Les premiers signes d'une souffrance à l'école sont souvent la perte d'appétit au petit déjeuner et les attaques de panique à chaque retour de vacances ou le dimanche soir.
Alors que la rentrée scolaire approche à grand pas, l'association Phobie scolaire conseille les parents quant à comment détecter les signes de harcèlement scolaire et que faire pour protéger leur enfant.
Les signes
En général, les enfants harcelés n'en parlent pas à leurs parents pour des raisons diverses: peur de les inquiéter, honte, impression que tout va empirer s'ils interviennent... Il est donc important d'identifier les signes qui traduisent une situation de harcèlement.
Les premiers signes d'une souffrance à l'école sont souvent la perte d'appétit au petit déjeuner –due à la boule au ventre- et les attaques de panique à chaque retour de vacances ou le dimanche soir.
Plus généralement, un enfant qui change de comportement (agressivité, troubles du sommeil, tristesse, dépression, repli sur soi, utilisation intensive de jeux vidéos, scarification) ou dont les résultats scolaires chutent brutalement doit attirer l'attention.
Un autre signe fréquent concerne la perte ou le vol d'affaires.
Pour savoir ce qui se passe, posez des questions précises. Demandez à votre enfant si quelqu'un l'embête à l'école. Utilisez un film ou un livre pour aborder le sujet. Par exemple, en disant "on rediffuse Marion 13 ans pour toujours à la télé ce soir, tu veux le regarder avec nous?".
Cela ne suffit pas toujours. Il faut tenter de "lire entre les lignes" quand l'enfant a un comportement inhabituel:
Ne pas hésiter à voir un psychologue qui aidera à mettre des mots sur la situation.
Interroger aussi les enseignants, les parents délégués, les meilleurs amis ou leurs parents. Utiliser alors une communication douce: "je suis très ennuyée de ce que j'ai appris, j'aimerais qu'on puisse faire le point entre adultes car je ne sais pas comment comprendre ce que mon enfant m'a rapporté. Je voudrais avoir votre aide".
Si les parents ne se sentent pas écoutés ou s'ils perçoivent un parti pris à l'encontre de leur enfant, il faut contacter le rectorat et demander la cellule qui s'occupe du harcèlement. Ces personnes peuvent intervenir pour soutenir une équipe en difficulté ou servir de médiateur. Elles ont reçu une formation spécifique et gère les formations sur le territoire de l'académie.
Témoignages de parents
Nous avons recueilli sur notre page Facebook des témoignages de parents dont un enfant a été victime de harcèlement:
"A son entrée en 4ème, au bout de quinze jours elle est devenue triste, chose que je ne connaissais pas venant de ma fille, elle mangeait moins, devenait agressive, elle avait changé sa façon de s'habiller, toujours en jean avec un long gilet, mal être dans son corps. Elle pleurait facilement."
"Rater les cours du matin. Rater les cours où il y avait de l'oral (musique, espagnol), malade d'aller en sport, à la cantine. Ne pas aimer aller en cours l'après-midi si cours ratés le matin car peur de se faire remarquer. Se trouver très moche et déprimer. Ne pas mettre de t-shirt manches courtes, pour cacher les scarifications."
"Repli sur soi... envie subite de ne plus manger à la cantine, sinusites et entorses à répétition, difficulté à se lever le matin, notamment certains jours correspondant à des cours où cela se passait particulièrement mal. Problème d'estime de soi, conviction d'être horrible physiquement, difficultés à s'habiller (on va se moquer de moi). "
"Mon fils est devenu très colérique et agressif envers lui-même et moi, ne mangeait plus avec des maux de ventre et constipation. Il voulait se jeter par la fenêtre. Il me disait toujours qu'il ne supportait pas la séparation d'avec son père 4 ans plus tôt."
"Mon fils était toujours malade, crise d'asthme à répétition, réapparition d'un reflux gastrique, problème d'intestin, fièvre, mal au dos. Il avait beaucoup d'absences. Puis les crises de spasmophilie ont commencé, il ne voulait plus se lever le matin, partait sans se coiffer ni bien s'habiller alors qu'auparavant son apparence physique était très importante. Il jouait de plus en plus aux jeux vidéos et sortait de moins en moins, allait peu au tennis qui est sa passion. Beaucoup de colère et d'agressivité, plus envie de rien. Puis les attaques de panique sont arrivées et il fallait l'obliger à monter dans la voiture pour le conduire au collège, le pousser à y rentrer (avec tête baissée et capuche sur la tête) jusqu'au jour où en février il n'a plus pu y mettre un pied. Dépression et idées noires."
"Des petits mots qui prennent sens plus tard mais passent inaperçus sur le moment: "la maîtresse m'a dit que j'étais hypersensible, c'est grave?", "comme je suis sage, la maîtresse envoie toujours l'élève qui perturbe la classe à coté de moi", "à la cantine, une fois, on a oublié de me servir".
"Pour ma fille c'est d'abord elle qui a minimisé. C'est juste une fille qui l'embêtait. Et c'est devenu récurent. Des remarques sur ses habits, à chaque fois qu'elle intervenait en classe. Elle en parlait très peu. Et puis un jour, à table, c'est venu comme un cri du cœur: "Oh, j'en ai marre d'... ! Elle n'arrête pas de me faire des remarques!" Et là elle raconte. Elle n'avait pas réalisé mais d'un coup, ça a percuté."
Que faire?
Dr. Nicole Catheline, spécialiste de la question du harcèlement, donne les conseils suivants:
1. A son enfant, il faut dire que l'on va rencontrer les adultes et qu'on le tiendra au courant. Il faut se garder de promettre vengeance et surtout il faut éviter autant que faire se peut de régler la situation par soi-même auprès de l'harceleur et a fortiori de ses parents car cela risque d'envenimer la situation et de voir s'étendre le harcèlement. Par ailleurs cela envoie à l'enfant un message qui légitime l'intimidation, ce que l'on veut précisément éviter.
2. Il ne faut donc pas se précipiter sur le changement d'établissement, qui n'a d'intérêt qu'après une analyse fine et prolongée des tous les composantes de la situation et s'accompagner toujours d'un autre type de changement: inscription à une nouvelle activité, changement de l'organisation de la vie familiale pour être plus présent le soir par exemple, ou lui permettre de faire des activités.
3. Attention de ne pas trop vite évoquer "seulement" une phobie scolaire -la phobie est dans ce cas la solution "trouvée" par l'adolescent pour éviter l'école devenue véritablement trop anxiogène. Beaucoup d'enfants préfèrent dire qu'ils sont phobiques scolaires plutôt que harcelés.
Pour Berengère Berte, auteure d'un blog sur le harcèlement il faut:
1. Demander de l'aide. Il existe un numéro d'appel national, le 0808 807 010.
2. Essayer de mettre vos émotions de côté quand votre enfant vous parle de son harcèlement. Demandez-lui ce qu'il veut que vous fassiez et tenez-en compte. Demandez-lui aussi ce qu'il pense pouvoir faire pour que le harcèlement cesse: il peut très bien avoir des idées à ce sujet.
3. Ne culpabilisez pas votre enfant. N'importe quel élève peut être harcelé au cours de sa scolarité. Ne lui dites pas: "si tu te faisais des copains, ça n'arriverait pas" ou "t'aurais dû l'ignorer, c'est tout."
4. Soulignez les choses positives qu'il a faites en situation de harcèlement. Dites-lui, par exemple: "je te félicite d'avoir gardé les preuves" ou "c'est bien d'avoir alerté".
Source : Huffington Post