RDC : des centaines de milliers d'enfants souffrent de malnutrition

mer, 12/13/2017 - 16:48 -- siteadmin

Au moins 400.000 enfants de moins de cinq ans vivant dans la région du Kasaï, en République Démocratique du Congo, risquent la mort en l'absence d'apports nutritionnels, selon l'Unicef.

Au Kasaï, région du sud de la République Démocratique du Congo, la situation des enfants est alarmante. Au moins 400.000 d'entre eux, âgés de moins cinq ans, souffrent de malnutrition aiguë sévère. Ils risquent la mort si des soins sanitaires et nutritionnels ne sont pas administrés rapidement, indique une récente étude de l'Unicef.

La région du Kasai est touchée depuis 2015 par des conflits armés liés aux conditions du prolongement du mandat du président Joseph Kabila ainsi qu'à des mouvements insurrectionnels dans différentes provinces.

Ces guerres ont plongé l'économie du pays dans une crise importante et déclenché une famine sévère à cause notamment du déplacement des populations. «L'ampleur réelle du problème se précise à mesure que les gens rentrent chez eux dans certaines zones où la sécurité s'est améliorée et où les services de santé ont recommencé à fonctionner. Les besoins des familles déplacées et rapatriées au Kasaï restent énormes après près de deux ans de conflit et de crise», a déclaré le Dr Tajudeen Oyewale, représentant par intérim de l'Unicef en République Démocratique du Congo.

Des milliers d'enfants en malnutrition moyenne à sévère

Dans la zone du Mikalayi, située à 35 kilomètres du chef-lieu de la province du Kasaï-Central, le conflit opposant miliciens et forces de l'ordre a été particulièrement intense. Près de 20% des aires de santé de la zone ont été touchées, 5 centres de santé ont été pillés et environ 16.000 personnes ont été déplacées. Profitant d'une accalmie relative, les familles déplacées retournent petit à petit au sein de leurs communautés.

«Dans la zone de santé de Mikalayi, un dispensaire a été créé par l'Unicef pour aider les mamans à assurer la bonne santé de leurs enfants. Nous organisons depuis deux ans des activités de promotion de pratiques familiales essentielles afin de responsabiliser les communautés», précise un représentant de l'Unicef.

La violence et le déplacement de 1,4 million de personnes dans la région du Kasaï ont entraîné des pénuries alimentaires, les deux tiers des ménages étant incapables de travailler leur terre pour cultiver. L'insécurité alimentaire, sévère, affecte maintenant de grandes parties de la région, et les conditions ne devraient pas s'améliorer avant juin 2018, car les saisons de plantation en 2017 ont été perdues. Les familles n'ont pas pu récolter de produits sur leur terre et n'ont donc rien eu à vendre sur les marchés.

Des ateliers de nutrition pour nourrir les enfants avec des aliments locaux

Dans le district Mbandaka de la commune de Bumbu à Kinshasa, dans l'ouest du pays, Kadi, 35 ans et mère de 3 enfants, dont la dernière, Héléna, âgée de 6 mois, nichée contre sa poitrine, observe les participants à la démonstration de cuisine organisée par le groupe de soutien Unicef. «J'ai commencé à faire du porridge avec des aliments locaux avec mon deuxième enfant. Au début, j'ai donné du Cerelac (une bouillie prête à l'emploi à base de céréales). J'ai payé une caisse 4000 francs (environ 2.5US $) qui m'a duré 1 semaine. Maintenant, avec seulement 3000 francs, je peux préparer du porridge pendant 2 à 3 semaines», explique-t-elle.

Non seulement la bouillie fabriquée à partir de produits locaux est plus économique, mais puisqu'elle contient une variété d'ingrédients, elle est également plus équilibrée et favorise la croissance des enfants. Pour Angèle, 27 ans, quatre fois mère, la fragilité de ses enfants résulte de ces accouchements successifs en période de guerre. «En mars 2017, j'étais enceinte de 7 mois quand le conflit s'est déclenché. J'ai fui et je me suis réfugiée dans la forêt où je suis restée 5 mois. J'ai accouché d'Isabelle avec l'aide d'une matrone dans la brousse. Elle m'a dit que mon utérus était sorti de mon ventre et que j'allais ressentir de la douleur. Mon enfant a été fragilisé depuis.»

