En 2030, des milliards de personnes à travers le monde n’auront pas accès à des services d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène si les progrès actuels ne sont pas multipliés par quatre, indique un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
Le rapport du Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène intitulé « Progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène des ménages, 2000-2020 » présente des estimations sur l’accès des ménages au cours des cinq dernières années aux services d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène et évalue les progrès accomplis en vue d’atteindre le sixième Objectif de développement durable (ODD). Ce dernier consiste à « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable d’ici à 2030 ».
En 2020, environ une personne sur quatre n’avait pas accès à de l’eau potable à son domicile et près de la moitié de la population mondiale était privée de services d’assainissement.
En Afrique subsaharienne, seulement 54% des habitants de cette région utilisent de l’eau potable, une proportion qui chute à 25% dans les contextes fragiles.
La pandémie de Covid-19 a souligné le besoin urgent de donner à tout le monde la possibilité de se laver correctement les mains. Au début de la pandémie, trois personnes sur dix dans le monde ne disposaient d’aucune installation à domicile permettant de se laver les mains avec de l’eau et du savon.
« Se laver les mains est l’un des moyens les plus efficaces de prévenir la propagation de la Covid-19 et d’autres maladies infectieuses mais des millions de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à un approvisionnement fiable et sûr en eau », a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
Les progrès réalisés demeurent insuffisants
Le rapport souligne que certains progrès ont été accomplis en vue de parvenir à l’accès universel à des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) de base.
En effet, entre 2016 et 2020, la proportion de la population mondiale ayant accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité à domicile a augmenté, passant de 70% à 74% tandis que l’accès aux services d’assainissement gérés en toute sécurité est passé de 47% à 54% et l’accès aux installations permettant de se laver les mains avec de l’eau et du savon de 67% à 71%.
De plus, en 2020, pour la première fois, davantage de personnes ont utilisé des latrines à fosse, des fosses septiques et d'autres systèmes améliorés d'assainissement sur place pour contenir et traiter efficacement les déchets.
Pour maintenir les progrès, les deux agences des Nations Unies ont souligné la nécessité pour les gouvernements de soutenir de manière adéquate l'assainissement sur site géré de manière sûre, y compris les boues fécales.
Un besoin urgent d’investissement
Le rapport indique clairement que si les tendances actuelles se poursuivent, des milliards d’enfants et de familles resteront privés de services WASH essentiels et vitaux.
De noter que seulement 81% de la population mondiale auront accès à de l’eau potable à domicile, tandis qu’1,6 milliard de personnes en seront toujours privées ; seulement 67% disposeront de services d’assainissement sûrs, laissant de côté 2,8 milliards de personnes ; et seulement 78% auront accès à des installations de base de lavage des mains, quand 1,9 milliard de personnes en seront toujours dépourvues.
« Si nous voulons mettre fin à cette pandémie et établir des systèmes de santé plus résilients, investir dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène doit être une priorité mondiale », a insisté le Dr. Tedros.
Les inégalités prévalent
Le rapport signale également de profondes inégalités, les enfants et les familles vulnérables étant les plus durement touchés.
Pour parvenir d’ici à 2030 à l’accès universel à l’eau potable gérée en toute sécurité dans les pays les moins avancés, l’étude précise qu’il faudrait multiplier par dix les progrès réalisés. Mais dans les contextes fragiles, où le risque de manquer d’eau potable est deux fois plus élevé, ce taux devrait être multiplié par 23, indique le rapport.
« Avant la pandémie, des millions d’enfants et de familles manquaient déjà cruellement d’eau salubre, d’un assainissement sûr et d’un endroit où se laver les mains », a expliqué la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore. « Malgré les progrès remarquables réalisés à ce jour pour étendre ces services vitaux, les besoins, croissants et très préoccupants, restent supérieurs aux moyens dont nous disposons pour y répondre. Il est temps d’accélérer considérablement nos efforts pour répondre aux besoins les plus élémentaires de chaque enfant et de chaque famille en matière de santé et de bien-être, en leur permettant en particulier de combattre des maladies infectieuses comme la Covid-19 ».
Les femmes à l’honneur
Pour la première fois, le rapport présente également des données nationales émergentes sur la santé menstruelle.
Dans de nombreux pays, ces données montrent qu'une proportion importante de femmes et de filles ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins en matière de santé menstruelle. De plus, les disparités sont importantes parmi les groupes vulnérables, tels que les pauvres et les personnes handicapées.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2021/07/1099562