Mourir de noyade bien après avoir bu la tasse, c’est possible, du fait de complications respiratoires.
Francisco Delgado, 10 ans, se baignait tranquillement avec ses parents il y a deux semaines. En sortant de l’eau, le jeune Américain ressent des douleurs au niveau de l’estomac. Les parents rapportent au journal EyewitnessNews qu’ils n’y ont pas tout de suite fait attention. Une semaine plus tard, l’enfant se tord de douleur. Il décédera quelques heures plus tard à l’Hôpital régional de Houston (Texas).
L’autopsie devra confirmer les causes de la mort mais il pourrait s’agir d’une «noyade sèche», c’est-à-dire des complications respiratoires suivant une noyade, avance le journal.
Cette histoire tragique rappelle en effet que la noyade ne s’arrête pas forcément lorsque l’enfant, ou l’adulte, sort de l’eau et semble se remettre rapidement. «Boire la tasse» ou avoir un léger traumatisme respiratoire lors d’une baignade, peut, dans des cas très rares, engendrer une irritation ou une infection des poumons.
Irritation et infection
«Cela fonctionne comme lorsque nous prenons un coup sur le bras par exemple. La partie de la peau traumatisée a tendance à gonfler un peu. De même, lorsque les poumons sont irrités, les alvéoles bronchites ont tendance à gonfler, rendant plus difficile l’échange d’oxygène», illustre Tarak Mokni, médecin urgentiste au Centre hospitalier de la Côte Basque (Bayonne).
Le risque est également que le surfactant, substance présente dans les alvéoles pulmonaires et qui sert à l’échange entre les poumons et le sang, soit produit en plus grande quantité, inondant ainsi les poumons.
«L’eau inhalée peut enfin infecter les poumons, analyse le Dr Tarak Mokni, et si l’enfant ou l’adulte présente une toux ou de la fièvre dans les 24 à 48h, cela peut être dû à une infection.»
Dans le doute, les urgences
En général, les symptômes comme la toux, les difficultés respiratoires ou la fièvre, se déclarent dans les heures qui suivent. «Malheureusement, mais c’est normal, les parents, qui n’ont pas connaissance des complications possibles, mettent les problèmes respiratoires de l’enfant sur le compte de la fatigue et se disent qu’il va récupérer», analyse le Pr Pierre Michelet, chef du service des urgences Timone 2 à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM).
Il ajoute: «Dans la prise en charge de la noyade, dès lors qu’il y a un doute, il faut amener l’enfant aux urgences. Une fois détectée, l’irritation pulmonaire est traitée grâce à la mise sous oxygène de l’adulte ou de l’enfant, et en 12 heures, les poumons récupèrent tous seuls.» Lorsqu’il y a infection, la mise sous antibiotique est prescrite.
En France, aucun chiffre n’existe sur ces noyades à retardement, trop compliquées à qualifier avec précision dans la mesure où elles résultent de complications. Les enfants, en raison de leur système pulmonaire moins mature, sont plus à même de développer ces complications. «Mais le médecin peut facilement être induit en erreur car ils ne savent pas forcément bien verbaliser ce qui va mal», explique Guillaume Barucq, médecin généraliste et gérant du site surf prévention (Biarritz).
Être vigilant
Les consignes de prévention sont les mêmes que pour toute noyade: «Ne quittez jamais l’enfant des yeux. Un enfant n’est pas suffisamment autonome dans l’eau ou au bord avant 7 ou 8 ans. Même s’il a pris des cours de natation, il ne faut pas hésiter à lui mettre des moyens de flottaison, ou un gilet de sauvetage», prévient le Dr Barucq.
Selon une enquête réalisée en 2012 par l’agence Santé Publique France, près de 1300 noyades accidentelles avaient été enregistrées, provoquant 497 décès. La majorité des noyades étaient survenues en mer (214 décès), en cours d’eau ou en piscine privée.
Source: Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/noyade-a-retardement-un-risque-rare-mais-reel