A l'occasion d'un débat au Conseil de sécurité sur la violence sexuelle dans les conflits, la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed, s'est félicité lundi que la façon dont on considère cette violence ait changé et a appelé à s'attaquer aux causes profondes de ce fléau.
« La violence sexuelle dans les conflits n'est plus considérée comme 'purement une question féminine' ou comme un 'moindre mal' dans une fausse hiérarchie des violations des droits de l'homme », a souligné Mme Mohammed lors de débat.
« Au lieu de cela, elle est à juste titre considérée comme une menace légitime pour la sécurité et la paix durable qui exige une réponse sécuritaire opérationnelle et une réponse judiciaire, en plus d'assurer des services multidimensionnels pour les survivantes de ces crimes », a-t-elle ajouté.
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a accordé la priorité à la prévention, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale. Un cadre législatif solide existe désormais, notamment une série de résolutions précises du Conseil de sécurité qui apportent de nouveaux outils pour stimuler les changements et les progrès.
Selon Mme Mohammed, l'on observe une plus grande appropriation nationale, un plus grand leadership et une plus grande responsabilité. Davantage de gouvernements s'engagent formellement à agir. Les organisations régionales travaillent avec les Nations Unies pour compléter cet effort.
Cependant, la réalité pour les populations vulnérables dans de nombreuses situations demeure une préoccupation, notamment au Soudan du Sud, où les violences sexuelles constituent une tactique de guerre utilisée pour terroriser et persécuter les populations.
La violence sexuelle est de plus en plus utilisée comme tactique de terrorisme, employée par des groupes extrémistes en Iraq, en Syrie, au Yémen, en Somalie, au Nigéria ou au Mali pour faire progresser leurs objectifs militaires, économiques et idéologiques.
Le Conseiller spécial sur la prévention du génocide, Adama Dieng, a également souligné que les violences sexuelles sont utilisées comme tactique de guerre et de terrorisme, comme outils de déshumanisation et de honte, ainsi que comme armes pour punir et persécuter.
La violence sexuelle est un crime qui transforme les victimes en parias, casse les familles et détruit la structure des communautés, a déclaré M. Dieng. « L'opprobre tue », a-t-il martelé en citant les crimes d'honneur, les suicides ou encore les avortements qui ne sont pas pratiquées en toute sécurité.
La honte fait partie intégrante de la logique du viol, car cette pratique attaque l'individu mais aussi les relations collectives. Il a donc jugé nécessaire de réorienter la honte des violences sexuelles : celle-ci ne doit pas peser sur les victimes mais sur les auteurs de ces crimes.
Selon M. Dieng, les récits de crimes de violence sexuelle contre les communautés yézidies montrent que nous sommes peut-être en présence de génocide. Il a en même temps observé qu'aucun militant de Daech n'avait fait face à un procès pour violences sexuelles.
Au Soudan du Sud, l'impunité a conduit à la normalisation de comportements extrêmes de violence, dont les violences sexuelles liées au conflit, a-t-il ajouté. Il a aussi rappelé que certains responsables de viols en réunion commis en RDC continuent à commettre des viols et autres atrocités.
Il revient aux gouvernements nationaux de protéger les citoyens, a rappelé M. Dieng, avant de recommander une réaction multidimensionnelle et transversale face à la violence sexuelle. Il a regretté que le manque d'infrastructures et d'expérience des pays affaiblisse cette réaction.
Source: UN
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