Prématurés : la méthode kangourou confirme ses bienfaits

jeu, 12/22/2016 - 10:18 -- siteadmin

Les données scientifiques indiquent que le «peau à peau» diminue la mortalité infantile et favorise l’allaitement à la naissance.

Apparue en 1978 dans une maternité de Bogotá (Colombie) à l’initiative de deux pédiatres devant faire face au manque de couveuses, la méthode kangourou a depuis été reprise et adaptée dans le monde entier. Cette technique, inspirée du comportement des marsupiaux australiens, est désormais proposée comme une alternative aux soins conventionnels pour les bébés de petit poids (moins de 2,5kg), y compris dans les maternités bien équipées. Ainsi, de Nantes à Poissy, en passant par Le Mans, nombreuses sont les maternités françaises à avoir intégré une «unité kangourou» dans leur service. Celle-ci consiste à porter en quasi-permanence son enfant sur le ventre, en contact peau contre peau, jusqu’à celui-ci ait suffisamment grossi.

Pour s’assurer des bénéfices de cette méthode par rapport aux soins traditionnels, le réseau indépendant de scientifiques Cochrane a passé en revue 21 études qui incluaient un total de 3042 enfants. Leurs résultats, publiés en août 2016, sont sans appel: diminution de la mortalité dans les premiers mois, des infections nosocomiales, des maladies des voies respiratoires ou encore de l’hypothermie.

Meilleure croissance

Les enfants ayant bénéficié de la méthode kangourou présentaient, sur la période de suivi, des gains de taille, de poids et de tour de tête plus importants que ceux des autres prématurés, de même qu’une meilleure adhésion à l’allaitement. «Nos résultats ne concernent que les enfants avec un faible poids de naissance dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, écrivent les auteurs. Cependant, des effets positifs de la méthode kangourou sur l’allaitement ont également été observés un ou deux mois après la naissance de prématurés dans des pays avec plus de moyens.»

Plus récemment, une étude publiée dans la revue Pediatrics suggère que la méthode Kangourou pourrait avoir un retentissement positif jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. A partir de 1993, des scientifiques ont répartis au hasard 700 prématurés colombiens dans deux groupes (un groupe Kangourou et un groupe «contrôle», de soins classiques). Ils les ont ensuite suivis pendant 20 ans. «Les ex-bébés Kangourou, en particulier ceux des familles les plus pauvres, avaient une conduite moins agressive. Ils étaient moins impulsifs et hyperactifs», rapportent les auteurs. Les scientifiques ont également noté que les jeunes du groupe Kangourou présentaient un volume total de matière grise plus important que ceux du groupe contrôle. «Cependant, nous n’avons pas pu prendre en compte les facteurs environnementaux qui auraient pu agir sur le développement cérébral», soulignent les auteurs.

Une autre étude, israélienne cette fois, publiée en 2014, avait déjà souligné que les prématurés bénéficiant du peau à peau montraient «de meilleures capacités cognitives et de réalisation des taches complexes, telles que lire ou écrire - des domaines dans lesquels les enfants prématurés ont parfois des difficultés». Au bout de six mois, les scientifiques avaient également constaté que les mères «kangourou» étaient plus sensibles aux besoins de leur bébé et manifestaient un comportement plus maternel.

Source: sante.lefigaro.fr