Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a plaidé, vendredi, pour « une action urgente et un soutien accru » de la communauté internationale afin de scolariser les enfants de Beyrouth affectés par les explosions qui ont eu lieu il y a tout juste un mois.
Depuis ce mardi 4 août 2020, elle ne dort pas bien. « Je me sens différente après l’explosion », dit Hanan. Cette jeune fille de 8 ans habite Karantina, un quartier de Beyrouth situé près du port et également appelé la Quarantaine. « J’ai toujours peur, et je rêve encore de la sensation de l’explosion. Cela m’empêche de dormir », explique-t-elle dans un témoignage recueilli par l’UNICEF.
Un mois s’est écoulé depuis la double explosion qui a eu lieu dans le port de Beyrouth et qui a dévasté la capitale du Liban. L’agence onusienne estime que 600.000 enfants vivent dans un rayon de 20 kilomètres autour du lieu des explosions et pourraient souffrir d’impacts psychologiques négatifs à court et à long terme.
La scolarisation des enfants est la priorité de l’UNICEF au Liban alors que la rentrée, prévue dans le courant du mois de septembre, s’annonce déjà difficile.
163 établissements scolaires ont été endommagés ou détruits par les explosions affectant les études de plus de 70.000 enfants et le travail de plus de 7.600 enseignants. En outre, 20 établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels ont été endommagés, touchant environ 7.300 élèves. Selon les premières évaluations du ministère libanais de l’éducation et de l’enseignement supérieur, environ 80 % des écoles ont subi des dommages légers à modérés et 20 % des dommages importants.
Une rentrée scolaire compliquée par le coronavirus et l’impact des explosions
« Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai été à l’école, et maintenant que mon école est détruite, je n’ai aucune idée de quand je pourrai y retourner », déplore Abdulkarim. Ce garçon de 10 ans, également résident du quartier de Karantina, fréquente un parc sécurisé où il joue et apprend avec d’autres enfants sous la supervision d’une équipe de l’UNICEF. « Ce n’est pas la même chose que l’école, mais quand on a perdu autant que nous dans ce quartier, quelque chose comme ça devient vraiment important », ajoute-t-il.
En raison de la pandémie de Covid-19, toutes les écoles comptent adopter une approche mixte d’apprentissage en personne et à distance. Cependant, leur plan a été compliqué par l’impact des explosions.
Les enfants les plus vulnérables n’ont pas accès au matériel d’apprentissage et une connexion internet. Ils risquent ainsi d’etre davantage en retard dans leur scolarité,voire d’abandonner l’école. « Mon école a été endommagée par l’explosion et je ne sais pas quand elle rouvrira. Je vais manquer l’école. Je ne pourrai plus étudier, ni passer du temps avec les professeurs », explique la petite Hanan.
Face à ces besoins, l’UNICEF appelle la communauté internationale à renforcer d’urgence le soutien à l’éducation des enfants de Beyrouth et à leurs familles.
« En cas de catastrophe, l’éducation peut être une bouée de sauvetage pour les enfants dont la vie a été bouleversée, en leur offrant un espace sûr à l’école et un sentiment de normalité dans le chaos », explique Yukie Mokuo, la Représentante de l’UNICEF au Liban. « C’est pourquoi nous sommes incroyablement préoccupés par les dégâts considérables subis par les écoles des quartiers les plus touchés et par l’impact que cela pourrait avoir sur les enfants », ajoute-t-elle.
La responsable de l’UNICEF estime essentiel de « trouver des solutions urgentes pour que les enfants reprennent l’apprentissage - même à distance - le plus rapidement possible ».
67 tonnes d’aide humanitaire acheminées en un mois et 50 millions de dollars nécessaires pour les trois prochains mois
Sur le terrain et en attendant l’arrivée d’une aide supplémentaire, l’UNICEF travaille avec ses partenaires dans les zones touchées par les explosions pour soutenir la réhabilitation des écoles endommagées et former les enseignants au soutien psychosocial. L’agence onusienne coordonne également la distribution de fournitures scolaires et de kits de développement de la petite enfance aux enseignants et aux soignants. Le Fonds oeuvre également sur des solutions innovantes en matière d’enseignement à distance pour accrôitre la connexion internet ainsi que l’accès aux appareils électroniques, tels que des ordinateurs portables.
A ce jour, l’UNICEF a acheminé 67 tonnes d’aide humanitaire essentielle et a acheté, directement au Liban, des fournitures d’urgence. L’agence onusienne et ses partenaires ont reconnecté plus de 155 bâtiments au réseau public d’eau et installé plus de 870 réservoirs d’eau dans les foyers endommagés.
Dans la lutte contre le nouveau coronavirus, le Fonds fournit aussi des équipements de protection individuelle (EPI) et des services de vaccination aux centres de soins primaires et aux dispensaires. La commande d’EPI comprend plus de 3,5 millions de masques médicaux, plus de 8.000 écrans faciaux, près de 125.000 blouses, plus de 7.500 thermomètres et 2,6 millions de paires de gants.
Mais « un mois après les explosions dévastatrices, les besoins restent aigus et nous devons nous tourner vers l’avenir », souligne Mme Mokuo. L’UNICEF a besoin de 50 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats des enfants et des familles au cours des trois prochains mois.
La réponse se concentre sur les besoins psycho-sociaux des enfants et des personnes qui s’en occupent, tout en assurant leur sécurité et en réhabilitant les services essentiels de base. L’objectif est aussi de fournir aux adolescents et aux jeunes les compétences qui leur permettront de participer à la reconstruction du Liban, tout en limitant la propagation de la Covid-19.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2020/09/1076512