Chez vous, le rituel du coucher commence à 20 heures et se termine avec des cris à 22 heures. Mais pourquoi votre enfant ne veut-il jamais aller au lit tôt ? Les explications de deux spécialistes de l’enfant.
20 heures, heure fatidique. Une histoire, une deuxième, un verre d'eau, pipi, une autre histoire... Il est déjà 21 heures quand vous vous installez dans votre canapé, et voilà que votre fille de 4 ans vous rappelle. Elle n'a pas sommeil, dit-elle. Il est 22 heures quand, enfin, elle s'endort.... dans votre lit ou vous dans le sien. Mais pourquoi votre enfant ne veut jamais se coucher à l’heure où tous les petits sont censés dormir ? Une pédiatre et une psychologue nous en donnent les clés.
Le manque des parents
«À 2-3 ans, l’enfant a besoin d’une forte connexion avec ses parents. Quand ces derniers travaillent, ils rentrent tard et passent peu de temps en famille et c'est déjà l'heure de se coucher», indique Florence Millot, pédo-psychologue. Selon elle, pour qu’un enfant accepte d’aller se coucher, il est important de lui consacrer au moins vingt minutes où vous êtes pleinement avec lui. Sans votre téléphone, donc. «C'est important de créer un environnement calme et serein pour tranquilliser son enfant afin qu’il sente qu’on est avec lui», souligne la psychologue. «Il est préférable de le mettre au lit une heure plus tard pour qu’il partage un vrai moment en famille. Si vous vous obstinez à le coucher tôt, il finira de toute façon par se réveiller dans la nuit pour retrouver ses parents», précise Florence Millot.
Les petits peuvent également considérer l’heure du coucher comme un abandon des parents. «Beaucoup ont l’impression que l’on a envie de se débarrasser d’eux. Ils voient cela comme une punition et refusent donc de dormir», indique le Dr Catherine Gueguen, pédiatre et auteure du livre Vivre heureux avec son enfant. Même si vous avez très envie de vous retrouver en amoureux devant un film, ne précipitez pas les choses. Prenez du temps pour emmener votre enfant vers le sommeil.
La peur
Les histoires de loups et de sorcières trônent dans les rayons des librairies pour enfants, mais ne conviennent pas à tous les âges. «Ce types de contes ne sont pas faits pour les moins de 5 ans car à cet âge-là, ils n’ont pas la capacité de prendre du recul et faire face à la peur», explique le Dr Catherine Gueguen. L’idée de se retrouver seul amplifie cette crainte. «Lorsque l’on dort, on est seul dans sa tête, seul dans son lit, même quand il y a un frère ou une sœur à côté. Et c’est difficile à vivre pour beaucoup d’enfants», signale Florence Millot. Au-delà de 5 ans, «si l’enfant a toujours peur d’aller au lit, ou qu’il pleure tous les soirs, c’est qu’il a une vraie angoisse et il faut alors consulter», préconise la psychologue.
Les angoisses plus profondes
Le refus d’aller se coucher peut aussi remonter à la conception du bébé, à la grossesse ou à l’accouchement. «S’il y a eu un problème avant la naissance ou à la naissance, le parent va surprotéger ou trop surveiller le nourrisson. Et un ou deux ans plus tard, l’enfant garde ce lien particulier et refuse de dormir seul», explique Florence Millot. Parfois même en l'absence de problème, il suffit que le parent ait eu du mal à laisser son bébé dormir seul pour que celui-ci ne veuille plus couper le cordon malgré ses 3 ans.
Les changements ou les tensions à la maison peuvent également être source d'angoisses. «Lorsqu’il y a un conflit entre les parents, un chômage, ou un nouveau bébé qui va arriver, l’enfant refuse de dormir parce qu’il ne veut rater aucune information», rapporte la psychologue.
Pour optimiser vos chances de voir votre angelot endormi à 20h30, apprenez lui à écouter son corps. «Il faut leur expliquer les signes de sommeil et leur indiquer que s’ils apparaissent c’est parce qu’il est l’heure de se coucher», ajoute Catherine Gueguen. Inutile donc de vous fatiguer à crier «au lit !» car «si le petit n’est pas fatigué et qu’il ne ressent pas le besoin d’aller dormir, il ne le fera pas», prévient-elle.
Source : Le Figaro