Bien que les définitions de ce terme ne se recoupent pas toujours, l’étude de l’ONU sur la violence contre les enfants (2006) établit la liste des pratiques traditionnelles néfastes (PTN) suivantes :
Mutilations génitales féminines (parties génitales féminines coupées) ;
Abus sexuel d’enfants, qui incluent les mariages forcés ou précoces des filles ;
Crimes d’honneur lorsque des femmes sont exécutées au nom de « l’honneur » de la famille, par exemple, pour avoir eu des rapports sexuels en dehors du mariage, ou pour ne pas s’être pliées à un mariage arrangé.
L’article 24(3) de la Convention sur les droits de l’enfant oblige les Etats Parties à « prendre toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants ».
L’article 21 de la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l'enfant oblige les Etats parties à : « … prendre toutes les mesures appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques négatives sociales et culturelles qui sont au détriment du bien-être, de la croissance et du développement normal de l’enfant, en particulier :
Les coutumes et pratiques préjudiciables à la santé, voire à la vie de l’enfant, et Les mariages d’enfants et la promesse de jeunes filles et garçons en mariage sont interdits et des mesures effectives, y compris des lois, sont prises pour spécifier que l’âge minimal requis pour le mariage est de 18 ans et pour rendre obligatoire l’enregistrement de tous les mariages dans un registre officiel ».
Article 5 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (Protocol Maputo), adopté en 2003, oblige les Etats « à interdire et condamner toutes les formes de pratiques néfastes qui affectent négativement les droits humains des femmes et qui sont contraires aux normes internationales ».
L’étude de l’ONU sur la Violence contre les Enfants (2006) met l’accent sur le fait que la nature des PTN change. Une enquête réalisée en 1998 en Ethiopie par le Comité national des pratiques traditionnelles néfastes a permis d’établir que l’uvulectomie (ablation de la chair de la partie mole du palais, au fond de la bouche) était pratiquée sur 84 pour cent des enfants, et l’extraction des dents de lait sur 89 pour cent d’entre eux. « Ces opérations risquent d’être effectuées en utilisant des instruments non-stérilisés, ce qui peut provoquer d’éventuelles infections », poursuit l’étude.
L’étude observe également que dans les pays d’Afrique de l’Ouest, dont la Mauritanie, le Niger et le nord du Mali, certains parents nourrissent de force leurs jeunes filles, âgées de 5-10 ans, dans le but d’accélérer leur développement physique, de les rendre rondouillettes, telles des jeunes filles d’un âge mûr, elles deviennent ainsi « attirantes pour les hommes ». Dans l’étude, l’argument suivant est avancé : « ceci risque d’avoir des conséquences tragiques pour ces femmes, comme le rejet par leurs maris lorsqu’ils découvrent qu’elles n’ont pas de menstruations et qu’elles ne peuvent pas procréer, ou l’obésité associée à des problèmes de santé plus graves qui surviennent plus tard : les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et le diabète ».
Mutilations génitales féminines (MGF)
D’après des estimations faites par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une fourchette de 100 à 140 millions de femmes et de fillettes du monde entier auraient été victimes d’une forme quelconque de MGF. D’un jeune âge jusqu’à l’adolescence, les filles sont excisées comme préalable au mariage. Ce type d’excision génitale inclut généralement l’ablation du clitoris. Il est expliqué dans l’étude de l’ONU que « les MGF sont considérées comme une protection de la virginité, un processus d’embellissement, et dans bon nombre de cultures, elles représentent une précondition essentielle au mariage ».
Ce sont dans les pays de la corne de l’Afrique (la Somalie, l’Ethiopie, l’Erythrée et Djibouti), puis en Egypte et au Soudan, et en Afrique de l’Est et de l’Ouest, que les MGF sont le plus répandues. Des cas ont également été enregistrés dans d’autres contrées au Moyen-Orient et en Asie. Les MGF sont généralement exercées que par certaines populations de ces pays, au Nigéria par exemples, presque 60 pour cent des filles des provinces du sud et seul deux pour cent de celles du nord sont victimes de ces pratiques.
Certains féministes avancent l’argument qu’en se focalisant sur le fait que ce soient des pratiques traditionnelles néfastes « non-occidentales », on oublie que ces pratiques culturelles préjudiciables auxquelles sont assujetties les femmes se déroulent également dans les pays dits développés.
Comment lutter contre ?
Pour commencer, des lois devront être mises en place qui interdisent ces pratiques traditionnelles néfastes. Cependant, certains auteurs remettent en cause l’efficacité des approches juridiques et des droits de l’homme, qui n’occasionnent pas toujours une bonne compréhension des pratiques, y compris de la raison à l’origine de leur utilisation. Dans son Observation générale n° 4 sur la santé des adolescents, le Comité des droits de l’homme déclare que :
« les États Parties prennent toutes les mesures nécessaires pour faire cesser les actes et activités qui menacent le droit à la vie des adolescents, y compris les crimes d’honneur. Le Comité prie instamment les États parties à élaborer et mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation, des programmes d’éducation et des dispositions législatives visant à faire évoluer les mentalités et à modifier les rôles traditionnellement dévolus aux hommes et aux femmes et les stéréotypes qui favorisent la persistance de pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé. En outre, les États parties devraient favoriser la mise en place de centres d’information et de conseils pluridisciplinaires concernant les dangers de certaines pratiques traditionnelles, y compris les mariages précoces et les mutilations sexuelles féminines ».
Ras-Work (2006) fait bon nombre de recommandations, dont des interventions de recherche pour identifier quelle serait la meilleure approche à suivre dans certaines situations en ce qui concerne des formes de violence traditionnellement condamnées, qui assurent l’engagement du gouvernement aux niveaux de la création des politiques et des programmes. Ceci, dans le but d’agir de façon durable, de manière à toucher la population entière. Il serait également nécessaire de former des agents de la loi sur la prévention et la gestion de la violence.
Source : CRIN