Une pénurie d'infrastructures et d'établissements scolaires

Un peu partout dans le pays, les structures de santé ont été dévastées, ce qui rend plus difficile le traitement et la prise en charge des enfants gravement malnutris. Environ 220 centres de santé ont été détruits, pillés ou endommagés, ce qui a entraîné un affaiblissement du système de santé, un accès réduit aux soins de santé et un risque accru de propagation de maladies transmissibles comme la rougeole.

«Garantir l'accès aux services de santé et de nutrition de base aux populations retournées est essentiel pour aider les enfants souffrant de malnutrition à survivre», a déclaré le Dr Oyewale. «Je suis relais communautaire depuis 2 ans et j'encadre 25 femmes à qui j'explique qu'il est essentiel de pratiquer un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois, et qu'après cela il faut introduire une bouillie variée faite d'arachides, de riz, de bananes plantains, de lait et des légumes», précise pour sa part Mbanza Tshiende Annie, relais communautaire pour l'Unicef.

Trop peu de moyens financiers

Le gouvernement, l'Unicef et leurs partenaires ont lancé de vastes campagnes de vaccination, de distribution de moustiquaires et organisent le retour à l'école des enfants. «Rien n'est plus important pour les enfants qui ont vécu les horreurs de la guerre que de retourner à l'école. À l'école, ils apprennent à faire face aux traumatismes causés par la violence», a déclaré Deha Njeka, directrice d'une école à Kinshasa.

Depuis janvier 2017, l'Unicef et ses partenaires ont fourni des soins nutritionnels thérapeutiques à 50.700 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, âgés de 6 à 59 mois, dans la région du Kasaï. Cependant, Le Fonds des Nations unies pour l'Enfance n'a reçu que 15% du financement nécessaire pour répondre aux besoins nutritionnels des enfants courant de l'année.

Source : Le Figaro                                                                                                          

http://www.lefigaro.fr/international/2017/12/12/01003-20171212ARTFIG00292-rdc-des-centaines-de-milliers-d-enfants-souffrent-de-malnutrition.php

 

Au moins 400.000 enfants de moins de cinq ans vivant dans la région du Kasaï, en République Démocratique du Congo, risquent la mort en l'absence d'apports nutritionnels, selon l'Unicef.

Au Kasaï, région du sud de la République Démocratique du Congo, la situation des enfants est alarmante. Au moins 400.000 d'entre eux, âgés de moins cinq ans, souffrent de malnutrition aiguë sévère. Ils risquent la mort si des soins sanitaires et nutritionnels ne sont pas administrés rapidement, indique une récente étude de l'Unicef.

La région du Kasai est touchée depuis 2015 par des conflits armés liés aux conditions du prolongement du mandat du président Joseph Kabila ainsi qu'à des mouvements insurrectionnels dans différentes provinces.

Ces guerres ont plongé l'économie du pays dans une crise importante et déclenché une famine sévère à cause notamment du déplacement des populations. «L'ampleur réelle du problème se précise à mesure que les gens rentrent chez eux dans certaines zones où la sécurité s'est améliorée et où les services de santé ont recommencé à fonctionner. Les besoins des familles déplacées et rapatriées au Kasaï restent énormes après près de deux ans de conflit et de crise», a déclaré le Dr Tajudeen Oyewale, représentant par intérim de l'Unicef en République Démocratique du Congo.

Des milliers d'enfants en malnutrition moyenne à sévère

Dans la zone du Mikalayi, située à 35 kilomètres du chef-lieu de la province du Kasaï-Central, le conflit opposant miliciens et forces de l'ordre a été particulièrement intense. Près de 20% des aires de santé de la zone ont été touchées, 5 centres de santé ont été pillés et environ 16.000 personnes ont été déplacées. Profitant d'une accalmie relative, les familles déplacées retournent petit à petit au sein de leurs communautés.

«Dans la zone de santé de Mikalayi, un dispensaire a été créé par l'Unicef pour aider les mamans à assurer la bonne santé de leurs enfants. Nous organisons depuis deux ans des activités de promotion de pratiques familiales essentielles afin de responsabiliser les communautés», précise un représentant de l'Unicef.

