« Personne ne me comprend... Assez me harceler... Tu ne me prends pas au sérieux... ». C’est avec ces mots que se défend l’adolescent d’aujourd’hui, perdu entre les tentations de la vie et l’obligation d’obéir à ses parents. C’est la phase difficile de l’entêtement, de la rébellion, des aspirations à s’affirmer et du rejet de toute autorité de la part du jeune, tandis que sa famille désorientée ne sait plus comment le prendre, surtout s’il est sous l’emprise de la drogue et qu’il ignore les répercussions négatives sur sa personne de sa dépendance, et les troubles psychologiques qui en résultent. Or, comment l’aider à prendre la bonne décision face à un problème, et à savoir quand dire « non » ? Dans quelle mesure les jeunes d'aujourd'hui réagissent-ils à des ateliers d'amélioration des compétences ?
Le sauvetage des adolescents égarés grâce à la formation assurée par l'Unicef
Que d’affligeants cas sociaux se produisent tels que « un jeune homme dont le corps était saturé de poison en forme de poudre blanche, a compromis son avenir, sans trouver personne pour le sauver », avant que quelqu'un ne vienne lui apprendre à faire face fermement, à prendre des décisions ; avant que quelqu’un ne renforce sa confiance en lui et sa capacité à distinguer le bien du mal. Mais comment faire ? Et quelles sont les méthodes de formation adéquates ?
Sur cette toile de fond, il était nécessaire de multiplier les projets et les ateliers, avec pour seul objectif d'aider la génération d'aujourd'hui à devenir autonome. C’est dans ce contexte que Abir Abou Zaki, responsable du programme Adolescents et Jeunesse de l'Unicef, déclare : « La santé mentale fait partie des compétences à acquérir, et elle est l'un des droits des jeunes. Il est de notre devoir de les aider psychologiquement à faire face aux décisions difficiles, en les dotant des compétences nécessaires à cette fin, dans le but ultime de parvenir à former une génération consciente et psychologiquement prémunie. C’est ce que cherche à faire l’Unicef en soutenant des projets de santé mentale destinés aux jeunes, en coordination avec les ministères de l’Éducation et de la Santé, les Nations Unies et des associations concernées. En effet, les jeunes de 10 ans et plus, groupe d’âge ciblé par nos programmes, doivent améliorer leur aptitudes à prendre la bonne décision, à savoir quand dire non aux tentations de la cigarette ou du narguilé, que nous les exhortons à rejeter, en en montrant les désavantages, en attirant leur attention sur la capacité de développement des activités sportives et des activités sociales en groupe, et sur les capacités et compétences de nature à contrer les énergies négatives et à stimuler la pensée positive, en développant les compétences personnelles, en encourageant la communication avec les parents ou l'administration scolaire, dans le but ultime de comprendre ce que vit l'adolescent et comment le gérer sans dissuasion négative. Car à ce stade, ces adolescents souffrent de frustration psychologique et ont besoin d’être encouragés, et mentalement soutenus et entendus, afin d’édifier une solide personnalité qui les aide à exprimer leurs sentiments en leur fournissant les compétences nécessaires pour prendre la bonne décision. »
Éducation à la santé
D'autre part, comme l'éducation est à la base de toute formation de vie de l’étudiant, il était nécessaire de le prémunir dès son jeune âge afin qu'il devienne le décideur dans tous les problèmes auxquels il est confronté. C'est ce que Sonia Najem, chef du département de la santé scolaire au ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, explique en détail : « Le concept de prévention ne repose pas uniquement sur l’information scientifique correcte, mais également sur les compétences. Par exemple, si nous disons à l'étudiant que fumer est nocif, nous devons en même temps former en lui l’esprit critique qui lui permettra d’opposer à l’invite la certitude que fumer n'est pas bon, qu'il doit donc prendre la bonne décision et savoir dire "Non", surtout s'il est soumis au chantage de ses compagnons du genre : "Si tu ne fumes pas le narguilé comme nous, tu n’es pas des nôtres". »
« À ce stade, nous devons l'aider à prendre la bonne décision et à résoudre les problèmes par le biais de sa pensée critique, et ainsi à dépasser les problèmes psychologiques auxquels il est confronté. C'est pourquoi nous nous concentrons sur l'acquisition de compétences psycho-sociales dès le plus jeune âge, c’est-à-dire dès la maternelle et jusqu’à l'âge de 10 ans. Certes, il est impossible de former l’enfant à la pensée critique à cet âge, mais nous pouvons le guider à préserver son intimité propre, au cas où quelqu'un lui toucherait les organes génitaux, de sorte qu’il sache se défendre ; et nous devons également le protéger des problèmes psychologiques en cas d'agression sexuelle. En outre, si le médecin de l’école examine les élèves et détecte quelque blessure, nous devons vérifier si l’élève a subi des violences ou a été battu à la maison ou à en-dehors du foyer, auquel cas il faut faire appel à un conseiller médical pour l’équiper en conséquence, par des conseils pédagogiques appropriés. »
Une stratégie de capacitation
Nadia Bedran, directrice de la Health Care Association (SIDC), a décrit les activités de soutien propres à immuniser psychologiquement les jeunes et à les doter des aptitudes nécessaires pour les fortifier contre tous les obstacles qu’ils peuvent rencontrer : « Notre travail comprend l’organisation d’un concours national visant à souligner par exemple l’importance du sport en tant que moyen d’améliorer la santé mentale des jeunes, en particulier ceux qui souffrent de discrimination et de stigmatisation, ou qui souffrent d’une mauvaise santé. Nous comptons aussi lancer un nouveau projet d’aide aux élèves en vue de leur immunisation psychologique, en mettant l’accent sur le rôle important des parents et des écoles dans ce domaine. Nous travaillerons également sur un plan national adopté par le ministère de la Santé dans le cadre d'une stratégie nationale de santé mentale, incluant des programmes de travail. D'autre part, nous avons organisé des activités d’entretiens avec des jeunes pour leur parler de divers sujets, notamment de différents types de drogues, qui affectent la santé mentale. »
Enfin, en dotant les jeunes d’aujourd’hui de compétences psychologiques et sociales nécessaires pour faire face aux tentations de la vie, nous espérons en retour qu’en paroles et en actes, ils seront un soutien efficace pour que le mouvement devienne une bénédiction !
Par Suzanne Berbery - journaliste
Source : L’Orient Le Jour