Sida: un enfant infecté sur quatre avait accès au traitement

mar, 07/24/2018 - 09:54 -- siteadmin

Si la lutte contre le Sida progresse partout dans le monde, les efforts sont encore loin d’être suffisants, selon Onusida, le programme des Nations unies sur le VIH/Sida.

«Près de 60 % des 37 millions de personnes séropositives étaient sous traitement en 2017, ce qui est un succès considérable», assure Onusida, dans un rapport présenté le 18 juillet à Paris, en amont de la conférence internationale sur le Sida d’Amsterdam, fin juillet. Environ 22 millions de personnes dans le monde étaient traitées par antirétroviraux en 2017, soit la plus haute proportion jamais atteinte (près 20 millions de personnes en 2016 et seulement 2 millions en 2005).

Cette amélioration de la prise en charge s’accompagne d’une diminution du nombre de nouvelles infections. En 2017, 1,8 million de personnes auraient été infectées par le virus (contre 3,4 millions en 1996). Enfin, le nombre de décès lié au sida est en baisse: 940.000 personnes sont mortes de la maladie en 2017 contre 990.000 en 2016. À titre de comparaison, au pic de l’épidémie en 2005, près de 2 millions de décès dans le monde étaient liés au sida.

Cependant l’objectif de «moins de 500.000 nouvelles infections au VIH» et de «moins de 500.000 décès liés au Sida» dans le monde en 2020 ne sera certainement pas atteint. Car «la régression n’est pas suffisamment rapide pour atteindre [ces objectifs]», note le rapport.

Des disparités régionales

Selon les régions du monde, la tendance n’est pas la même: en Afrique orientale et australe (à l’est du continent), région la plus touchée par le virus, la réduction du nombre des nouvelles infections est spectaculaire. Elles y ont diminué de 30 % depuis 2010.

À l’inverse, les nouvelles infections ont augmenté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. «En Europe de l’Est et en Asie centrale, le nombre annuel de nouvelles infections à VIH a doublé», note le rapport. Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida alerte: «L’épidémie en Russie est en train de se généraliser. Alors qu’elle était concentrée sur les populations qui s’injectent des drogues, elle touche de plus en plus la population générale. Certains pays continuent [également] à nous inquiéter, comme le Nigeria, qui représente à lui seul environ la moitié de toutes les nouvelles infections d’Afrique de l’Ouest».

Michel Sidibé pointe du doigt «des lois généralement punitives» empêchant «de mettre en place des politiques de réduction des risques qui permettraient à ces populations qui s’injectent des drogues d’avoir accès à des services de santé (...) Ces personnes se cachent et infectent leurs partenaires».

Les enfants encore très touchés

En 2017, seul un enfant infecté sur quatre (26%) avait accès au traitement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, contre deux adultes sur cinq (40%). Au total, dans le monde environ un enfant sur deux a accès aux traitements, contre trois adultes sur cinq.

«Des régions entières prennent du retard, les grands progrès que nous avons réalisés concernant les enfants ne sont pas pérennes, les femmes restent les plus touchées, les ressources ne sont toujours pas à la hauteur des engagements politiques et les populations clés continuent d’être laissées pour compte», affirme Michel Sidibé.

Des financements toujours insuffisants

L’instance de l’ONU chargée de la lutte contre le sida tire la sonnette d’alarme sur l’insuffisance des financements. «Il manque 7 milliards de dollars par an (...) pour nous permettre de maintenir nos résultats», a déclaré à l’AFP Michel Sidibé.

Après les succès remportés ces dernières années, «nous nous endormons sur nos lauriers et nous faisons face à une crise de la prévention», a estimé le patron malien de l’Onusida, qui rappelle qu’«au moins 44 pays dépendent à 75% de l’aide internationale pour combattre l’épidémie».

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/sida-deux-porteurs-du-virus-sur-cinq-ont-desormais-acces-aux-traitements/