A l’occasion d’un débat sur la protection des enfants dans les conflits armés, le Conseil de sécurité a adopté ce lundi une résolution dans laquelle il appelle notamment à respecter le caractère civil des écoles.
Le Premier ministre suédois, Stefan Löfven, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil pour le mois de juillet, participait à ce débat.
En début de réunion, les membres du Conseil ont adopté une résolution dans laquelle ils condamnent toutes les violations du droit international concernant le recrutement et l’emploi d’enfants par des parties à un conflit armé, ainsi que le meurtre et les mutilations d’enfants, les viols, les enlèvements, les attaques contre des écoles ou des hôpitaux et le refus d’un accès humanitaire.
La résolution souligne notamment la profonde inquiétude concernant l’utilisation d’écoles à des fins militaires, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants et des enseignants et empêchant les enfants d’avoir accès à l’éducation.
Les membres du Conseil de sécurité exhortent « toutes les parties à tout conflit armé à respecter le caractère civil des écoles » et encouragent les Etats membres des Nations Unies « à prendre des mesures concrètes pour dissuader les forces armées et les groupes armés non étatiques d’utiliser les écoles en violation du droit international ».
Plus de 20.000 violations des droits de l’enfant enregistrées en 2017
Au début du débat, la Représentante spéciale chargée de la question des enfants et des conflits armés, Virginia Gamba, a présenté devant les membres du Conseil le rapport annuel du Secrétaire général sur cette question.
Elle s’est dit profondément choquée devant le nombre « effarant » des violations perpétrées contre les enfants l’année dernière, dont 21.000 documentées par les Nations Unies, une augmentation significative comparée à l’année précédente. La majorité de ces actes ont été commis par des groupes armés, bien que des forces gouvernementales et des groupes armés inconnus aient aussi joué un rôle important.
En Somalie, le groupe Al-Chabab a enlevé 1.600 enfants, menaçant des communautés entières et ciblant les écoles. L’irruption de la violence a aussi tué et blessé des enfants en République démocratique du Congo, en Iraq et au Myanmar, tandis qu’au Nigéria et dans les pays voisins, Boko Haram a utilisé des enfants pour des attentats-suicides contre des militaires et des civils.
Réhabilitation et réintégration, non punition
Mme Gamba s’est inquiétée de la détention d’enfants associés à des groupes armés. « Même si ceux qui sont responsables de graves violations doivent rendre des comptes, n’oublions pas que ces enfants doivent d’abord être traités comme des victimes », a-t-elle dit. Leur détention doit être une mesure de dernier ressort et pour la période la plus courte possible. La réhabilitation et la réintégration, et non la punition, doivent être au centre de nos efforts lorsqu’il s’agit de ces filles et de ces garçons, a insisté la Représentante spéciale.
Mme Gamba a néanmoins tenu à attirer l’attention sur des lueurs d’espoir, dont l’adoption de Plans d’action en République centrafricaine, au Mali, au Nigéria ; la pleine mise en œuvre d’un tel Plan au Soudan et les avancées réalisées par la Colombie dans la protection de l’enfance grâce au processus de paix.
De son côté la Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Henrietta H. Fore, a exhorté les Etats à adhérer à la « Déclaration sur la sécurité dans les écoles », insistant sur son appel à cesser de prendre les enfants pour cibles et de jeter en prison ceux qui ont été associés aux groupes et forces armés.
Les progrès sont possibles, a affirmé Mme Fore, en rappelant que l’armée nigériane a libéré 183 enfants détenus par Boko Haram. Elle a insisté sur leur réintégration sociale à travers l’éducation, la formation, le travail et un soutien psychosocial de qualité.
Source : ONU
https://news.un.org/fr/story/2018/07/1018601