La pandémie du Covid-19 qui se poursuit depuis un an et l’apparition de nouveaux variants du coronavirus secouent le monde entier. Nombreuses sont les personnes qui se sentent fatiguées et qui vivent dans l’anxiété et le désarroi. Les enfants aussi.
Il est utile, dans ce contexte, de rappeler aux parents ainsi qu’aux enseignants les symptômes de la fatigue, surtout la conduite à tenir face à un enfant qui en souffre. Les écoles sont exposées actuellement à des systèmes d’enseignement en ligne appelés constamment à être modifiés selon l’évolution de la pandémie.
Il est à préciser que la fatigue, symptôme assez vague, est souvent un motif de consultation médicale. La fatigue est un phénomène physiologique qui survient à tous les âges jusqu’à l’adolescence. Dans la littérature scientifique, la fatigue est désignée comme étant une baisse des capacités ou des performances à la suite d’un effort physique ou mental, compensée par le repos et le sommeil. Certains auteurs parlent d’un vécu désagréable bloquant tout effort. Il s’agit dans ces cas de fatigabilité exigeant un bilan médical neuromusculaire. Alain Bourillon, pédiatre et auteur de plusieurs ouvrages de pédiatrie, définit la fatigue chronique comme un état « qui dure au-delà de six mois ».
L’âge de l’enfant conditionne l’expression somatique de la fatigue. Ainsi les signes cliniques manifestés lors de la fatigue vont différer selon l’âge, le développement psychomoteur et l’environnement parental, familial et même scolaire de l’enfant. En procédant à un interrogatoire détaillé des parents et à un examen clinique attentif de l’enfant, le médecin pourra éliminer, surtout chez les tout-petits, une origine organique ou pathologique de la fatigue (fièvre, douleurs surtout ostéomusculaires, anorexie ou amaigrissement, imposition mal tolérée par l’enfant de rythmes de vie (horaires fixes et rigides des repas, du sommeil et des jeux).
Chez le nourrisson fatigué, les parents noteront un trouble du comportement altérant le sommeil, l’activité, les repas et surtout la diminution de l’attention lors des jeux. Gardons toujours en tête la possibilité de fatigue en rapport avec des épisodes infectieux assez fréquents chez les nourrissons et les petits enfants.
À l’école maternelle, les éducateurs doivent se poser des questions face à des signes évocateurs comme le repli sur soi, l’isolement ou le calme, mais aussi face à des réactions inhabituelles aux stimulations surtout aux jeux. En section primaire, l’élève fatigué manifeste des maux de tête, des douleurs abdominales avec une tendance au sommeil. Cela se traduira par une baisse du rendement scolaire.
La fatigue de l’adolescent est un domaine assez fréquent, riche en expressions psychosomatiques qui nécessitent une considération et une évaluation globales. Il est important de prêter une attention particulière à la fatigue de l’adolescent, qui se manifeste notamment par un épuisement, une somnolence lors des cours, afin d’éviter que cette fatigue n’aboutisse à un échec scolaire.
Des symptômes qui laissent évoquer chez l’adolescent une dépression comme la tristesse, l’indifférence, le retrait social et l’ennui ne doivent pas être négligés et toute parole d’adolescent fatigué menaçant de vouloir mettre fin à sa vie doit être prise au sérieux et abordée sans retard avec un psychothérapeute spécialisé.
Quand la fatigue se prolonge, le médecin doit être obligatoirement consulté, d’autant que celle-ci peut être due à un virus, comme l’Epstein Barr qui est à l’origine de la mononucléose infectieuse connue aussi sous le nom de « maladie du baiser » ou kissing disease, à une maladie de la glande surrénale située sur le bord supérieur des reins ou encore très exceptionnellement à un cancer de l’enfant.
C’est dans l’entourage familial, à la garderie et à l’école que sont observés les premiers signes de fatigue susmentionnés. Il ne serait pas de trop de rappeler l’importance d’assurer une bonne formation du personnel chargé des soins et de l’éducation de l’enfant à tout âge avec une bonne connaissance des capacités physiques et surtout psychomotrices de ce dernier. C’est le principal moyen de pouvoir précocement dépister le moindre symptôme manifesté par l’enfant exposé à la fatigue.
Par Joseph RACHKIDI - pédiatre et membre du comité des maladies infectieuses au sein du ministère de la Santé
Source : L’Orient le Jour
https://www.lorientlejour.com/article/1248626/le-covid-19-et-la-fatigue-de-lenfant.html