Hygiène et réduction des contacts sont les seules méthodes éprouvées de prévention du rhume. Mais si les parents les appliquent volontiers, ils ne rechignent pas non plus devant des recettes nettement plus aléatoires.
«Reste au chaud!», «Sèche tes cheveux!», «Prends tes vitamines!»… Enfants, sachez-le: si vos parents vous ont ennuyé avec tout ça pour vous éviter d’attraper un rhume… Ils vous disaient n’importe quoi. 70% des parents tentent de protéger leurs enfants avec des méthodes relevant, de leur propre aveu, du «folklore» et ne reposant absolument pas sur des preuves scientifiques, selon une étude menée par l’institut d’études de marché et d’audit GfK pour le compte du C. S. Mott children’s hospital et l’Université du Michigan.
Les méthodes non éprouvées, dont beaucoup sont nées d’une époque où l’on ignorait tout des virus et de leur mode de transmission, ont encore la vie belle. Selon cette étude menée auprès de 1119 parents d’enfants âgés de 5 à 12 ans, représentatifs de la population américaine, 52% des parents ont déjà intimé à leur progéniture de ne pas sortir les cheveux mouillés, bien que la science n’ait jamais prouvé une quelconque efficacité pour échapper au rhume. Garder sa tête au chaud peut aider à conserver sa température corporelle; mais cela ne change rien au fait que le rhume s’emparera ou non de votre enfant.
Autre réflexe très populaire: garder les enfants au chaud. 48% des parents demandent à leur petit à rester en intérieur pour éviter d’attraper froid, tandis que 23% des parents incitent au contraire leur enfant à sortir. Ces derniers ont raison: sauf fragilité particulière et froid extrême, prendre l’air et pratiquer une activité physique est essentiel à la bonne santé de vos bambins, tandis que le confinement en intérieur favorise la circulation des virus (ce qui explique que les maladies contagieuses par voie aérienne raffolent de l’hiver).
La moitié (51%) des répondants a donné à son enfant des produits en libre-service censés prévenir le rhume. Il s’agissait de vitamine C chez 47% d’entre eux, de zinc pour 15%, d’échinacée (une plante censée aider à résister aux infections et à guérir plus vite) pour 11%, et de produits vantant leur capacité à booster le système immunitaire pour 25%.
Chantées par le prix Nobel de chimie Linus Pauling dans les années 1970, les vertus de la supplémentation à haute dose en vitamine C ont pris du plomb dans l’aile. Même une fois le rhume déclaré, plusieurs études, puis des méta-analyses, ont montré qu’elle ne réduisait ni la durée, ni les symptômes.
Concernant l’échinacée, «les résultats sont aussi hétérogènes que la qualité des études» et cela ne permet pas de se prononcer sur l’effet immunostimulant de la plante, expliquent les auteurs d’une revue de littérature parue en août dernier dans la revue allemande Laryngo-rhino-otologie. Comme d’autres préparations de phytothérapie, elle peut même s’avérer dangereuse et avoir «des interactions importantes avec des médicaments prescrits», notent les auteurs d’une méta-analyse publiée en janvier dans Pharmacological Research.
Pour le zinc, la situation est moins tranchée. Une publication dans le Journal of the American Medical Association (Jama) en 2014 semblait indiquer que, pris dans les 24 heures après les premiers symptômes, la supplémentation orale était associée à une réduction de la durée du rhume chez les gens en bonne santé, les auteurs indiquant toutefois que lutter contre une maladie aussi bénigne que le rhume ne méritait peut-être pas de risquer les effets secondaires qui peuvent être associés à la supplémentation en zinc. Concernant la prévention, pour les auteurs de la méta-analyse allemande «aucune recommandation ne peut actuellement être émise» faute de données suffisantes.
Hygiène et contacts limités
«Les rhumes sont causés par des virus qui se transmettent le plus souvent d’une personne à l’autre», rappellent les auteurs. «Le mécanisme le plus courant est celui des gouttelettes de mucus provenant du nez ou de la bouche» qui, toussées ou éternuées, transmettent le virus via les mains, le visage ou les surfaces et objets.
Les seules méthodes de prévention véritablement efficaces sont donc celles qui permettent de limiter les risques de contagion. Des méthodes très largement adoptées par les parents interrogés. Ainsi, 99% d’entre eux inculquent à leur enfant des règles d’hygiène de base (se laver les mains, ne pas partager l’ustensile ou le verre de quelqu’un d’autre…), 84% nettoient davantage l’environnement de leur enfant (notamment en faisant le ménage dans la maison et en lavant plus souvent les jouets) et 87% lui disent de limiter les contacts avec les malades.
Parents, faites donc le tri dans vos croyances. Un enfant enrhumé cela peut effectivement être casse-pieds, fatiguant et chronophage... Mais même si, de rhume en rhume, la saison de la morve semble interminable, ce n’est pas une raison pour assommer vos enfants de précautions et remèdes de grand-mère inutiles.
Source : Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/les-parents-disent-n-importe-quoi-sur-le-rhume/