Les Roms sont la plus grande minorité éthnique en Europe, comptant huit à dix millions de personnes, mais ils sont aussi l’une des minorités les plus désavantagées. Ils ont migré de l’Inde à l’Europe dans la première partie de ce millénaire en emportant avec eux leurs langues (le Romani, lié au Hindi) et leurs traditions culturelles. Les Roms dans les pays germanophones sont connus sous le nom de Sinti.
Le nom de “gitan”, plus couramment utilisé dans les pays anglophones pour désigner les Roms, vient d’une déformation d’un mot égyptien, en raison d’une croyance erronée selon laquelle les Roms serait un peuple venu d’Egypte. Certains Roms rejettent le nom de Bohémien qu’ils considèrent comme péjoratif et préfèrent le nom de Rom (un terme d’auto-attribution de la langue Romani).
On trouve des minorités Roms dans de nombreux États, y compris aux Etats-Unis où ils sont environ un million, mais ces minorités sont surtout concentrées en Europe Centrale et du Sud.
Il existe beaucoup de stéréotypes et de présomptions au sujet du peuple Rom. Les Roms vivent dans beaucoup d’environnements différents, parlent des langues différentes et des dialectes Romanis différents, ils ont investi les cinq continents et ont adopté beaucoup du style de vie de la population du pays dans lequel ils se sont installés. Ils ont de nombreuses occupations, adhèrent à différentes religions et leur situation financière et éducative varie d’une personne à l’autre, d’un groupe à l’autre, et dépend de la situation générale du pays dans lequel ils vivent.
Seuls 20 pour cent des Roms européens sont aujourd’hui encore des nomades, et vivent presque exclusivement en Europe Occidentale.
Dans les siècles précédents, être nomade n’était presque jamais une question de choix mais était une nécessité due aux persécutions. En effet, l’expulsion continuelle est l’une des caractéristiques principales de l’histoire Rom.
Comment les Roms sont ils discriminés?
Rapport récent:
En aout de l’année passée, le CRIN a posté un article relatant la façon dont la Finlande agit contre les Roms, menaçant les mères et leurs enfants de les renvoyer dans leur pays d’origine ou retirant aux mères leurs enfants afin de les placer et ainsi, soit disant, mieux prendre soins d’eux. Les autorités justifient ces agissements par la nécessité de protéger les enfants.
Un problème particulier se pose en Italie, ou le gouvernement de droite récemment élu a choisi de suivre une politique "anti-Roms".
Depuis fin mai 2008, le gouvernement a adopté une série de mesures légales et politiques discriminant explicitement les Roms, en violation des lois internationales et intérieures.
En juillet 2008 le gouvernement a été vivement critiqué pour avoir suggéré que la prise des empreintes digitales des Enfants Roms pourrait faciliter les mesures de répressions criminelles. Le Parlement Européen a qualifié cette prise d’empreintes digitales d’acte flagrant de discrimination raciale et a vivement recommandé aux autorités d’y mettre fin.
Aussi en juillet, ont été publiés des photographies montrant deux individus se prélassant au soleil sur une plage italienne malgré les corps, étendus à coté d’eux, de deux fillettes Roms qui s’étaient noyées.
Pendant ce temps, en janvier, un Conseiller Municipal d’une circonscription de Rom a fait passer une motion permettant de séparer ces enfants de 'familles du voyage' des autres enfants dans les bus scolaires. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe qui contrôle et produit des rapports sur la situation des Droits de l’Homme dans les cinquante-six Etats participants, y compris l’Italie, a exprimé de sérieuses réserves quant au traitement des Roms en Italie.
En novembre 2007, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a jugé que la République Tchèque s’était rendue coupable de discrimination raciale à l’encontre des enfants Roms en les plaçant systématiquement dans des classes de rattrapage destinées aux élèves en difficultés scolaires. Et en août de l’année dernière, un réseau de prostitution qui exploitait sexuellement des enfants d’immigrés Roms, pouvant n’avoir que neuf ans, a été démantelé alors qu’il était destiné à être exploité à Glasgow en Ecosse.
Un des pas positifs a été celui du Ministre de l’Education Nationale de Pologne qui a récemment annoncé son intention de faire disparaître les classes composées uniquemment d’enfants Roms, suite à des plaintes les accusant d’être discriminatoires.
Une tradition de répression: une vue d’ensemble historique:
L’histoire des Roms en Europe a été marquée par une sévère répression incluant une volonté d’asservissement en Roumanie et en Moldavie avec des tentatives d’assimilation forcée.
Pendant l’Holocauste, les Roms ont été les cibles des Nazis qui souhaitaient leur extermination. De façon significative, on constate que l’extermination de masse du peuple Rom n’a pas été soulevée au procès de Nuremberg (le procès pour crime de guerre tenu après la Seconde Guerre Mondiale).
