Deux fillettes se sont fait exploser ce matin dans un marché très fréquenté de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, faisant au moins un mort et 18 blessés, selon un bilan officiel. Selon Abdulkarim Jabo, un membre des milices civiles de la capitale du Borno qui était présent sur place, les kamikazes devaient avoir "7 ou 8 ans". "Les fillettes sont descendues d'un pousse-pousse et sont passées devant moi sans trahir une quelconque émotion", a raconté le témoin.
"J'ai essayé de parler à l'une d'elle en haoussa et en anglais, mais elle n'a pas répondu. Je pensais qu'elles cherchaient leur mère", a rapporté M. Jabo. "Elle s'est dirigée vers des vendeurs de volailles et a déclenché sa ceinture d'explosifs". La deuxième explosion a été déclenchée alors que des vendeurs du marché apportaient de l'aide aux blessés.
Ce double attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat mais le procédé utilisé est celui du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, qui a souvent eu recours à des femmes et des jeunes filles pour perpétrer des attaques contre la population.
Au moins 45 personnes ont été tuées et 33 ont été blessées dans un double attentat suicide mené vendredi par deux femmes dans un marché de Madagali (Etat d'Adamawa), ville proche de la forêt de Sambisa, un des bastions de Boko Haram.
Boko Haram a déjà eu recours à des enfants pour mener des attentats-suicide, en février 2015 dans la ville de Potiskum (Etat de Yobe) et dans une double attaque manquée en juillet 2014 à Funtua (Etat de Katsina, nord-ouest). Les kamikazes étaient âgées respectivement de 8, 10 et 18 ans.
Selon les ONG de défense des droits de l'Homme, plusieurs milliers de femmes et de jeunes filles ont été enlevées depuis le début du conflit. Les 219 lycéennes de Chibok, enlevées en avril 2014, sont devenues le symbole de ces kidnappings massifs. Boko Haram en fait des esclaves sexuelles ou des bombes humaines, tandis que les garçons et les hommes sont enrôlés de force. Human Rights Watch a révélé début août que 10.000 jeunes garçons, "parfois même de 5 ans", étaient toujours portés disparus. En novembre 2014, 300 enfants ont ainsi été enlevés à leurs parents dans la ville de Damasak, dans l'Etat du Borno.
Source : Le Figaro