Human Rights Watch a appelé lundi les gouvernements des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena) à interdire la "discipline violente" vis-à-vis des enfants, une pratique courante dans la région qui manque cruellement de lois protégeant les plus jeunes des châtiments corporels.
Plus de 90% des enfants subissent une punition physique au moins une fois par mois en Egypte, au Maroc ou en Tunisie notamment, tandis que le taux le plus bas dans la région Mena (50%) est celui enregistré au Qatar, souligne HRW dans un rapport.
Dans une région où la moitié de la population a moins de 24 ans, la plupart des 19 pays cités ne disposent pas de législation interdisant le châtiment disciplinaire violent. Au contraire, certains pays disposent même de lois l'autorisant, selon l'ONG.
"Dans de nombreux pays de la région Mena, l'agression est un crime lorsque la victime est un adulte, mais elle est excusée comme s'il s'agissait d'un acte +éducatif+ lorsqu'il s'agit d'un enfant", observe Ahmed Benchemsi, directeur de la communication à HRW. Ils "méritent davantage, non pas moins, de protection face aux agressions, et des écoles qui soient des lieux sûrs pour apprendre", ajoute-t-il, soulignant que de telles punitions "entravent le développement heureux et sain des enfants".
HRW rappelle que la punition physique est interdite au regard du droit international et que tous les enfants ont le droit à l'éducation dans un environnement non violent. L'organisation appelle à ce que "cessent maintenant" les "violents châtiments" infligés aux enfants, affirmant que l'interdiction de ces pratiques serait "énormément bénéfique aux enfants mais aussi à leur sociétés". Pour ce faire, il est nécessaire d'avoir des lois interdisant le châtiment corporel et elles doivent être appliquées avec rigueur, affirme l'ONG.
Dans le monde, 62 pays ont déjà interdit le châtiment corporel et 27 autres se sont engagés à le faire. Dans la région Mena, seuls la Tunisie et Israël disposent d'une législation l'interdisant, relève l'ONG. D'autres, comme le Qatar, interdisent le châtiment corporel à l'école mais ne disposent pas de lois soutenant cette interdiction dans d'autres sphères. Enfin, certains pays comme le Maroc ne sanctionnent pas dans leurs textes législatifs la violence "disciplinaire", que ce soit à la maison ou à l'école.
HRW appelle aussi à des campagnes publiques d'information sur ces pratiques et sur la nécessité de former enseignants et parents à des méthodes de discipline non violentes.
Source : L’Orient-Le Jour