La violence et le déplacement de 1,4 million de personnes dans la région du Kasaï ont entraîné des pénuries alimentaires, les deux tiers des ménages étant incapables de travailler leur terre pour cultiver. L'insécurité alimentaire, sévère, affecte maintenant de grandes parties de la région, et les conditions ne devraient pas s'améliorer avant juin 2018, car les saisons de plantation en 2017 ont été perdues. Les familles n'ont pas pu récolter de produits sur leur terre et n'ont donc rien eu à vendre sur les marchés.

Des ateliers de nutrition pour nourrir les enfants avec des aliments locaux

Dans le district Mbandaka de la commune de Bumbu à Kinshasa, dans l'ouest du pays, Kadi, 35 ans et mère de 3 enfants, dont la dernière, Héléna, âgée de 6 mois, nichée contre sa poitrine, observe les participants à la démonstration de cuisine organisée par le groupe de soutien Unicef. «J'ai commencé à faire du porridge avec des aliments locaux avec mon deuxième enfant. Au début, j'ai donné du Cerelac (une bouillie prête à l'emploi à base de céréales). J'ai payé une caisse 4000 francs (environ 2.5US $) qui m'a duré 1 semaine. Maintenant, avec seulement 3000 francs, je peux préparer du porridge pendant 2 à 3 semaines», explique-t-elle.

Non seulement la bouillie fabriquée à partir de produits locaux est plus économique, mais puisqu'elle contient une variété d'ingrédients, elle est également plus équilibrée et favorise la croissance des enfants. Pour Angèle, 27 ans, quatre fois mère, la fragilité de ses enfants résulte de ces accouchements successifs en période de guerre. «En mars 2017, j'étais enceinte de 7 mois quand le conflit s'est déclenché. J'ai fui et je me suis réfugiée dans la forêt où je suis restée 5 mois. J'ai accouché d'Isabelle avec l'aide d'une matrone dans la brousse. Elle m'a dit que mon utérus était sorti de mon ventre et que j'allais ressentir de la douleur. Mon enfant a été fragilisé depuis.»

Une pénurie d'infrastructures et d'établissements scolaires

Un peu partout dans le pays, les structures de santé ont été dévastées, ce qui rend plus difficile le traitement et la prise en charge des enfants gravement malnutris. Environ 220 centres de santé ont été détruits, pillés ou endommagés, ce qui a entraîné un affaiblissement du système de santé, un accès réduit aux soins de santé et un risque accru de propagation de maladies transmissibles comme la rougeole.

«Garantir l'accès aux services de santé et de nutrition de base aux populations retournées est essentiel pour aider les enfants souffrant de malnutrition à survivre», a déclaré le Dr Oyewale. «Je suis relais communautaire depuis 2 ans et j'encadre 25 femmes à qui j'explique qu'il est essentiel de pratiquer un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois, et qu'après cela il faut introduire une bouillie variée faite d'arachides, de riz, de bananes plantains, de lait et des légumes», précise pour sa part Mbanza Tshiende Annie, relais communautaire pour l'Unicef.

Trop peu de moyens financiers

Le gouvernement, l'Unicef et leurs partenaires ont lancé de vastes campagnes de vaccination, de distribution de moustiquaires et organisent le retour à l'école des enfants. «Rien n'est plus important pour les enfants qui ont vécu les horreurs de la guerre que de retourner à l'école. À l'école, ils apprennent à faire face aux traumatismes causés par la violence», a déclaré Deha Njeka, directrice d'une école à Kinshasa.

Depuis janvier 2017, l'Unicef et ses partenaires ont fourni des soins nutritionnels thérapeutiques à 50.700 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, âgés de 6 à 59 mois, dans la région du Kasaï. Cependant, Le Fonds des Nations unies pour l'Enfance n'a reçu que 15% du financement nécessaire pour répondre aux besoins nutritionnels des enfants courant de l'année.

Source : Le Figaro                                                                                                          

http://www.lefigaro.fr/international/2017/12/12/01003-20171212ARTFIG00292-rdc-des-centaines-de-milliers-d-enfants-souffrent-de-malnutrition.php