Saleté et manque d’intimité poussent les enfants à se retenir. Un comportement qui peut avoir des conséquences sur leur santé... Voire sur leur niveau scolaire !
Certes, la situation française est plus qu’enviable par rapport à bon nombre de pays: selon un rapport publié en août 2018 par les Nations unies sur l’accès à l’eau potable et aux sanitaires dans les écoles du monde entier, seules 66% d’entre elles disposent de toilettes, et plus de 620 millions d’enfants n’y ont donc pas du tout accès. Au total, 2,3 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas de services d’assainissement de base, dont près de la moitié est forcée de déféquer en plein air, selon l’OMS.
En France, 100% des établissements scolaires offrent à leurs élèves ces équipements de base. Mais ils restent un sujet de plaintes vieux comme l’école (au XIXe siècle déjà, rappelait Slate au printemps dernier, des rapports évoquaient la question). L’hygiène des «lieux honteux» y laisse souvent à désirer, et les enfants rechignent à les utiliser. Ce qui a des répercussions sur leur santé.
À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, l’entreprise Essity publie (comme elle le fait régulièrement) un sondage sur les toilettes à l’école primaire. Une façon certes bon marché de communiquer pour le groupe spécialisé dans les produits d’hygiène et de santé, mais qui a le mérite de dépeindre une situation loin d’être aussi rose que le papier du même nom.
Plus d’un enfant sur deux se retient volontairement d’aller aux toilettes à l’école et 58% y ont «remarqué des problèmes», selon cette enquête réalisée par l’Ifop auprès de 1002 parents et 502 enfants âgés de 6 à 11 ans. Ne pas boire durant la journée, se retenir au maximum, éviter d’y aller pendant la récréation puis demander pendant la classe... 68% des enfants disent avoir élaboré des stratégies pour contourner le problème! Pour expliquer leur répulsion, ils évoquent le manque de papier toilette, l’absence de savon, le manque de propreté des lieux… Et pour 27% d’entre eux, une gêne liée au manque d’intimité: là où le roi va tout seul, l’écolier est trop souvent exposé au regard.
Au collège et au lycée, la situation n’est guère meilleure. Un rapport sur la qualité de vie à l’école publié en octobre 2017 par le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) rappelait ainsi qu’un tiers des élèves craignent d’aller aux toilettes dans leur établissement, et 39% des collèges et lycées publics (25% dans le privé) déclaraient ne pas disposer de suffisamment de sanitaires.
Une revue de littérature publiée en 2012 dans le Journal international de recherche environnementale et de santé publique par une équipe américaine indiquait retrouver des «taux plus élevés de maladies infectieuses, gastro-intestinales, neurocognitives et psychologiques chez les écoliers exposés à des installations sanitaires inadéquates.» De fait, les épidémies de gastro-entérite profitent du manque d’hygiène tandis que constipation, infections urinaires et douleurs abdominales sont favorisées par le fait de se retenir. Sans compter la survenue d’éventuels «accidents», au risque pour les victimes de devoir affronter les moqueries des autres élèves.
Source : Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/un-enfant-sur-deux-se-retient-d-aller-aux-toilettes-a-l-ecole/