Moins on dort, plus on est fatigué. or en l’espace d’une génération, les ados ont perdu pratiquement une heure de sommeil, principalement en restant les yeux rivés sur les écrans...
Si les ados sont souvent fatigués, c’est tout d’abord parce qu’ils ne dorment pas assez. «A l’adolescence, la durée minimum de sommeil doit se situer entre huit et neuf heures, et l’heure limite de coucher ne devrait pas dépasser 22 heures», précise d’emblée le médecin Jean-Pierre Giordanella dans un rapport sur le sommeil remis voici déjà dix ans au ministère de la Santé et des Solidarités. Or si l’on en croit plusieurs études récentes sur le sujet, cette règle est loin d’être respectée par tous. Dans notre pays, 30 % des 15-19 ans manquent de sommeil, selon le dernier baromètre santé des jeunes publié par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES).
Des chiffres préoccupants que confirme le réseau Morphée, consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil. D’après l’enquête que ses experts ont menée en 2014 auprès de 776 collégiens de la région parisienne, 44 % des jeunes âgés de moins de 15 ans se couchent après 22 heures en semaine, et 10 % dorment sept heures ou moins par nuit. Résultat, 30 % ont des difficultés à se lever le matin, 23 % s’endorment ou somnolent en classe et 10 % ont de gros coups de fatigue et un manque total d’énergie dans la journée.
Les nouvelles technologies pointées du doigt
Pour le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée, le constat est alarmant. Les privations de sommeil, et la fatigue qu’elles entraînent, ont en effet des répercussions immédiates sur les capacités de concentration, d’attention et de mémorisation. Mais elles agissent aussi sur l’humeur, les défenses immunitaires et le métabolisme: le manque de sommeil, s’il est régulier, peut ainsi limiter la production d’hormones de croissance, augmenter le risque d’obésité, de diabète de type 2 ou de problèmes cardiovasculaires. Malheureusement, la tendance n’est pas à l’amélioration. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), en l’espace de vingt-cinq ans, les adolescents ont perdu 50 minutes de sommeil. Comment l’expliquer?
Par l’emprise des nouvelles technologies dans nos vies, répond Sylvie Royant-Parola. Depuis une dizaine d’années, on constate en effet que le temps passé en soirée devant les écrans ne cesse d’augmenter chez les jeunes: 52,6 % des collégiens y passent plus d’une heure après le dîner, et 18,8 % plus de deux heures. La télévision a toutefois été abandonnée au profit des ordinateurs, tablettes et smartphones, dont les écrans LED diffusent une lumière qui leurre notre cerveau, en lui donnant l’impression que la nuit n’a pas commencé. De plus, les activités liées à ces outils n’ont de cesse de se diversifier: regarder un film, tchatter, écouter de la musique, surfer sur la toile, envoyer des messages… Ainsi, en pleine nuit, 15 % des ados envoient des textos, et 11 % se connectent sur les réseaux sociaux. Pis: si certains ne se connectent qu’en cas de réveil nocturne spontané, 10 % des ados programment ce réveil dès le coucher, pour pouvoir jouer ou tchatter. Les parents n’en sont pas toujours conscients. Mais c’est à eux qu’il revient de mettre des limites, quitte à employer les grands moyens: récupérer les téléphones portables au coucher, couper les connexions internet, etc.
Source: Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/pourquoi-les-adolescents-manquent-de-tonus