’emploi et la pauvreté dans la région.
« Avec les conflits en cours, l’instabilité politique, la pandémie et la crise ukrainienne, la région connaît des hausses sans précédent des prix des denrées alimentaires associées à un faible pouvoir d’achat », a ajouté Mme Khodr.
Impact de la guerre ukrainienne sur les enfants d’Égypte, Liban, Libye, Soudan, Syrie et Yémen
Le Yémen, le Soudan, le Liban et la Syrie sont désignés comme les pays les plus touchés par la guerre en Ukraine dans cette région. Dans ces quatre pays, plus de 9,1 millions d’enfants ont moins de 5 ans et un total de près de 13,8 millions d’enfants et de femmes ont besoin d’une aide nutritionnelle, selon l’UNICEF.
De nombreux pays ont déjà été confrontés à la malnutrition infantile, notamment en raison des conflits armés et des crises humanitaires en cours. Selon l’UNICEF, seuls 36% des jeunes enfants de la région reçoivent l’alimentation dont ils ont besoin pour grandir et se développer de manière saine.
La région connaît des taux élevés de dénutrition et de carences en micronutriments. En moyenne, près d’un enfant sur cinq souffre d’un retard de croissance ou est trop petit pour son âge, tandis que le nombre moyen d’enfants trop maigres pour leur taille est de 7%, selon le rapport.
Or sur le terrain, la perturbation des importations causée par le conflit crée des pénuries alimentaires dans un contexte de prix élevés des produits de base essentiels, notamment le blé, les huiles comestibles et le carburant. Selon le PAM, les prix de l’huile de cuisson ont augmenté de 36% au Yémen et de 39% en Syrie. Les prix de la farine de blé ont augmenté de 47% au Liban, de 15% en Libye et de 14% dans l’État de Palestine.
L’UNICEF a averti que si la situation se poursuivait, elle affecterait gravement les enfants de la région, en particulier en Égypte, au Liban, en Libye, au Soudan, en Syrie et au Yémen, des pays qui étaient aux prises avec des conflits et de graves crises économiques avant même le début de la guerre en Europe.
Les pays de la région importent plus de 90% de leurs aliments
En attendant, les taux de dénutrition sont plus élevés dans les pays de la région les plus touchés par la guerre en Ukraine. Au Yémen, 45% des enfants souffrent d’un retard de croissance et plus de 86 % sont anémiques. Au Soudan, 13 % des enfants souffrent d’émaciation, 36% présentent un retard de croissance et près de la moitié sont anémiques.
Au Liban, 94% des jeunes enfants ne reçoivent pas le régime alimentaire dont ils ont besoin. En Syrie, seul un jeune enfant sur quatre reçoit le régime alimentaire dont il a besoin pour grandir en bonne santé. Le prix du panier alimentaire moyen a presque doublé rien qu’en 2021.
L’Ukraine et la Russie représentent un tiers des exportations mondiales de blé et d’orge, sur lesquelles les pays du Moyen-Orient comptent pour nourrir des millions de personnes qui se nourrissent de pain subventionné et de nouilles bon marché. Or les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord importent plus de 90% des aliments qu’ils consomment.
Face à cette situation, l’UNICEF travaille avec ses partenaires pour fournir et développer des services de traitement vitaux pour les enfants souffrant d’émaciation sévère, en conjonction avec la détection précoce de cette maladie chez les enfants de moins de cinq ans. « La réponse nutritionnelle est essentielle pour prévenir une crise massive de malnutrition chez les enfants de la région », a fait valoir Mme Khodr.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/04/1117862