Au Soudan du Sud, un nombre record de 4,5 millions d’enfants - deux enfants sur trois - ont désespérément besoin d’aide humanitaire, a averti, mardi, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), à l’approche du 10e anniversaire de l’indépendance du pays.
Dans un rapport sur l’impact de la crise humanitaire sur les enfants, l’agence onusienne a prévenu que les espoirs de voir l’indépendance apporter une aube nouvelle pour les enfants du pays se sont évanouis. « L’espoir et l’optimisme que les enfants et les familles du Soudan du Sud ont ressentis à la naissance de leur pays en 2011 ont lentement tourné au désespoir et à la détresse », a déclaré la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore.
Des flambées de violence et des conflits, des inondations récurrentes, des sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes alimentés par le changement climatique, ainsi qu’une crise économique de plus en plus profonde ont conduit à une insécurité alimentaire extrêmement élevée et à l’une des pires crises humanitaires du monde. « L’enfance de nombreux enfants de 10 ans au Soudan du Sud aujourd’hui a été assaillie par la violence, les crises et les violations des droits », a précisé Mme Fore.
Près de 1,4 million d’enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë cette année
Les niveaux élevés d’insécurité alimentaire au Soudan du Sud sont particulièrement préoccupants. Quelque 1,4 million d’enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë cette année, le chiffre le plus élevé depuis 2013. Plus de 300.000 enfants - le nombre le plus élevé jamais atteint dans le pays - devraient souffrir de la pire forme de malnutrition et risquent de mourir si aucun traitement n’est fourni.
Le récent accord de paix, qui n’a été que partiellement mis en œuvre, n’a jusqu’à présent apporté aucune solution aux problèmes auxquels sont confrontés les enfants et les jeunes du pays.
Quelque 8,3 millions de personnes au Soudan du Sud ont besoin d’une aide humanitaire, un nombre bien plus élevé que les niveaux observés pendant la guerre civile de 2013-2018, qui oscillaient entre 6,1 et 7,5 millions de personnes. Le taux de mortalité infantile est parmi les plus élevés au monde, avec un enfant sur 10 qui ne devrait pas atteindre son cinquième anniversaire.
Le Soudan du Sud est avant tout une crise des droits de l’enfant
« Dans notre pays, les enfants ne sont pas respectés », a répété tout au long d’un point de presse par visioconférence, Christine Saida, une jeune reporter de l’UNICEF pour le Soudan du Sud. Selon cette journaliste en herbe, les droits de l’enfant ne sont pas respectés dans son pays.
« Les enfants n’ont pas le droit d’aller à l’école, le droit de manger, le droit à la protection, le droit à la sécurité... autant de droits qui ne nous sont pas donnés », a-t-elle fait observer.
Pour cette jeune reporter, les enfants sud-soudanais sont confrontés à de nombreuses crises, notamment des enlèvements d’enfants, des vols de bétails, des conflits communautaires, des déplacements, une violence dans le pays ainsi qu’une violence sexiste.
« Les inondations et la violence aggravent la situation des enfants et contribuent à des niveaux élevés de malnutrition », a insisté Christine Saida.
Une façon de rappeler que la crise humanitaire au Soudan du Sud est avant tout une crise des droits de l’enfant. Selon l’UNICEF, ce pays est « l’une des pires crises humanitaires au monde - et la plus oubliée ».
2,8 millions d’enfants non scolarisés
Le Soudan du Sud compte l’un des pourcentages les plus élevés (plus de 60%) d’enfants ayant besoin d’une aide humanitaire.
Dans ces conditions, 10% des enfants n’atteignent pas leur cinquième anniversaire au Soudan du Sud. « Le pays est l’une des plus grandes crises humanitaires et de réfugiés au monde avec 2,2 millions de réfugiés sud-soudanais et plus de 1,6 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays », a affirmé lors du point de presse, Mads Oyen, chef des opérations de terrain de l’UNICEF dans ce pays.
Par ailleurs, l’accès limité à l’éducation et les taux élevés d’abandon scolaire ont laissé 2,8 millions d’enfants non scolarisés. Selon l’UNICEF, il s’agit de « la plus forte proportion d’enfants non scolarisés au monde, soit plus de 70 % des enfants en âge d’être scolarisés ».
Comme pour aggraver la situation, la fermeture des écoles pendant 14 mois en raison de la pandémie de Covid-19 a poussé 2 millions d’enfants supplémentaires à quitter l’école.
Le défi du financement et de l’insécurité pour la réponse humanitaire
Face à cette situation et malgré l’insécurité persistante, l’UNICEF travaille avec ses partenaires pour augmenter la capacité de dépistage et de traitement de la malnutrition aiguë chez les enfants, avec un nombre de cas prévu de 1,4 million d’enfants en 2021. L’amélioration de l’accès à l’eau potable, l’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène et l’accès aux soins de santé de base figurent également parmi les principales priorités de l’agence onusienne, ainsi que l’accès à l’éducation.
Selon l’UNICEF, les organisations humanitaires sont responsables de la quasi-totalité de la prestation de services au Soudan du Sud. « Si l’on ne met pas fin à la violence et à l’insécurité omniprésentes qui menacent les familles et entravent l’accès humanitaire, et si l’on ne dispose pas d’un financement adéquat, les centres de santé et de nutrition seront fermés, les puits ne seront pas réparés et le son des générateurs qui maintiennent au frais les réfrigérateurs à vaccins s’éteindra bientôt », avertit l’agence onusienne.
L’UNICEF a ainsi lancé cette année un appel de 180 millions de dollars. Au milieu de l’année, cet appel n’est financé qu’à hauteur d’un tiers. « Si nous, en tant que communauté humanitaire, ne recevons pas un financement suffisant, la réalité pour les enfants et les familles est qu’aucune aide ne viendra » a conclu la Représentante de l’UNICEF par intérim au Soudan du Sud, Andrea Suley.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2021/07/1099652