Rôle de l’hygiène dans la disparition des maladies infectieuses, risques de surcharge du système immunitaire, de mort subite du nourrisson ou d’autisme… Le Figaro a sélectionné six idées reçues sur la vaccination.
Seule l’hygiène a permis la disparition des maladies infectieuses
C’est l’un des arguments fréquemment avancé par les opposants à la vaccination. Il repose sur l’observation que, pour certaines maladies, la mortalité a diminué avant même l’arrivée du vaccin. Ceci peut s’expliquer par l’amélioration des soins et de l’hygiène. Mais pour observer l’efficacité d’une vaccination, l’indicateur le plus pertinent est, non pas le nombre de morts, mais le nombre total de personnes infectées. Dans ce cas, les données montrent nettement que l’introduction du vaccin est suivie d’une diminution, voire d’une disparition, de la maladie.
L’exemple du Japon est éloquent. En 1975, à la suite d’effets secondaires rarissimes ayant entraîné le décès de deux enfants, le programme de vaccination contre la coqueluche est suspendu. La couverture vaccinale s’effondre et le nombre de malades passe de 373 en 1974 à plus de 13.000 en 1979. En 1981, le programme reprend, rapidement suivi par une diminution du nombre de cas. Or, entre 1975 et 1981, le Japon n’a pas connu de changement drastique en matière d’hygiène. Par ailleurs, la bactérie responsable de la coqueluche ne dépend pas des conditions sanitaires puisque son seul réservoir est l’homme et sa transmission se fait par voie aérienne (la toux).
Multiplier les vaccins nuit au système immunitaire des enfants
À la naissance, les enfants passent d’un environnement stérile à un monde peuplé de milliards de micro-organismes. Heureusement, leur système immunitaire peut déjà y faire face, de même qu’il peut tout à fait affronter plusieurs vaccins à la fois. Mieux encore, les vaccins - qui contiennent des versions tuées ou atténuées des virus et bactéries - stimulent le système immunitaire en lui permettant de fabriquer des défenses. Une étude indépendante parue en 2002 dans la revue Pediatrics a estimé que le système immunitaire des jeunes enfants peut théoriquement répondre à 10 000 vaccins à la fois. «Si 11 vaccins étaient administrés en une seule fois à un enfant, environ 0,1 % de son système immunitaire serait mobilisé», indiquaient les auteurs. De plus, vacciner précocement les enfants permet de les protéger contre certaines maladies contagieuses, comme la coqueluche, la rougeole ou les infections à Haemophilus influenzae de type b.
L’immunité innée est suffisante pour faire face aux maladies
À la naissance, les nouveau-nés sont protégés contre certaines maladies grâce aux anticorps transmis par leur mère. Mais cette immunité disparaît après quatre mois tout au plus. «C’est une protection partielle, transitoire et insuffisante», souligne le Pr Alain Fischer. L’allaitement apporte également des éléments de défense, mais, encore une fois, ceux-ci ne confèrent qu’une protection partielle, insuffisante.
Il est effectivement possible de s’immuniser contre une maladie en la contractant. Mais cela fait courir bien plus de risques que la vaccination. Ainsi, une personne qui attrape la rougeole sans être vaccinée aura une chance sur 500 d’en mourir. La vaccination complète (deux doses), elle, empêche de contracter la maladie. Bien sûr, des événements indésirables peuvent survenir, mais ils sont rares et généralement sans gravité. Le taux de signalements, toutes gravités confondues, est de 1,25 cas pour 100.000 doses vaccinales dans le monde.
