Manquer de ce minéral peut entraîner une hyperexcitabilité neuromusculaire, source de comportement hyperactif. Les explications du Dr Marianne Mousain-Bosc, pédiatre.
Le magnésium est essentiel au fonctionnement de notre organisme. Il stimule plus de 300 enzymes, ces protéines qui permettent l'activation ou l'accélération de réactions biochimiques. Il est indispensable à toutes les fonctions du corps qui nécessitent une dépense d'énergie : croissance, contraction musculaire, thermorégulation, adaptation au stress, réparation des cellules, fonctionnement cérébral… « Son action sur le système nerveux central est également capitale, explique le Dr Mousain-Bosc, car il régule l'activité des neurotransmetteurs », ces molécules chimiques qui assurent la transmission des messages d'un neurone à l'autre. « Or, une carence accroît leur libération – notamment celle de noradrénaline, hormone du stress – et l'excitabilité des cellules. Chez l'enfant, cela peut entraîner une excitation neuromusculaire excessive avec, à la clé, un comportement "hyperactif". »
Agressivité, fatigue, tics… des signes d'alerte
Difficulté à tenir en place, élans d'agressivité aussitôt regrettés… voilà quelques-unes des manifestations qui doivent alerter. En classe, l'enfant pourra souffrir de troubles de l'attention, de la concentration et de la mémoire. « Une étude** révèle en effet que le magnésium participe aux connexions neuronales impliquées dans les processus de mémorisation et d'apprentissage », signale la pédiatre. Autres signes associés : troubles du sommeil, fatigue inexpliquée, grande émotivité, anxiété, tics…
Pratiquer un dosage pour confirmer le diagnostic
Le dépistage d'une hyperactivité liée à un déficit en magnésium passe par un interrogatoire clinique. Lorsqu'une carence occasionne de tels troubles, on retrouve le plus souvent une origine génétique. En cause ? Une anomalie du transport du magnésium dans la cellule. Il faut donc chercher du côté de la famille des antécédents : une maman spasmophile, nerveuse, ou qui a souffert d'hypertension artérielle pendant sa grossesse ; un papa émotif, anxieux, qui avait du mal à se concentrer à l'école… On évaluera aussi, chez l'enfant, la charge de stress – ce dernier accentuant la fuite du minéral par les reins. « Il peut s'agir d'un stress émotionnel (décès, divorce…), physique (excès de sport…), auditif (exposition au bruit…) ou encore en relation avec un emploi du temps surchargé… », poursuit le Dr Mousain-Bosc. Le diagnostic pourra alors être confirmé par un dosage sanguin du magnésium globulaire ou érythrocytaire, dont le taux doit être supérieur à 2,5 millimoles/litre.
Un "test thérapeutique" en première intention
Lorsqu'un déficit en magnésium est suspecté d'être à l'origine de l'hyperactivité, il convient de procéder à un « test thérapeutique ». En clair, on administre à l'enfant, pendant deux ou trois mois, 5 mg/kg/jour de magnésium, associé à de la vitamine B6 qui en facilite l'assimilation. Après deux ou trois semaines, ce traitement doit améliorer les symptômes et devrait être proposé en première intention face à un tableau d'hyperactivité, avant toute prescription de méthylphénidate (Ritaline, Concerta, Quasym). « Ces médicaments appartiennent à la classe des stupéfiants. En 2011, ils ont été classés dans la liste des produits "sous surveillance renforcée" en raison des importants effets secondaires qu'ils peuvent occasionner », prévient la spécialiste. Adoptée sur le long terme, voire à vie en cas de résultats positifs, la supplémentation en magnésium nécessite d'être adaptée en fonction de l'activité de l'enfant avec, par exemple, un renforcement en période d'examens. Au quotidien, on limitera aussi les sources de stress : sports intenses, pression scolaire…
Source : Femina
http://www.femina.fr/Famille/Enfant/Enfants-Le-magnesium-un-remede-a-l-hyperactivite-864664