Le génocide des Roms, Samudaripes ou Porrajmos, a été à peine reconnu dans les discours publics.
Cependant, la Deuxième Guerre Mondiale n’a pas été la première période de répression pour les Roms. En effet, il y a eu 500 ans de répression en Europe de divers groupes de Roms, et ce depuis leur arrivée, après leur migration de l’Inde. Les méthodes ont varié entre l’asservissement, l’assimilation forcée, l’expulsion, l’internement, et même la mise à mort massive.
Par exemple dans l’Empire Austro-Hongrois, pendant le 18e siècle, les dirigeants avaient mis en place une politique d’assimilation forcée.
Les enfants Roms étaient arrachés à leurs parents et une règle interdisait aux Roms de se marier entre eux. En outre, la langue romani était interdite. Ces mesures ont été appliquées très sévèrement. Par exemple, l’utilisation de la langue des Roms était puinie par la flagellation.
Plus récemment, après 1990, les Roms sont devenus la cible de violences raciales dans quelques pays post-communistes. L’absence de législation pour protéger les Roms de la discrimination sur leur lieu de travail, dans des endroits publics, dans l’enseignement, dans leur accès au logement, dans l’armée… laisse souvent les Roms sans possibilité de recours légal, et ce dans de nombreux pays.
En 1999, ils étaient la cible de violences de la part de groupes éthniques albanais au Kosovo. En République Tchèque, la ville d’Usti Nad Labem a construit un mur afin de séparer les Roms des résidents non-Roms.
Les Roms aujourd’hui: toujours la même histoire?
Thomas Hammarberg, le Commissaire chargé des Droits de l’Homme au Conseil de l’Europe, a noté que “les raisons de cette politique, pendant des centaines d’années, ont toujours été les mêmes”. Il explique “qu’on qualifiait les Roms de peu fiables, dangereux, criminels et indésirables. Ils étaient les étrangers les plus faciles à utiliser comme boucs emissaires lorsque les choses ont commencé à mal tourner et que la population locale ne voulait pas en endosser la responsabilité.”
Il a ajouté que certains pays n’ont toujours pas reconnu la répression de cette minorité dans le passé et qu’aucune excuse officielle n’a encore été faite.
Un bon contre-exemple est celui de la décision du gouvernement de Bucarest en 2003, d’établir une commission sur l’Holocauste qui a publié un important rapport sur la répression et l’extermination en Roumanie, pendant la période fasciste.
Le Commissaire a soulevé avec inquiétude les récentes histoires sur la répression des Roms, et a soutenu que celle-ci étaiet similaire à celle perpétrée par les Nazis. Il s’est exprimé en ces termes: “Le discours d’aujourd’hui contre les Roms ressemble fortement à celui des Nazis et des fascistes avant les exterminations massives des années 1930/1940. Une fois encore, on pretend que les Roms sont une menace à la sécurité et à la santé publique. On ne différencie pas les quelques criminels de la majorité écrasante de la population Rom. C’est honteux et dangereux.”
Une réponse européenne inadéquate:
La Coalition pour une politique européenne à l’égard des Roms* explique que, jusqu’à présent, il n’existe aucune politique intégrée et complète de l’Union Europénne à propos du problème spécifique de la discrimination des Roms. Dans les pays où des lois d'anti-discriminations ont été adoptées, la mise en application de ces dernières est lente, inefficace ou inexistante. Le gouffre socio-économique existant entre les Roms et les populations majoritaires des pays à causé l’exclusion sociale et l’agitation.
“La discrimination structurelle a été flagrante dans des secteurs crutiaux comme l’accès au logement (avec par exemple des expulsions), l’enseignement , et les droits de propriété.On constate une hausse sans précédent “d’anti-gitans” en Europe, y compris dans les discours officiels. Les communautés Roms migrent dans de nombreux cas vers l’Europe, encouragés par la discrimination et les autres violations de leurs droits, pour finir par se trouver confronté aux mêmes problèmes dans leurs nouveaux pays d’accueil.” a expliqué la Coalition.
Le 2 juillet 2008, la Commission a rendu le Document de Travail 2008 du Personnel de la Commission incluant la question des Roms. Cependant la Coalition Europénne sur la Politique des Roms a relevé “ les nombreux vides et échecs dans l’approche actuelle de l’Union Européenne et des Etats membres pour favoriser l’insertion des Roms…. L’échec de la part de la Commission Europénne de développer une stratégie ambitieuse, une plannification à long terme, ou un engagement direct pour coordonner la stratégie pour les Roms dans l’UE”, et a appelé la commission à reconnaître sa responsabilité et son incapacité à agir.
