L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a noté une explosion du nombre de surdiagnostics du cancer thyroïdien chez les enfants et les adolescents, entraînant de nombreux préjudices pour ces jeunes patients, qui se voient parfois suivis à vie « affectant sensiblement leur qualité de vie ».
« L’augmentation mondiale de l’incidence du cancer de la thyroïde chez les enfants et les adolescents pourrait être due à un surdiagnostic », souligne l’étude parue dans la revue The Lancet diabetes and endocrinology.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), branche de l’OMS, a en effet remarqué un accroissement inquiétant du nombre de surdiagnostics dans la tranche juvénile, qui serait probablement le principal facteur des augmentations de ce cancer.
Le CIRC explique que le surdiagnostic consiste du diagnostic de tumeurs et lésions cancéreuses peu susceptibles de provoquer des symptômes au cours de la vie d’une personne ou de provoquer sa mort.
Les tumeurs ont augmenté dans de nombreux pays ces dernières années
« Nous avons constaté que les caractéristiques épidémiologiques pertinentes du cancer de la thyroïde observé chez les enfants et les adolescents reflètent étroitement celles déjà observées chez les adultes, pour lesquelles il existe des preuves substantielles que le surdiagnostic joue un rôle majeur dans l’augmentation des taux d’incidence », a déclaré le Dr Salvatore Vaccarella, le scientifique du CIRC qui a dirigé l’étude.
Comme l’étude sur les adultes publiée en mai dernier, les résultats chez les enfants et les adolescents « impliquent fortement que la grande majorité des diagnostics de cancer de la thyroïde dans le monde sont dus à un surdiagnostic », selon le CIRC. Or, explique cette branche de l’OMS basée à Lyon (France), cette maladie était très rare dans le monde jusqu’en 2000 environ. Les chercheurs ont toutefois constaté que l’incidence augmentait rapidement ces dernières années dans de nombreux pays.
L’étude a utilisé les données les plus récentes et poussée provenant de 49 pays et territoires du monde entier, dont plusieurs pays à faible et moyen revenu, divers et densément peuplés. Les scientifiques du CIRC ont ainsi examiné les taux d’incidence du cancer de la thyroïde chez les enfants et les adolescents âgés de 0 à 19 ans.
Le surdiagnostic du cancer de la thyroïde est la conséquence d’une surveillance accrue de la glande thyroïde et de l’introduction de nouvelles procédures de diagnostic, telles que l’échographie du cou. Cela peut conduire à la détection de nombreuses tumeurs indolentes et non mortelles.
Ne pas dépister le cancer de la thyroïde chez les enfants sans symptômes
Selon l’OMS, ce type de tumeurs existe dans la glande thyroïde de personnes par ailleurs en bonne santé, quel que soit leur âge, y compris des enfants et des adolescents.
Ce dépistage est plus marqué dans les milieux où les services de soins de santé ne sont pas bien réglementés.
L’étude a ainsi montré que le surdiagnostic du cancer de la thyroïde chez les enfants et les adolescents a des conséquences importantes sur la qualité de vie de ces jeunes. Il affecte principalement les jeunes filles, les taux d’incidence étant généralement plus élevés chez les filles que chez les garçons.
Le cancer de la thyroïde chez les enfants est traité par chirurgie et souvent par l’administration d’iode radioactif, alors qu’une surveillance active sans traitement n’est pas recommandée.
Ces diagnostics excessifs exposent les jeunes à des préjudices inutiles. En effet, les enfants atteints d’un cancer de la thyroïde subissent généralement une thyroïdectomie totale, qui nécessite un traitement hormonal substitutif de la thyroïde tout au long de la vie.
Sur la base des résultats de cette étude, le Centre lyonnais de l’OMS recommande explicitement de ne pas dépister le cancer de la thyroïde chez les enfants sans symptômes.
Comme chez les adultes asymptomatiques qui ne présentent pas de facteurs de risque spécifiques, le centre de recherche ne voit pas raisons d’« un dépistage du cancer de la thyroïde dans des populations similaires d’enfants et d’adolescents ».
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2021/01/1087222