aider votre enfant à coopérer au lieu d’obéir

mer, 06/13/2018 - 01:47 -- siteadmin

La question de l'autorité est au cœur de notre préoccupation d'éducateur et parent. Une part de nous, fantasmée veut le meilleur pour notre enfant: "Je veux l'éduquer dans le dialogue et la bienveillance, pour qu'il ait confiance en lui plus tard" Et une autre part de nous vit une réalité émotionnelle, pris par la fatigue du quotidien, la colère, les explosions, qui font suite à la culpabilité nous donnant un rôle bien différent de celui que l'on s'était imaginé au départ.

Alors comment faire pour aider notre enfant à coopérer, sans passer par ces extrêmes émotionnels?

En quoi la coopération est plus efficace que l'obéissance?

Quand nous voulons que notre enfant nous obéisse, notre intention est ferme et non négociable. Par conséquent, notre posture est tendue et notre ton de voix est fort, voire intimidant. Inconsciemment, nous envoyons un message assez agressif à notre enfant qui peut se traduire de la sorte: il n'y a pas à discuter, tu fais ce que je te dis, non par parce que c'est pour ton bien mais parce que c'est moi qui l'ai décidé. L'enfant ne peut réagir alors que dans la tension par effet miroir.

En fait, votre enfant sent instinctivement quand vous êtes débordée (rougissez, vous êtes nerveuse). Il peut se dire intérieurement: Pourquoi devrais-je me calmer face à mon parent qui est énervé? Comment l'enfant pourrait se calquer sur vous pour apaiser ses propres émotions si vous faites le contraire de ce que vous lui demandez? Les enfants sont nos meilleurs professeurs pour nous apprendre la cohérence.

Alors, quand nous voulons que notre enfant coopère, notre intention est bienveillante. Par conséquent, notre posture est détendue et notre ton de voix est doux voire posé.

Consciemment, nous envoyons un message de contenance à notre enfant qui peut se traduire de la sorte: suis-moi, écoute ce que je te dis, parce que c'est pour ton bien ou parce que cela va te permettre de passer un bon moment (ranger pour jouer ensemble après par exemple). L'enfant réagit alors dans l'imitation et non par contrainte.

Les personnes que l'on écoute sont des personnes qui ne crient pas

Ces personnes ont une voix claire et ferme. Naturellement, nous ressentons que cette personne est sûre d'elle et cela nous donne envie de la suivre. L'enfant n'a donc plus la sensation d'obéir à un ordre sous peine de punition mais de garder le choix en suivant ses envies.

Pour autant, pour amener notre enfant à coopérer il est important d'avoir quelques clefs de communication.

Voici trois astuces qui pourront vous aider.

Préférez le mot "stop" au "non" culpabilisant

Il est toujours plus difficile de dire non ou d'entendre non, que l'on soit enfant ou adulte. Le non est directement associé au rejet pour celui qui l'entend et culpabilisant pour celui qui le dit. Dire le mot stop n'a aucune connotation affective. Il permet de dire non au comportement mais pas à l'enfant directement qui pourrait se sentir mal. Si cela n'était pas suffisant, n'hésitez pas à lui tenir les mains doucement et vous mettre à sa hauteur pour avoir plus d'impact.

Soyez dans l'action pour que votre enfant vous écoute.

Pris dans ses occupations, l'enfant a du mal à s'arrêter quand vous lui demander quelque chose. Il n'est pas capable de vous écouter car il est fasciné par un univers imaginaire dont il est le héros. Par conséquent, pour que vos demandes soient entendues, levez-vous dès la première fois pour entrer physiquement dans son espace, dans son monde, puis prévenez le tranquillement du temps qu'il lui reste. Si vous lui dites de loin, cela ne peut pas marcher car ce n'est pas sa priorité du moment d'une part et que tout comme nous, quand nous sommes hypnotisés par une tâche qui nous plaît ou même un film, nous sommes incapables d'écouter l'autre. Quand vous allez vers votre enfant, il est nécessaire de faire des mouvements d'aller-retour entre deux et trois fois assez rapprochées pour l'aider à émerger de son jeu et créer une sorte de transition entre son monde imaginaire et le monde réel fait souvent de contraintes. La clef est de rester physiquement avec lui sans trop lui parler pour que votre enfant sente que votre intention est ferme mais sans prise émotionnelle.

Prenons une situation où votre enfant joue aux petites voitures.

Etape 1: Je viens vers mon enfant, je pose ma main sur son dos et lui dis posément: "Mon cœur, je vois que tu t'amuses beaucoup, mais je te préviens que, dans cinq minutes, il faudra trouver une fin à ton histoire pour te brosser les dents."

Etape 2: Je me lève une seconde fois trois minutes plus tard, je pose ma main sur son dos ou ailleurs pour lui signifier ma présence avec bienveillance et je lui dis: "Tu te rappelles qu'il faut que tu choisisses une fin à ton histoire il ne te reste que deux minutes, ce n'est pas beaucoup. Dans trois minutes, je reviendrai te chercher et on ira ensemble dans la salle de bain pour te brosser les dents."

Etape 3: Je reste à côté de mon enfant sans bouger pour l'aider à sortir de son histoire. "C'est le moment maintenant, tu me dis comment elle finit?" S'intéresser au monde de l'enfant permet de mieux s'intéresser au nôtre. Garder en tête que votre enfant doit "se relier" à vous pour mieux "se séparer" de ce qu'il est en train de faire sinon il reste relié à ce qu'il est en train de faire. Seul l'affectif peut lui donner envie de sortir du jeu et non votre impatience ou votre colère, ce qui assez cohérent.

La technique du faux choix

Les enfants ont besoin de choisir par eux-mêmes, pour avoir l'impression d'être grands et tout puissants. Pour les nourrir dans ce besoin, vous pouvez utiliser la technique du choix guidé: lui proposer de choisir entre deux solutions. A la fois, cela lui permet de croire que c'est lui qui décide et à la fois votre ton de voix est interrogatif, votre posture est plus neutre. Vous pouvez sentir dans votre propre corps qu'il n'y a pas de tension.

Par exemple, quand vous sentez que votre enfant va faire une bêtise ou un caprice vous pouvez lui dire: "Tu préfères le verre rouge ou jaune?", "Tu veux descendre de cette table tout seul ou en me donnant la main?","Tu préfères te mettre au lit tout seul ou que je reste à côté de toi?"

Pour finir, gardez-en tête que ce n'est pas parce que vous cédez une fois que vous perdez toute autorité!

Reconnectez-vous à vos envies du moment, votre niveau d'énergie et surtout votre bon sens! Il faut savoir parfois mettre le cadre de côté quand vous vous sentez trop fatiguée. Mieux vaut laisser passer une fois que de s'emporter et dire des mots que vous allez regretter. Préférez ne pas passer vos nerfs sur lui, demain, ce sera diffèrent, quand tous les deux vous serez capables de vous écouter pour mieux coopérer.

Source : Huffington Post

https://www.huffingtonpost.fr/florence-millot/3-outils-pour-aider-votre-enfant-a-cooperer-au-lieu-d-obeir_a_23436027/