La crise libanaise oblige de plus en plus les jeunes à abandonner l'apprentissage et à s'engager dans un travail mal rémunéré, irrégulier et informel, juste pour survivre et aider à nourrir leurs familles, a déclaré l'UNICEF dans un rapport publié vendredi.
« La crise prive les adolescents et les jeunes de la stabilité qui est si importante à leur âge alors que cela devrait être le moment pour eux de se concentrer sur leur apprentissage, leurs rêves, leur avenir », a déclaré la Représentante par intérim du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) au Liban, Ettie Higgins.
Plus de 4 jeunes sur 10 au Liban ont réduit leurs dépenses d'éducation pour acheter de la nourriture de base, des médicaments et d'autres articles essentiels, et 3 sur 10 ont complètement arrêté leurs études, indique le rapport – Searching for Hope [En quête d’espoir].
« L'argent que nous recevons maintenant n'est plus suffisant. L'inflation est si élevée, et les revenus n'ont pas suivi. Chaque mois, nous devons choisir une priorité - loyer, médicaments, nourriture. Mais nous ne pouvons jamais tout avoir », a témoigné Haneen, qui a 17 ans.
Le taux d'inscription dans les établissements d'enseignement a chuté de 20%
Si aucune mesure n'est prise pour inverser les tendances actuelles, cette situation va s'aggraver et avoir de graves répercussions sur la croissance future et la cohésion sociale au Liban, a averti le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
L'abandon de l'éducation et de l'apprentissage peut gravement affecter les perspectives d'apprentissage et d'emploi des jeunes tout au long de leur vie, explique l’UNICEF.
Citant une évaluation rapide de l'UNICEF axée sur la jeunesse, le rapport indique également que :
• 31% des jeunes ne sont pas dans l'éducation, l'emploi ou la formation.
• Le taux d'inscription dans les établissements d'enseignement est passé de 60% en 2020-2021
à 43% pour l'année scolaire en cours.
Des perspectives d'avenir sombres
Alors que de plus en plus de jeunes sont contraints d'abandonner leurs études, ils se retrouvent souvent mal équipés pour concourir à des emplois de plus en plus rares et finissent fréquemment par accepter des emplois mal rémunérés dans le secteur informel.
« Mes perspectives d'avenir ici sont sombres. Pour la première fois de ma vie, je veux quitter mon pays, je veux quitter le Liban », a pour sa part déclare Hind, âgée de 22 ans.
Les jeunes actifs ont un revenu mensuel moyen d'environ 1.600.000 livres libanaises, soit l'équivalent d'environ 64 dollars au taux du marché noir. Ce chiffre est environ la moitié pour les jeunes Syriens au Liban, ce qui équivaut à un revenu quotidien d'environ 1 dollar par jour.
Aussi, sept sur dix jeunes étaient considérés comme sans emploi et sans source de revenus, n'ayant pas généré d'argent pour vivre au cours de la semaine précédant l'enquête.
Investir pour que les jeunes puissent contribuer à la stabilité et à la prospérité du Liban
La crise libanaise a également entraîné une augmentation d'autres mécanismes d'adaptation négatifs, outre la réduction des coûts de l'éducation.
Treize pour cent des familles ont envoyé leurs enfants de moins de 18 ans au travail comme stratégie d'adaptation et ce chiffre pourrait augmenter si la situation s'aggrave encore, estime l’UNICEF.
Près d'un jeune sur deux a réduit ses dépenses de santé, alors que seuls 6 sur 10 ont reçu des soins de santé primaires lorsqu'ils en ont eu besoin.
« Les jeunes au Liban ont un besoin urgent de soutien. Des investissements sont nécessaires pour que les préoccupations financières ne les empêchent pas d'obtenir l'éducation et les compétences dont ils ont besoin pour finalement trouver un travail décent et contribuer à la stabilité et à la prospérité du Liban », a exhorté Mme Higgins.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/01/1113142