L’Unicef pousse un cri d’alarme au Liban : le système hydraulique pourrait s’effondrer d’ici à 6 semaines

dim, 07/25/2021 - 15:06 -- siteadmin

Adham, un enfant de 11 ans, fait le trajet quatre fois par jours de sa maison vers la source d’eau du village Wadi Jamous, dans le caza du Akkar, pour remplir deux bidons de six litres chacun. En été, confie-t-il à l’Unicef, ils passent souvent plusieurs jours sans une seule goutte d’eau parce que le puits s’assèche. Pour Hassan, 12 ans, « voir de l’eau qui coule du robinet n’est pas une chose acquise ».

Dans un Liban en pleine crise financière et économique, l’accès aux services de base devient de plus en plus difficile, notamment pour les populations vulnérables. C’est contre le manque d’accès à l’eau que l’Unicef tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport rendu public hier et intitulé « Assèchement : le système hydraulique du Liban au bord de l’effondrement », l’agence onusienne a averti que « si des mesures immédiates ne sont pas prises », quatre millions de personnes au Liban, dont un million de réfugiés, seront privées d’accès à l’eau.

Selon ce rapport, basé sur une collecte de données fournies par les différents offices des eaux du Liban entre mai et juin de l’année en cours, les systèmes hydrauliques du pays fonctionnent de manière non durable en raison de la crise économique qui sévit dans le pays. « Les black-out et l’alimentation erratique en courant électrique menacent la capacité des systèmes hydrauliques à traiter, pomper et distribuer l’eau », lit-on dans le document. De plus, « les fournisseurs d’eau ne peuvent pas acheter les pièces de rechange nécessaires pour la maintenance ou du carburant pour les générateurs, d’autant qu’ils n’ont pas accès aux devises étrangères » en raison de l’effondrement de la monnaie, fait remarquer l’Unicef, précisant que depuis 2019, « la dévaluation de la livre a entraîné une augmentation des coûts d’approvisionnement en eau, de la mise en marche et de la maintenance du système, qui ont été multipliés par treize ».

Impact sur la santé publique

Au vu de la situation économique et du manque de financement, l’Unicef estime que « la plupart des pompages d’eau vont progressivement cesser dans tout le pays au cours des quatre à six prochaines semaines ». Le cas échéant, « le coût de l’eau va exploser, augmentant de 200 % par mois si l’on veut s’approvisionner auprès de fournisseurs privés », selon l’agence onusienne. Or de nombreux ménages vivant dans la précarité ne pourront pas supporter ce coût, « puisqu’il représente 263 % du revenu mensuel familial ».

L’Unicef rappelle dans ce cadre que quatre offices fournissent de l’eau à trois millions de personnes. Le restant de la population, au nombre de laquelle un million de réfugiés, s’approvisionne de différentes sources, comme les camions-citernes, le forage illégal de puits d’eau, ou encore les sources privées ou municipales. Depuis le début de la crise économique en 2020, les pourvoyeurs en eau ont assuré plus de 500 millions de litres par jour à 750 000 ménages et bureaux. « On estime toutefois que 40 % de l’eau produite est perdue en raison des fuites ou du stockage illégal », écrit-on dans le document.

Aussi, déplore l’Unicef, près de 1,7 million d’individus recevront-ils moins de 35 litres d’eau par jour, alors que la moyenne au Liban est de 165 litres par personne. « De plus, le manque de stockage de chlore dans les stations de distribution d’eau peut entraîner un risque de santé pour l’ensemble de la population », avertit l’Unicef, qui affirme que « l’effet défavorable immédiat » de cette situation sera au niveau de la santé publique. Ainsi, « l’hygiène sera compromise et le Liban verra une augmentation des maladies liées à la saison sèche ». De plus, « si elles n’ont pas accès à un assainissement sûr, les femmes et les jeunes filles feront face à des défis spécifiques liés à leurs hygiène personnelle, protection et dignité ».

Par ailleurs, le manque d’accès pendant une longue période à une eau salubre « pourrait entraîner une flambée de maladies transmises par l’eau, y compris des maladies éradiquées depuis longtemps, comme le choléra », met en garde l’Unicef. Cela aura également un impact sur les hôpitaux, les écoles et les centres de soins de santé primaires. Au-delà de la santé, l’effondrement du secteur de l’eau impactera également l’industrie et l’agriculture.

Source: L’orient Le Jour

https://www.lorientlejour.com/article/1269324/lunicef-pousse-un-cri-dalarme-le-systeme-hydraulique-pourrait-seffondrer-dici-a-6-semaines.html