En 2016, la Fédération française de cardiologie avait alerté sur le fait que les enfants avaient perdu 25 % de leurs capacités cardio-vasculaires en quelques années. Un chiffre qui avait marqué les esprits. Mais ceux dévoilés cette année ne sont guère plus réjouissants. « On sait désormais qu’un enfant sur deux bouge au moins une heure par jour, ce qui veut dire qu’il y en a un sur deux qui ne le fait pas, confie Luc-Michel Gorre, responsable de la communication de la fédération. Et plus on monte en âge, moins on en fait. À l’adolescence, seuls 14 % des garçons et 6 % des filles pratiquent une activité physique : ce sont des chiffres vraiment très bas. »
Pour la campagne de prévention 2017, l’accent a donc encore été mis sur les jeunes à travers un clip vidéo montrant des enfants qui se font des petits bobos en pratiquant des activités physiques mais avec le message final que ces petites blessures ne sont rien en comparaison des ravages de la sédentarité. « On a délibérément décidé d’agir là-dessus car les enfants sont un enjeu majeur, insiste Luc-Michel Gorre. Les premiers retours sur cette campagne vidéo ont été positifs, les gens sont d’accord avec le message véhiculé. »
Casser les mauvais réflexes
Prendre conscience des réalités est une chose, transformer ces habitudes en est une autre. « Il faut casser les mauvais réflexes. Il y a plein de petites astuces qui permettent de se bouger facilement : rester debout quand on téléphone, prendre l’escalier, descendre une station avant ou après son arrêt quand on prend le bus ou le métro, emmener les enfants à l’école à pied. »
Sur ce dernier point, les statistiques sont également édifiantes : moins de trois enfants sur dix vont à l’école à pied, seulement 4 % y vont à vélo, ce qui veut dire que pour l’immense majorité, les parents les conduisent et viennent les rechercher en voiture, même pour les collégiens. « Quand on étudie les comportements, l’utilisation de la marche pour se rendre à l’école n’a cessé de baisser depuis 1982 et celle de la voiture n’a inversement fait que progresser, poursuit Luc-Michel Gorre. Et pourtant, la majorité des enfants vivent à moins de 2 km de leur établissement scolaire. »
Trop de temps devant les écrans
En parallèle, le temps passé devant les écrans (télévision, tablettes, consoles de jeux…) augmente sans cesse. Pour les 3-17 ans, c’est en moyenne 3 heures par jour et il y a un pic de sédentarité chez les 13-18 ans qui passent en moyenne 4 h 30 par jour devant les écrans en semaine et 6 heures le week-end. « Il y a trente ans, les enfants rentraient de l’école et allaient tout de suite dehors pour jouer au football. Aujourd’hui, ils sont avachis dans le canapé, déplore Luc-Michel Gorre. Dans le métro, les jeunes se précipitent sur les places assises, on voit même des parents rester debout pour asseoir leurs enfants et on ne parle pas des petits mais bien des 10-12 ans. Les enfants ne sont pas aidés par leurs parents car il n’y a pas que l’activité physique, il y a aussi l’alimentation. »
Afin de sensibiliser davantage les parents, la Fédération française de cardiologie a émis le souhait de travailler en commun avec les associations de parents d’élèves. Sur le plan scolaire, les choses vont plutôt dans le bon sens. Le parcours éducatif de santé se met en place progressivement dans les établissements : une loi est passée, ce qui oblige les établissements à l’appliquer. « C’est une bonne chose pour nous car le parcours du cœur scolaire est du coup un outil idéal, se réjouit le responsable de la communication. On a réalisé un guide pédagogique de 200 pages avec des exemples de ce qui peut être proposé. Des passerelles sont faites entre des programmes scolaires et les activités des parcours du cœur scolaires. »
Ces derniers se développent fortement dans notre région depuis quatre ou cinq ans et la majorité des établissements qui se lancent continuent les années suivantes. Toutes ces actions ne sont hélas pas suffisantes car il y a toujours, dans les Hauts-de-France, une mortalité cardio-vasculaire prématurée bien supérieure à la moyenne nationale. « Chacun doit se responsabiliser sur sa propre santé et ne pas attendre d’être malade pour se prendre en main, conclut Luc-Michel Gorre. Il est temps de se bouger car on va malheureusement arriver, pour la première fois depuis très longtemps, à la naissance d’une génération dont l’espérance de vie sera inférieure à celle de leurs parents. »
Source : La Voix Du Nord