Alors que le gouvernement présente ce mercredi un plan pour lutter contre les violences faites aux enfants, Chantal Zaouche-Gaudron, professeure de psychologie à l’université de Toulouse et auteure de l’ouvrage Exposés aux violences conjugales, les enfants de l’oubli (édition Eres), explique à Ouest France en quoi les violences conjugales peuvent altérer le développement physique et affectif de l’enfant.
Qui sont ces « enfants de l’oubli » ?
Dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux enfants, ceux qui sont reconnus comme victimes sont ceux qui ont été directement visés par de la maltraitance, physique ou psychologique. Mais on oublie tous ceux exposés à ces violences, notamment dans la sphère familiale. Or, les enfants confrontés aux violences conjugales de leurs parents peuvent présenter les mêmes troubles que ceux qui les subissent.
Comment l’enfant perçoit-il cette violence ?
L’enfant sait très bien différencier violence et conflit. Et dès la petite enfance. On estime qu’un enfant sur deux exposés à des violences à moins de 5 ans. Il sait vite décrypter les moments de tension. L’exposition n’est pas que de voir ou entendre, mais aussi de percevoir. Même dans la vie intra-utérine, la violence peut être ressentie.
Comment déceler la souffrance ?
C’est compliqué car cette violence ne se voit pas. L’enfant ne présente pas de coups, mais sa tête est pleine d’horreurs. Face aux violences, il se sent aussi humilié que le parent maltraité. Sa place est terrible car mêlée d’envie de protéger, de crainte, mais également d’amour pour le parent violent.
Il peut présenter des troubles du développement physique, affectif et cognitif. Il y a donc urgence à reconnaître aussi à ces enfants le statut de victime. En France, nous sommes en retard sur leur prise en charge contrairement aux pays anglo-saxons. Il faut former et sensibiliser les professionnels de santé, du secteur scolaire et social.
Source : Ouest France