Les enquêtes inquiétantes sur la présence de substances toxiques dans les couches jetables pour bébé semblent peser sur le marché. Il a reculé au profit notamment de produits lavables.
Le rapport sévère de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur la sécurité des couches pour bébé devrait encore bousculer ce marché estimé à 750 millions d'euros. Les précédents rapports alarmants, notamment celui de «60 Millions de consommateurs» publié en février 2017, ont déjà mis le feu aux poudres.
De fait, les enquêtes se succèdent et effraient toujours un peu plus les parents. Toutes révèlent la présence de résidus toxiques et une quantité inquiétante de substances allergisantes, reprotoxiques et cancérigènes. Après les dernières révélations de l'Anses, le gouvernement a décidé de convoquer fabricants et distributeurs. Ils devront sous 15 jours présenter les «actions correctives».
En attendant, certains parents revoient leurs habitudes. La première publication de «60 Millions de consommateurs» avait contribué au repli du marché qui est passé de 830 millions d'euros en 2017 à 750 millions d'euros aujourd'hui. Un recul qui s'explique par la baisse des naissances mais aussi par une attirance plus importante des Français pour des produits durables.
Certains parents sont tentés par les couches lavables car cette solution compte plusieurs avantages. Les couches lavables produisent bien moins de déchets. En effet, les couches jetables représentent 40% des déchets ménagers d'un foyer ayant un enfant entre 0 et 2 ans. De fait, un bébé souille, en moyenne, 2 à 8 couches par jour. Ainsi, de sa naissance à ses deux ans et demi, un enfant a besoin de près de 6000 couches, ce qui représente plus d'une tonne de déchets par enfant, selon le Planétoscope. Pour la France, ce sont près de 3,5 milliards de couches jetées chaque année, ce qui représente 351.000 tonnes de déchets pour un coût approximatif de traitement de 21 millions d'euros. Et ces déchets sont particulièrement polluants: en décharge les couches mettent près de 500 ans pour se dégrader....
De plus, les couches lavables sont indéniablement plus économiques: l'achat d'un lot de couches lavables coûte 500 à 900 euros en moyenne, contre un coût global moyen de 1500 euros pour un enfant de sa naissance à ses 2 ans et demi. Tous ces arguments ont convaincu des parents de se tourner vers les couches lavables, parfois aidés par leurs municipalités puisque certaines accordent une prime aux parents qui optent pour les couches lavables.
Un marché en croissance de 30% par an
Résultat, «depuis 3 ans, notre activité est en pleine expansion et la croissance a atteint 45% en 2018», avance Florence Hallouin, fondatrice de la marque de couche lavable Hamac, leader en France avec 40% de part de marché. Quant au marché, il progresse de 30% environ depuis 3 ans, assure la créatrice de la marque. Ainsi, sur les 2,3 millions d'enfants qui portent des couches en France, entre 2% et 3% sont aujourd'hui équipés de produits lavables, soit entre 50.000 et 70.000 bébés.
Même si ce n'est pas encore la norme, les parents qui lavent les layettes de leurs bébés ne sont donc plus considérés comme des specimens rares! Il faut dire que les produits ont évolué. La couche lavable n'a plus rien à voir avec les langes en tissus fermés par de dangereuses épingles à nourrices. «Nous avons déposé un brevet sur notre système», confie Florence Hallouin qui rend l'installation de ces layettes «pratique, comparable à celle des jetables», précise l'entrepreneure.
D'autres marques comme Bébé culotté, Flip, gDiapers, Grovia… Commercialisent également des systèmes innovants et colorés pour que les fesses de bébé restent au sec et confortablement installées. Ces couches peuvent prendre de multiples formes: il existe des couches lavables intégralement ou des systèmes hybrides disposant de poches pour y insérer des matelas absorbants, en tissus ou en matière jetable.
Des services de locations et lavages de couches lavables
Et ces nombreux choix sont l'objet de discussions sur des groupes Facebook dédiés. Les parents y prônent les bienfaits et contraintes des différents produits. Les membres de ces groupes dédiés échangent bonnes pratiques et conseils ou proposent leurs produits à la vente. «Nous recommandons aux parents de revendre leurs couches une fois que l'enfant est propre car elles peuvent servir pour plusieurs bébés: deux, trois ou même quatre. Pour ce faire, nous proposons, si besoin, un service de réparation», indique Florence Hallouin, cofondatrice de Hamac.
Parallèlement à une offre toujours plus étoffée, le marché se structure et se diversifie. Ainsi, pour les parents que la corvée de laver les couches des bébés rebute, des services de location de couches lavables, lavées en pressing et livrées à domicile se déploient sur tout le territoire. La start-up Ma petite couche s'est ainsi lancée en 2017 en région parisienne. «Aujourd'hui, 250 familles ont recours à notre service», souligne Philippe Gaillard, cofondateur de la petite structure. «Des clients nous contactent aussi pour notre service de location de couche mais nous ne pouvons honorer toutes les demandes!», se réjouit le dirigeant. Sur le même modèle, HiPopo s'est ainsi lancé sur Bordeaux. D'autres systèmes similaires existent également à Alençon ou encore à l'île Maurice. Les parents n'ont donc plus que l'embarras du choix!
Source : Le Figaro