Zika : le premier trimestre de grossesse est la « période à risque »

ven, 03/23/2018 - 14:33 -- siteadmin

Une étude menée par des chercheurs français sur le virus Zika, parue dans le New England Journal of Medicine, affirme que le premier trimestre de grossesse est la période « la plus à risque », entraînant dans 3,7 % des cas une microcéphalie grave chez l’enfant à naître, a indiqué son principal auteur.
Cette étude (Pregnancy Outcomes after ZIKV Infection in French Territories in the Americas) permet d’affirmer avec certitude qu’il y a « un indiscutable sur-risque d’anomalie neurologique lorsque la femme développe l’infection au cours du premier trimestre de grossesse », explique Bruno Hoen, chercheur à l’Inserm, professeur de maladies infectieuses à l’université des Antilles et au CHU de la Guadeloupe.

L’étude de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et du CHU de la Guadeloupe a été menée pendant l’épidémie de Zika, en Martinique, Guadeloupe et Guyane, auprès de quelque 5 000 femmes, « depuis le moment où elles ont été contaminées par le virus Zika jusqu’à l’issue de leur grossesse », entre mars 2016 et août 2017. Un sous-groupe de 546 femmes dont on connaît précisément la date d’infection a été mis à part afin de « calculer les taux d’anomalies observées selon que l’infection était survenue au premier, deuxième ou troisième trimestre de la grossesse », selon le médecin coordinateur du pôle guadeloupéen du Centre d’investigation clinique Antilles-Guyane.

Quelque 7 % des femmes de ce groupe sont ainsi concernées par des complications neurologiques globales, avec des variations en fonction du terme : 12,7 % lorsque la mère est infectée au cours du premier trimestre de grossesse, soit plus d’un enfant sur dix, 3,6 % pour le deuxième trimestre et 5,3 % pour le troisième.

Les chercheurs ont aussi cherché des critères tels que le taux de microcéphalies graves ou le taux de syndrome d’infection congénitale à virus Zika qui entraîne malformations, anomalies cérébrales, etc.
La microcéphalie grave était déjà identifiée comme principale complication neurologique du virus Zika pendant la grossesse, et « c’est là qu’on montre bien qu’il y a une diminution du risque au fil du temps », souligne M. Hoen. Alors que le risque global est de 1,6 %, il grimpe à 3,7 % lorsque la mère est infectée au cours du premier trimestre de grossesse, chute à 0,8 % pour le deuxième et s’avère nul (0) pour le troisième.

Concernant le syndrome d’infection congénitale à virus Zika, le taux est au premier trimestre de 6,9 % des enfants à naître, tombe à 1,2 % pour le deuxième et n’est plus qu’à 0,9 % au troisième, ajoute-t-il.
L’étude a pu être conduite rapidement « pendant que l’épidémie se déroulait, et ça c’est vraiment très important », a affirmé le chercheur. « Même si ces taux de complications sont faibles par rapport à d’autres infections virales chez la femme enceinte, ils restent préoccupants car en phase épidémique le virus Zika peut contaminer plus de 50 % d’une population », selon Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et co-investigateur de l’étude.

Source : L’Oreint Le Jour

https://www.lorientlejour.com/article/1105396/zika-le-premier-trimestre-de-grossesse-est-la-periode-a-risque-.html