Alors qu'une fragile reprise se poursuit en République centrafricaine, plus de 850 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, sont encore loin de chez elles, qu'elles soient déplacées internes ou réfugiées dans les pays voisins, a expliqué aujourd'hui l'UNICEF.
L'insécurité qui perdure depuis le conflit a empêché la plupart des 920 000 personnes déplacées début 2014 de retrouver leur foyer. Aujourd'hui, 383 000 d'entre elles restent déplacées au sein du pays tandis que 468 000 autres ont cherché refuge au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo et au Congo. Le Cameroun accueille plus de la moitié de ces réfugiés.
« Lorsque les enfants retourneront dans leurs communautés une fois le niveau de sécurité suffisant, ils devront y trouver des écoles et des cliniques », affirme Christine Muhigana, Directrice adjointe de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et Afrique centrale. « La reprise passe inévitablement par l'accès à la santé et à l'éducation, qui sont aussi les bases de la construction d’un avenir en paix. »
La violence et les déplacements à grande échelle ont particulièrement mis en danger la santé des enfants et les ont exposés aux risques d'exploitation et d'abus. Plus d'un tiers d'entre eux ont été déscolarisés et 41 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. On estime qu'entre 6 000 et 10 000 enfants ont été recrutés par des groupes armés depuis 2013.
« Le pays va mieux à présent », se réjouit Christine Muhigana. « Il reste quand même l'un des pays les plus dangereux pour les enfants et le regain de violence menace d'ébranler les signes de progrès. »
Tout récemment, des poussées de violence ont contraint plusieurs organisations non gouvernementales à réduire considérablement leurs interventions dans plusieurs régions du pays, ce qui a ralenti l'avancée du plan de relèvement national. Une attaque sur le camp de déplacés de Kaga Bandoro le mois dernier a causé la mort de 37 civils, parmi lesquels des éducateurs qui participaient à un programme soutenu par l'UNICEF.
Les responsables de l'aide se réunissent à Bruxelles le 17 novembre pour analyser les progrès en matière de relèvement et chercher des financements supplémentaires pour poursuivre leurs programmes. Les dirigeants de la République centrafricaine plaideront pour un programme d'aide de 3 milliards de dollars auprès des donateurs mondiaux, notamment l'Union européenne, la Banque mondiale et les Nations Unies.
L'UNICEF demande aux dirigeants centrafricains et aux donateurs mondiaux de faire des enfants la priorité du plan de relèvement en mettant en avant des services sociaux élémentaires comme la santé et l'éducation pour les plus vulnérables. Il fait également remarquer que seul un plan de relèvement équilibré plaçant l'équité au cœur de ses principes de base pourra donner naissance à une paix durable.
Les inégalités économiques ont joué un rôle de premier plan dans les premières poussées de violence et dans le conflit en 2012. Les tensions ethniques et les possibilités divergentes offertes aux populations urbaines et rurales ont nourri les ressentiments qui perdurent aujourd'hui. Les questions de justice, de protection et la lutte contre la corruption sont essentielles pour construire un pays qui protège ses citoyens et fait respecter la loi.
En collaboration avec le gouvernement et des partenaires, l'UNICEF renforce le système éducatif, en 2016, par la formation de plus de 1 300 enseignants et la construction ou la réparation de 172 écoles, grâce aux financements de l’Union européenne et du Partenariat mondial pour l’éducation. Les projets en cours doivent être étendus pour renforcer les soins primaires, améliorer l'accès à une eau propre et offrir un soutien psychosocial aux enfants victimes de violence.
Les efforts pour toucher tous les enfants de République centrafricaine sont limités par le sévère manque de fonds. Sur les 55,6 millions de dollars nécessaires en 2016 pour fournir les services élémentaires aux enfants du pays, seulement 20,4 millions de dollars ont été perçus. Le manque de financement de nombreux projets a donc affecté leur efficacité.
Source: UNICEF