L’étrange poussée du diabète de l’enfant

ven, 12/22/2017 - 20:14 -- siteadmin

Depuis 2010, l’incidence du diabète de type 1 augmente de 4,5 % par an en France. Une hausse observée dans de nombreux pays développés. Des chercheurs pointent du doigt l’obésité maternelle en début de grossesse.

C’est un phénomène qui trouble les experts en santé publique. Depuis vingt-cinq ans environ, on voit dans de nombreux pays, dont la France, augmenter les cas de diabète de type 1 chez les enfants et les adolescents. Le diabète de type 1 est cette maladie auto-immune qui nécessite des injections quotidiennes d’insuline. De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer cette croissance rapide, très inégale selon les régions du monde, voire selon les pays d’une même région géographique, mais celle de l’obésité maternelle au cours de la grossesse est la plus récente.

D’où l’intérêt de l’étude publiée dans la revue scientifique Diabetologia par des chercheurs suédois des universités de Linköping et de Skane. Ils ont extrait du registre national les 9376 cas de diabète de type 1 diagnostiqués en Suède entre 2000 et octobre 2012 chez des personnes de 19 ans ou moins. Le nombre de malades peut sembler important pour une population de 9 millions d’habitants, mais la Suède est le deuxième pays au monde (derrière la Finlande) en termes d’incidence (nouveaux cas chaque année) du diabète de type 1, soit 43,1 cas pour 100.000 personnes par an. Plus du double de celle de la France où l’incidence était de 19,1 pour 100.000 en 2015.

Parmi les 9376 cas, les chercheurs suédois ont ensuite retenu 3221 enfants ayant un diabète de type 1 pour lesquels ils disposaient également du poids de la mère en début de grossesse ainsi que sa prise de poids au cours de celle-ci. Ils ont comparé ces enfants avec un groupe contrôle constitué de près de 13.000 enfants, nés le même jour et dans la même région du pays. Sans surprise, le facteur de risque le plus puissant apparaît lorsque la mère était diabétique de type 1. Le risque pour son enfant est alors plus que triplé. L’apparition d’un diabète maternel en cours de grossesse (diabète gestationnel) double quasiment le risque pour l’enfant. En revanche, une prise de poids importante au cours de la grossesse n’influence apparemment pas le risque ultérieur de diabète de type 1 de l’enfant. En revanche, les auteurs montrent que le poids de la mère joue tout de même un rôle. «Nous avons découvert que l’obésité maternelle au début de la grossesse augmentait significativement le risque de diabète de type 1 dans la descendance des mères non diabétiques», écrivent-ils. Le risque est accru d’environ 20 %. Ils estiment qu’«étant donné l’épidémie croissante d’obésité, ces résultats soulignent l’importance d’agir préventivement pour réduire le surpoids et l’obésité chez les femmes en âge reproductif afin de réduire l’incidence du diabète de type 1».

«Pas d’explication»

Tout aussi inquiet devant l’augmentation de l’incidence du diabète de type 1 en France (+ 4,5 % d’augmentation annuelle sur la période 2010-2015), qui semble pourtant peu mobiliser les autorités de santé, le Dr Marc de Kerdanet, président de l’association Aide aux jeunes diabétiques (AJD), reste prudent. «À ce stade, cela reste une hypothèse, car le rôle de l’obésité est difficile à isoler des autres paramètres, explique-t-il au Figaro, alors que le message est plutôt que le diabète de type 1 survient par hasard sur un terrain génétique prédisposé.»

«À ce jour, on n’a pas d’explication à l’augmentation de l’incidence de diabète de type 1, explique le Dr de Kerdanet, mais l’hypothèse la plus courante est celle de l’hygiénisme. Le système immunitaire a besoin d’être confronté à des microbes pour apprendre à distinguer le Soi du Non-soi. Lorsqu’on vit dans un environnement trop aseptisé et que l’on est prédisposé à une vulnérabilité au diabète de type 1, le risque serait augmenté.» C’est aussi l’hypothèse avancée pour expliquer l’augmentation des maladies auto-immunes dans les pays occidentaux. «L’autre hypothèse est celle d’un rôle des infections, notamment celles causées par des entérovirus de type coxsackie virus B», ajoute le Dr de Kerdanet. «Cela pourrait expliquer le caractère saisonnier, avec une augmentation, autour des mois de janvier, février, des cas de diabète de type 1», observe le Dr Carine Choleau, codirectrice de l’AJD. La piste de l’obésité maternelle est donc une hypothèse, une de plus, à explorer.

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/l-etrange-poussee-du-diabete-de-l-enfant/