Le chef de l’ONU a salué l’engagement des milliers de jeunes qui ont marché vendredi partout dans le monde contre le dérèglement climatique et appelé tous les dirigeants à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat.
« Hier, des dizaines de milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour adresser un message clair aux dirigeants de ce monde : agissez maintenant face à l’urgence climatique pour sauver notre planète et notre avenir », a écrit le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans une tribune publiée dans le quotidien britannique The Guardian. « Ces écoliers et écolières ont compris ce qui semble échapper à bon nombre de leurs aînés : nous luttons pour notre survie, et nous sommes en train de perdre la bataille ».
Vendredi, plus d’un million d’étudiants, de lycéens et de collégiens ont défilé dans 2.000 villes de 125 pays pour demander à leurs dirigeants d’agir contre le dérèglement climatique.
Pour le Secrétaire général, l’urgence climatique est bien une réalité. « Bientôt, il sera trop tard », a-t-il dit. « Nous ne pouvons plus nous permettre de rester les bras croisés, et reporter la lutte contre les changements climatiques est presque aussi néfaste que nier leur existence ».
« Ma génération n’a pas été à la hauteur face à la menace titanesque des changements climatiques », a reconnu António Guterres, « et les jeunes font les frais de cette inaction. Rien d’étonnant à ce qu’ils soient en colère ».
Malgré des années de pourparlers, les émissions mondiales atteignent des niveaux records et ne montrent aucun signe d’affaiblissement. La concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère est la plus élevée que notre planète ait connue depuis 3 millions d’années.
Les quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et dans l’Arctique, les températures hivernales ont augmenté de 3 °C (degrés Celsius) depuis 1990. Le niveau des mers monte, les récifs coralliens sont à l’agonie, et l’humanité commence à voir les conséquences mortelles que peuvent avoir les changements climatiques sur la santé, que ce soit par la pollution de l’air, les vagues de chaleur ou les risques qu’ils font peser sur la sécurité alimentaire.
Un sommet sur le climat en septembre pour accompagner l'Accord de Paris d'une action ambitieuse
Malgré ce sombre tableau, le chef de l’ONU ne se résigne pas à la fatalité et rappelle que le monde dispose de l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015. « Un cadre précurseur, viable et tourné vers l’avenir, qui énonce précisément ce qui doit être fait pour mettre un terme au dérèglement climatique et en inverser les effets », a-t-il rappelé.
Mais l’accord sur le climat conclu dans la capitale française il y a maintenant trois ans n’a de sens que s’il s’accompagne d’une action ambitieuse, a souligné António Guterres.
« C’est la raison pour laquelle je convierai cette année les dirigeants mondiaux à se réunir lors d’un Sommet sur l’action pour le climat », a dit le Secrétaire général. « J’appelle l’ensemble des dirigeants à venir à New York au mois de septembre avec des projets réalistes et concrets destinés à améliorer leurs contributions déterminées au niveau national d’ici à 2020 afin de réduire des émissions de gaz à effet de serre de 45 % au cours des 10 prochaines années et d’atteindre l’objectif ‘zéro émission’ à l’horizon 2050 », a-t-il ajouté.
Le sommet, qui se tiendra à la veille du traditionnel débat général annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies, réunira des représentants des gouvernements, du secteur privé, de la société civile, des collectivités locales et d’autres organisations internationales.
L’ensemble de ces acteurs travailleront ensemble à l’élaboration de solutions ambitieuses dans six domaines : les énergies renouvelables; la réduction des émissions ; les infrastructures durables ; l’agriculture durable et la gestion durable des forêts et des océans ; les moyens de résister aux effets des changements climatiques ; l’investissement dans l’économie verte.
La transition écologique doit être juste
D’après les dernières analyses en date, si l’humanité maintenant, il est encore possible de réduire les émissions de carbone en 12 ans et de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°. Si nous poursuivons sur notre voie actuelle, en revanche, les conséquences sont impossibles à prévoir.
L’action climatique est certes indispensable à la lutte contre un phénomène qui menace notre survie, mais elle a également un coût, a toutefois rappelé le chef de l’ONU. « Il est donc important que les plans d’action ne fassent ni perdants ni gagnants et qu’ils n’ajoutent pas aux inégalités économiques. Ils doivent au contraire être équitables et créer de nouveaux débouchés pour les personnes désavantagées par la transition afin que cette dernière soit juste », a-t-il dit en référence aux nombreux mouvements de contestations qui ont eu lieu ces derniers mois.
Dans leur combat, les militants de l’action pour le climat ne sont pas seuls. « L’industrie est avec nous », a dit le Secrétaire général, soulignant que la mise en place accélérée de solutions aux effets des changements climatiques peut renforcer les économies et créer des emplois, tout en offrant un air plus pur, en préservant la biodiversité et les habitats naturels et en protégeant l’environnement.
« Les nouvelles technologies et solutions d’ingénierie produisent déjà de l’énergie à un coût plus rentable que les sources d’énergie fossile », s’est félicité António Guterres, précisant que dans toutes les grandes économies mondiales, le solaire et l’éolien terrestre sont désormais les moyens les moins chers de produire de l’énergie en masse.
« Toutefois, un changement radical s’impose », a prévenu le chef de l’ONU. « Nous devons arrêter de subventionner les combustibles fossiles et l’agriculture polluante et nous tourner vers les énergies renouvelables, les véhicules électriques et les pratiques respectueuses du climat. Nous devons adopter une tarification du carbone qui reflète le coût réel des émissions, y compris en termes de risque climatique ou de conséquences de la pollution de l’air sur la santé. Enfin, nous devons accélérer la fermeture des centrales thermiques au charbon et proposer aux travailleurs concernés des emplois moins dangereux pour leur santé, afin que la transition soit juste, inclusive et bénéfique », a-t-il dit.
« Je sais que la jeunesse peut changer le monde, et qu’elle le fait déjà »
António Guterres estime que « la machine est en marche ». « Le public s’intéresse à la cause, et la détermination à faire appliquer les mesures promises dans l’Accord de Paris connaît un nouveau souffle » a-t-il dit, estimant que le sommet sur le climat qu’il convoquera doit poser la première pierre « de l’avenir que nous voulons ».
« Je sais que la jeunesse peut changer le monde, et qu’elle le fait déjà », a déclaré le Secrétaire général à l’adresse des jeunes femmes et aux jeunes hommes qui ont manifesté vendredi à travers le monde pour sauver leur planète. « Je sais aussi que beaucoup d’entre vous s’inquiètent de l’avenir, et je comprends votre préoccupation et votre colère. Mais je sais, surtout, que l’humanité est capable de déplacer des montagnes. Vos voix me remplissent d’espoir », leur a-t-il dit.
« Plus je vous vois vous engager et défendre vos convictions, plus je suis certain que nous finirons par gagner la bataille », a dit optimiste le chef de l’ONU. « Ensemble, avec votre aide et grâce à vos efforts, nous pouvons, et nous devons, anéantir la menace qui pèse sur notre planète et créer un monde plus propre, plus sûr et plus vert pour toutes et tous ».
Source : ONU
https://news.un.org/fr/story/2019/03/1038891