Vous vous inquiétez car votre enfant ment souvent ? Pourrait-il être atteint de mythomanie ? On fait le point avec deux experts.
Votre enfant aime raconter des histoires. Une mythomanie latente peut-elle se cacher derrière ces petits mensonges ? La mythomanie est une pathologie réelle qui enferme les personnes atteintes dans un univers mêlant fable et réalité. Michael Larrar est pédopsychiatre et auteur de la série de livres « Les clés pour en parler ». Clothilde Delacroix est auteure du livre « Gros Mensonge ». Ils nous expliquent ce qui se cache derrière les mensonges des enfants.
Différents types de mensonges
« Jusqu’à l’âge de 6,7 ans, le mensonge de l’enfant est quelque chose de normal » rassure Clothilde Delacroix. L’enfant n’a pas encore la notion de la vérité. Différents cas de figures peuvent se manifester dans ses histoires. « Le premier cas de mensonges chez l’enfant, c’est un mensonge qu’il fait par plaisir ». explique Michael Larrar. « L’enfant va chercher à mettre en mots ses fantasmes et son imaginaire ». C’est dans ce cas de figure que l’enfant va inventer des histoires abracadabrantesques qui vont plus faire sourire qu’inquiéter. Le deuxième cas dans lequel un enfant est susceptible de mentir, c’est dans un objectif narcissique : « L’enfant va pouvoir se grandir en mentant. Par exemple lorsqu’il va dire qu’il a fait ceci ou cela pour se rendre supérieur aux autres ». Enfin dans le dernier cas, le mensonge se fait dans une logique de manipulation : « L’enfant va mentir pour obtenir quelque chose de la part de la personne».
Comment réagir face au mensonge
« Le plus important, c’est de rester naturel face au mensonge d’un enfant », rassure Michael Larrar. Les parents doivent réagir comme ils le sentent le mieux. « Certains mensonges peuvent être complètement loufoques, il faut en rire et en jouer avec l’enfant ! En revanche, si vous sentez qu'il vous manipule, il faut lui faire comprendre que ça ne passe pas et lui faire prendre conscience des limites » poursuit le pédopsychiatre.
Il est aussi important de ne pas mentir soi-même : « Si l’on ment à un enfant, on rend plus floue la frontière entre le bien et le mal. Un enfant qui s’enfonce dans le mensonge a peut-être comme origine une relation mal établie entre ses parents et lui » poursuit Clothilde Delacroix. Attention également si ses mensonges amusants se révèlent dangereux : « Il faut bien évidemment le stopper s’il y na un danger potentiel dans les histoires qu’il raconte. Voler s’il saute par la fenêtre par exemple ».
Quand faut-il s’inquiéter ?
« Le cas de consultations d’un enfant à cause de ses mensonges est une chose extrêmement rare » confie Michael Larrar. « Il faut commencer à se poser des questions si l’enfant ment à outrance de manière manipulatoire ». Au bout d’un certain d’âge, il convient également de surveiller les rapports qu’entretient votre enfant avec la vérité : « Il faut faire attention si après 6,7 ans, votre enfant continue à mentir de manière pluriquotidienne et narcissique, c’est-à-dire pour se valoriser. Cela peut vouloir dire qu’il a un problème de confiance en lui et se sent obligé de mentir pour combler ses inquiétudes ». En revanche, Michael Larrar se veut catégorique : « Nous ne pouvons pas poser de diagnostic de mythomanie sur un enfant, c’est bien trop tôt. C’est un cas extrêmement rare ».
Par Antoine Blanchet et Claire Schneider
Source : Magic Maman
https://www.magicmaman.com/mon-enfant-peut-il-etre-mythomane,3649008.asp