La Covid-19 menace de causer des dommages irréversibles à l'éducation, à la nutrition et au bien-être des enfants (UNICEF)

ven, 11/20/2020 - 20:31 -- siteadmin

Dans un nouveau rapport publié à la veille de la Journée mondiale de l’enfance, l'UNICEF met en garde contre les conséquences importantes et croissantes pour les enfants alors que la pandémie de Covid-19 approche de sa deuxième année.

 « Tout au long de la pandémie de Covid-19, il y a eu un mythe persistant selon lequel les enfants sont à peine touchés par la maladie. Rien n'est plus éloigné de la vérité », a déclaré Henrietta Fore, Directrice exécutive de l'UNICEF l’occasion de la publication du rapport.

« Plus la crise se prolonge, plus son impact sur l'éducation, la santé, la nutrition et le bien-être des enfants est profond. L'avenir de toute une génération est en danger », a-t-elle ajouté.

Publié avant la Journée mondiale de l'enfance le rapport intitulé « Prévenir une génération perdue de la Covid » est le premier document du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à décrire de manière exhaustive les conséquences désastreuses et croissantes pour les enfants alors que la pandémie se prolonge.

Le rapport montre que si les symptômes chez les enfants infectés restent bénins, les infections augmentent et l'impact à long terme sur l'éducation, la nutrition et le bien-être de toute une génération d'enfants et de jeunes peut changer la vie.

Selon Henrietta Fore, alors que les enfants peuvent tomber malades et peuvent propager la maladie, ce n'est que la partie visible de l'iceberg de la pandémie. Les perturbations des services clés et la montée en flèche des taux de pauvreté constituent la plus grande menace pour les enfants.

1 infection sur 9

Le rapport constate qu'au 3 novembre, dans 87 pays disposant de données ventilées par âge, les enfants et les adolescents de moins de 20 ans représentaient 1 sur 9 des infections par la Covid-19, soit 11% des 25,7 millions d'infections signalées par ces pays.

Des données plus fiables et ventilées par âge sur les infections, les décès et les tests sont nécessaires pour mieux comprendre l'impact de la crise sur les enfants les plus vulnérables et orienter la réponse.

Bien que les enfants puissent transmettre le virus entre eux et à des groupes d'âge plus âgés, il existe des preuves solides que, avec des mesures de sécurité de base en place, les avantages nets du maintien des écoles ouvertes l'emportent sur les coûts de leur fermeture, note le rapport.

Les écoles ne sont pas le principal vecteur de transmission au sein de la communauté, et les enfants sont plus susceptibles de contracter le virus en dehors du cadre scolaire.

Les perturbations liées à la Covid-19 dans les services sanitaires et sociaux essentiels pour les enfants constituent la menace la plus grave pour les enfants, selon le rapport.

Peur de l’infection

En utilisant de nouvelles données provenant d'enquêtes de l'UNICEF dans 140 pays, le rapport note qu’environ un tiers des pays analysés ont connu une baisse d'au moins 10% de la couverture des services de santé tels que les vaccinations de routine, les soins ambulatoires pour les maladies infectieuses de l'enfance et les services de santé maternelle. La peur de l'infection est une raison importante.

Le document observe aussi une baisse de 40% de la couverture des services de nutrition pour les femmes et les enfants dans 135 pays. En octobre 2020, 265 millions d'enfants ne bénéficiaient toujours pas de repas scolaires dans le monde. Plus de 250 millions d'enfants de moins de 5 ans pourraient ne pas bénéficier des bienfaits des programmes de supplémentation en vitamine A, qui protègent leur vie.

De plus, 65 pays ont signalé une diminution des visites à domicile par les travailleurs sociaux en septembre 2020, par rapport à la même période l'année dernière.

Le rapport fait également valoir qu’en novembre 2020, 572 millions d'élèves sont touchés par 30 fermetures d'écoles dans les pays, soit 33% des élèves inscrits dans le monde entier.

Par ailleurs, on estime que 2 millions de décès d'enfants supplémentaires et 200.000 mortinaissances supplémentaires pourraient survenir sur une période de 12 mois, avec de graves interruptions de services et une augmentation de la malnutrition.

Autre fait inquiétant : en 2020, 6 à 7 millions d'enfants de moins de 5 ans supplémentaires souffriront d'émaciation ou de malnutrition aiguë, soit une augmentation de 14 % qui se traduira par plus de 10 000 décès d'enfants supplémentaires par mois, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

En outre, on estime que le nombre d'enfants vivant dans une pauvreté multidimensionnelle - sans accès à l'éducation, à la santé, au logement, à la nutrition, à l'assainissement ou à l'eau - a augmenté de 15% dans le monde, soit 150 millions d'enfants supplémentaires d'ici le milieu de l'année 2020.

Éducation et fracture numérique

Pour faire face à cette crise, l'UNICEF appelle d’abord les gouvernements et ses partenaires à veiller à ce que tous les enfants apprennent, notamment en réduisant la fracture numérique.

L’UNICEF exhorte aussi à garantir l'accès aux services de nutrition et de santé et rendre les vaccins abordables et accessibles à chaque enfant.

 « Plus la crise se prolonge, plus son impact sur l'éducation, la santé, la nutrition et le bien-être des enfants est profond. L'avenir de toute une génération est en danger », a-t-elle ajouté.

Selon le Fonds, il importe également de soutenir et protéger la santé mentale des enfants et des jeunes et de mettre un terme aux abus, à la violence sexiste et à la négligence dans l'enfance.

De plus, il convient d’améliorer l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène et de lutter contre la dégradation de l'environnement et le changement climatique.

En outre, il faut inverser la tendance à l'augmentation de la pauvreté des enfants et assurer un redressement inclusif pour tous.

Enfin, il est nécessaire de redoubler d'efforts pour protéger et soutenir les enfants et leurs familles vivant dans des situations de conflit, de catastrophe et de déplacement.

« En cette Journée mondiale de l'enfance, nous demandons aux gouvernements, aux partenaires et au secteur privé d'écouter les enfants et de donner la priorité à leurs besoins », a déclaré Mme Fore. « Alors que nous réimaginons tous l'avenir et que nous nous tournons vers un monde post-pandémique, les enfants doivent passer en premier ».

Source : ONU Info

https://news.un.org/fr/story/2020/11/1082742