Les Enfants Roms:
De telles discriminations et répressions ont un impact sur une vaste gamme de Droits des Enfants. L’UNICEF, dans un rapport appelé “Briser le cycle de l’exclusion, les enfants Roms dans le Sud Est de l’Europe”, explique que les enfants Roms souffrent de pauvreté, d’exclusion et d’un manque de perspectives d’avenir dans les huit Etats du Sud Est de l’Europe: l’Albanie, la Bosnie Herzégovine, la Bulgarie, le Kosovo, la Macédoine (Ancienne République de Yougoslavie), le Monténégro, la Roumanie et la Serbie.
Selon le rapport, les enfants Roms font face à un certains nombres d’obstacles incluant:
La pauvreté: entre un quart (27 pour cent en Bosnie-Herzégovine) et presque deux-tiers (59 pour cent au Kosovo) des Roms vivent dans la pauvreté et dans cinq des huit pays examinés, plus de 40 pour cent des Roms sont pauvres.
La santé: Deux-tiers des ménages Roms n’ont pas assez de moyens pour se nourrir. Les enfants sont rarement vaccinés et les familles ne peuvent s’offrir des soins médicaux quand ils sont malades. Vingt pour cent des enfants ne sont pas en bonne santé alors qu’ils ne sont que sept pour cent dans les familles non Roms. D’après les chiffres nationaux, six fois plus d’enfants Roms que d’enfants sibériens, ont un poids inférieur à la norme. En Macédoine les enfants Roms dont le poids est insuffisant représentent trois fois la moyenne nationale.
La scolarisation: les enfants Roms sont très largement désavantagés pour tout ce qui concerne la scolarisation. Pour ceux qui sont inscrits, ils vont généralement “à l’écoles Roms”, très pauvrement équipée et manquant de professeurs qualifiés. Les enfants Roms sont très souvent orientés vers des écoles pour enfants ayants des besoins spécifiques. Les raisons de ceci étant louches.
Le niveau d’éducation: un pourcentage relativement élevé d’enfants Roms entrent à l’école. Malheureusement très peu d’entre eux finissent l’école primaire. En Serbie seulement 13 pour cent d’enfants Roms achèvent l’enseignement primaire. En Macédoine les chiffres montrent que moins de la moitié des 63 pour cent d’enfants Roms entrant à l’école primaire la finissent. Les données montrent que les chances des enfants Roms de poursuivre leurs études dans l’enseignement secondaire et supérieur sont très réduites en comparaison de celles des enfants non Roms.
Un certain nombre d’organisations se sont concentrées sur la ségrégation raciale ou l’exclusion des enfants Roms dans l’éducation. L’analphabétisation devient un sérieux handicap dans un environnement où l’utilisation de l’écriture est une nécessité quotidienne: l’avenir des communautés Roms dépend beaucoup des mesures qui seront prises pour l’éducation de leurs enfants.
Par exemple, lors de l’une des missions de recherche en Ukraine mises en place depuis 2006, le Centre Européen des Droits Roms (ERRC) a annoncé qu’une des formes de ségrégation raciale des Roms dans l’enseignement a été identifiée. Elle peut être décrite comme:
Installer les classes pour les Roms dans un batiments de l’école séparé des autres
Isoler géographiquement les écoles Roms dans des voisinages principalement Romani.
Faire des écoles où les Roms predominent ou, où ils sont les seuls étudiants
Faire des classes pour des enfants souffrants d’handicaps mentaux ou les Roms sont représentés en surnombre
Des écoles risquent de devenir exclusivement Rom lorsque les parents des enfants non-Rom retirent leurs enfants de ces écoles, soi-disant a cause de la santé des enfants Roms
Beaucoup d’enfants Roms restent illétrés ou quittent l’école très tôt. De plus, la plupart des écoles où les Roms prédominent sont dans de pauvres conditions de fonctionnement, sans cantine ou cafétéria, sans équipements sportifs, sans toilettes à l’intérieur des locaux ou sans eau courante, peu de meubles ou complètement usés et un manque total d'équipements nécessaires à une éducation adéquate, tels que des ordinateurs ou des laboratoires. Même l’équipement le plus basique est inadéquat ou inexistant.
Selon un récent rapport d'Amnesty International, les enfants Roms ont toujours été discriminés dans le système scolaires publique de la Slovaquie. L’Amnesty a aussi produit des rapports à propos de la discrimination contre les femmes romanies et les filles de Macédoine et sur l’exclusion d’enfants Roms dans l’enseignement primaire en Slovénie, Croatie et Bosnie-Herzégovine.
Source : CRIN