Les vaccins causent l’autisme
En 1998, la revue scientifique The Lancet publie une étude suggérant que la vaccination rougeole-oreillons-rubéole (ROR) pourrait entraîner l’autisme. Malgré les nombreuses limites que comporte l’étude - elle ne s’appuie que sur 12 cas et n’a pas de groupe contrôle -, cette hypothèse se répand comme une traînée de poudre. Très rapidement, de nouvelles études sont conduites mais aucune ne permet de valider cette hypothèse. En 2004, soit six ans après la publication, 10 des 12 auteurs annoncent le retrait de leur signature. «Aucun lien n’a pu être établi entre le vaccin ROR et l’autisme car les données étaient insuffisantes», écrivent-ils. Par la suite, il a été révélé qu’une manipulation frauduleuse des données avait été réalisée et que le directeur de l’étude, Andrew Wakefield, avait reçu des financements par des avocats ayant entrepris de poursuivre des producteurs de vaccins. En 2010, le journal scientifique a finalement pris la décision de supprimer l’étude. En vingt ans, aucune équipe scientifique au monde n’a trouvé de lien entre autisme et vaccin ROR.
Les vaccins peuvent causer la mort subite du nourrisson
On parle de mort subite du nourrissonlorsqu’un enfant de moins de 2 ans en bonne santé décède brutalement sans que les examens post-mortem puissent en expliquer les raisons. Ces vingt dernières années, des observations isolées et des études de cas ont suggéré une possible association entre ces décès et les vaccinations. Cependant, toutes les études épidémiologiques s’accordent à dire qu’il n’existe pas de lien de causalité. L’une d’elles, menée sur 470.000 naissances en Angleterre, suggère même que la vaccination pourrait être un facteur protecteur. Pour l’heure, la mort subite du nourrisson reste un phénomène mal compris, mais le couchage sur le ventre ou sur le côté ainsi que le tabagisme passif et anténatal (lorsque la mère fume avant la naissance) sont deux facteurs de risque connus.
L’extension de l’obligation répond à des intérêts économiques
Oui, mais dans une moindre mesure. En effet, au moins 70 % des enfants en France ont déjà reçu les 8 vaccins supplémentaires concernés par l’extension de l’obligation. Pour cette raison, «l’impact financier de cette mesure est extrêmement limité», estime le laboratoire Sanofi, qui produit le vaccin hexavalent Hexyon. En 2016, les ventes de vaccins ont rapporté 4,57 milliards d’euros au laboratoire, soit 13,5% de son chiffre d’affaires total.
Aluminium: une controverse très française
De toutes les craintes suscitées par les vaccins, celles concernant les adjuvants à base d’aluminium sont parmi les plus vives. Ces molécules, indispensables à l’efficacité de la plupart des vaccins, sont en effet suspectées d’être nocives.
Cette controverse scientifique est très française et a pour origine des travaux réalisés par une seule équipe de chercheurs dans le monde, installée en France. Depuis vingt ans, ils tentent d’établir un lien entre l’aluminium des vaccins et la survenue de lésions musculaires appelées myofasciites à macrophages, qui sont associées à des douleurs musculaires et à une fatigue. Fait étrange, la France concentre plus de 95% des cas de myofasciite à macrophages détectés dans le monde (457 selon la dernière étude, 1000 selon l’association Entraide aux malades de myofasciite à macrophages). Or l’aluminium est utilisé comme adjuvant sur l’ensemble de la planète depuis 1926, sans qu’aucun signal d’alerte n’ait été émis par aucun pays.
Dans un rapport publié en 2016, l’Académie nationale de pharmacie soulignait qu’«un seul nouveau cas (de myofasciite à macrophages) serait survenu depuis 2012, alors qu’actuellement environ 12 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique sont administrées chaque année en France».
L’exposition à l’aluminum se fait aussi par l’alimentation, l’eau ou les cosmétiques. La dose maximale d’aluminium par vaccin n’est que de 0,85 mg, bien moins que la limite d’ingestion hebdomadaire fixée par les normes internationales de l’OMS.
Tout en reconnaissant la souffrance endurée par les patients, l’Académie de pharmacie estime que l’analyse des études françaises n’a pas permis d’établir un lien de causalité avec les adjuvants aluminiques.
Source : Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/six-fausses-croyances-autour-de-la-vaccination/